Vaud: L’Agence romande d’éducation chrétienne va mettre la clé sous le paillasson
Déo Negamiyimana, pour l’Apic
Lausanne, 21 septembre 2005 (Apic) L’Agence romande d’éducation chrétienne (AREC) fermera ses portes le 31 décembre 2005, 153 ans après sa création. La mesure, prise par la Conférence des Eglises romandes (CER), suscite un vif mécontentement tant au sein du personnel de l’AREC que de l’opinion protestante.
La fermeture de l’Agence romande d’éducation chrétienne, dont le siège se trouve à Lausanne, a été officiellement fixée à la fin 2005. Si la mesure s’explique par la récession budgétaire généralisée à travers tout le pays, mais cette raison n’est pas la seule. Depuis 1994, le personnel de l’AREC savait qu’un programme de restructuration était en cours dans le cadre de ce que la Conférence des Eglises romandes (CER) avait appelé le « processus de Charmey », du nom de cette station gruyérienne où ont eu lieu les premières discussions sur la fermeture.
Les employés, une dizaine dans toute la Suisse romande, n’en reviennent pas. « Face à certaines demandes, des représentants de la CER nous ont même répondu qu’ils étaient là pour décider et non pour discuter », affirme Sylvette Delessert, directrice de l’AREC. Colère d’une cheffe mise à la porte? « Non », répond la Vaudoise pour qui le processus de liquidation a été engagé avec bien peu de sentiments. « Au moins pour l’amour de l’Eglise, reconnaît-elle, je devrais être approchée pour donner ma vision des choses. Or, on règle simplement l’affaire de manière administrative, ce qui risque de compliquer la situation ».
En s’exprimant ainsi, l’actuelle directrice pense à la mise sur pied du futur Office protestant d’édition chrétienne, envisagé pour continuer la mission de l’agence condamnée, avec deux postes administratifs à mi-temps. Selon la théologienne, cette façon de résoudre le problème est carrément inefficace. « Que vont faire deux personnes engagées à 50% face à l’ampleur de la tâche? », s’interroge-t-elle. Sylvette Delessert trouve aussi que les autorités ne donnent pas assez d’informations aux pasteurs et aux fidèles qui attendent toujours que l’AREC satisfasse à leurs demandes. « Dernièrement, se rappelle-t-elle, j’ai reçu un téléphone d’un catéchiste qui voulait faire une commande de matériel didactique à retirer au mois de janvier prochain. Je ne pouvais pas lui répondre, étant donné que je ne sais pas ce qui est prévu dans l’avenir quant à l’acquisition du matériel ».
Vives critiques de l’opinion protestante
Au niveau des autorités, la tendance est de ne pas vouloir s’exprimer sur le sujet. En dehors du silence, certains reconnaissent que la fermeture de l’AREC n’est pas la meilleure solution. L’Office protestant d’édition chrétienne ne sera pas aussi solide que l’AREC. « L’Eglise a moins d’argent et doit resserrer ses budgets. Il nous faut pour cela rationaliser les ministères communs », indique tout de même Raymond Bassin, de la CER.
Les critiques sont assez vives au sein des fidèles et des pasteurs. Editorialiste du journal Le Protestant, Pierre-Philippe Blaser affirme: « En coupant les fonds de l’agence, on ne supprime pas seulement un organe qui coûte de l’argent. On détruit des occasions de se frotter à la vie, cet unique lieu de la religion ». Même sentiment d’amertume chez Jacques Lantz, pasteur de l’Eglise française à Berne: « Si l’on ne maintient pas la continuité d’un organe d’édition pour la formation catéchétique, nos paroissiens risquent de se tourner vers les programmes des évangéliques qui ont une autre ligne théologique ». DNG
Encadré:
AREC, oeuvre des réformés vaudois
Créée en 1852, l’AREC a fourni le matériel didactique destiné à l’enseignement religieux des enfants, des adolescents et des adultes. Initiée par les réformés vaudois pour aider les paroisses à donner une formation biblique de qualité, l’AREC a pris une dimension romande en 1972, suite à la création du Conseil romand d’éducation chrétienne (CREC).
L’AREC recevait depuis longtemps des subventions de la Conférence des Eglises romandes (CER) en plus de ses activités d’autofinancement par l’édition, la vente et la distribution du matériel. (apic/dng/bb)
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