Rome: La Garde suisse cherche à prendre plus de poids face à la gendarmerie vaticane
Rome, 20 septembre 2005 (Apic) La Garde suisse pontificale cherche, depuis l’élection de Benoît XVI, à prendre plus de poids face à la Gendarmerie vaticane et souhaiterait étendre ses compétences dans la protection du pape. La presse italienne s’est fait l’écho, les 17 et 18 septembre derniers, de nouvelles tensions entre les corps armés chargés de protéger le pape.
La mort de Jean Paul II a relancé l’antique querelle qui règne entre la Garde suisse pontificale et la gendarmerie vaticane, les deux corps armés du Saint-Siège, consacrés à la protection du pape et de l’Etat de la Cité du Vatican. Selon le quotidien italien « Corriere della Serra », l’actuel commandant de la Garde suisse, Elmar Theodor Mäder, a rédigé une note pour « revendiquer un rôle premier par rapport à celui de (.) la gendarmerie ». Cette lettre aurait été envoyée aux autorités vaticanes durant la vacance du siège apostolique, entre la mort de Jean Paul II le 2 avril 2005 et l’élection de son successeur Benoît XVI le 19 avril suivant. Le commandant y invoquerait le rôle « cinq fois centenaire » de la garde dans « la protection de la personne sacrée du souverain pontife ».
Les gardes suisses, en majorité germanophones, ont la charge de la sécurité du palais apostolique, de la protection rapprochée du pape au Vatican, et le contrôle de certaines entrées de la Cité. Ils ont vu dans l’élection de Benoît XVI, pape allemand, la possibilité d’obtenir un rôle de premier plan, tenu pour l’instant par la gendarmerie vaticane.
Parmi les revendications de la garde, la volonté d’une présence visible et constante auprès du pape lors de ses déplacements hors du Vatican. Ainsi, si au moins deux officiers de la Garde suisse accompagnent le pape Place Saint-Pierre comme dans ses voyages hors d’Italie en tant que gardes du corps en civils, la présence de gardes en uniforme n’est pas acceptée dans ses déplacements hors de la Cité du Vatican, hormis dans les basiliques romaines. Lors du voyage de Jean Paul II à Berne en juin 2004, capitale fédérale suisse, une exception à la règle avait été faite, laissant envisager un changement.
Réformes demandées
La Garde suisse a espéré de profondes modifications avec l’élection de Benoît XVI, notamment depuis qu’il s’est fait accompagner pour son premier voyage, en mai dernier à Bari (Italie), par deux gardes en tenue de gala, à peine plus d’un mois après son élection. Mais les visites suivantes du pape, à Rome comme à Cologne en août dernier, n’ont donné lieu à aucune nouveauté.
Les Suisses aimeraient également reprendre le contrôle de certaines portes donnant sur l’extérieur de la Cité du Vatican et actuellement sous la responsabilité de la gendarmerie.
Pour parvenir à assumer ces nouvelles responsabilités qu’ils appellent de leurs voeux, leur dernier souhait est l’obtention d’un plan de formation plus ambitieux afin de retenir les nouvelles recrues, et l’augmentation des effectifs, les portant de 110 à 130, pour rejoindre le nombre des gendarmes. Outre cette limite administrative, la garde connaît aujourd’hui une baisse du nombre de candidats. Par ailleurs, le prestige de la garde a été fortement ébranlé lorsqu’en 1998, après l’affaire du vice caporal Cédric Tornay, qui aurait selon l’enquête officielle assassiné le commandant Alois Estermann et son épouse avant de se suicider. Une version contestée notamment par la famille de Cédric Tornay et les avocats de celle- ci.
La gendarmerie tient la corde
Malgré les nombreux efforts du commandant Mäder pour rendre plus attractif le service du pape, 70% des engagés quittent l’unique corps militaire après leurs deux années de contrat, sacrifiant ainsi deux années d’expérience.
La sécurité du plus petit Etat du monde est confiée pour une très large part à la gendarmerie, qui, de sources vaticanes, connaissait les faveurs de l’entourage de Jean Paul II. Le « Corriere della Serra » précise que ses moyens « en matériel et en formation » se sont « améliorés d’année en année » depuis l’attentat de mai 1981 sur la Place Saint-Pierre. Instaurée en tant que Gendarmerie pontificale par Pie VII en 1816 et réformée par Paul VI en 1970 puis Jean Paul II en 2003, la gendarmerie vaticane assure aujourd’hui « le maintien de l’ordre au sein de la Cité du Vatican et de la villa de Castel Gandolfo, la résidence d’été du pape, pour l’exécution des lois ainsi que pour une vigilance continue et répressive à l’intérieur de ce territoire ». C’est elle aussi qui a assuré la protection du pape durant ses vacances dans la vallée d’Aoste en juillet dernier, responsabilité briguée par les Suisses, en vain.
L’importance de la police italienne, le troisième « larron »
Enfin, la police italienne est pour sa part responsable de la sécurité Place Saint-Pierre, et de la coordination avec les autorités de police provinciale quand pape voyage en Italie. Pour le quotidien milanais « Corriere della Serra », elle conserve plus d’importance encore que les deux institutions vaticanes.
La présence de trois organismes chargés de la protection du pape et des intérêts du Saint-Siège pose la question de la viabilité de leur coordination. Lors de son voyage à Bari, gendarmes du Vatican, gardes suisses et policiers italiens n’avaient instauré aucune communication commune. (apic/imedia/gt/pr)
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