Rome: Benoît XVI se rendra au collège éthiopien du Vatican le 17 octobre
Ariane Rollier, agence I.Media
Rome, 16 octobre 2005 (Apic) Benoît XVI se rendra au Collège éthiopien au Vatican, lundi 17 octobre 2005. L’archevêque catholique d’Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie, a déclaré à cette occasion à l’agence catholique I.Media que les relations de la minorité catholique avec l’Eglise orthodoxe éthiopienne sont très bonnes.
« Nous avons les mêmes droits, la même langue et sommes très proches dans notre foi et doctrine », a insisté le métropolite Berhaneyesus Demerew Souraphiel, qui participe actuellement au Synode sur l’Eucharistie. Le président de la Conférence épiscopale d’Ethiopie et d’Erythrée est aussi à Rome pour la traditionnelle visite « ad limina ». Les catholiques en Ethiopie représentent 1% de la population, tandis que les orthodoxes sont majoritaires.
Q: Qu’en est-il des relations des catholiques avec les orthodoxes et les musulmans ?
Mgr Demerew Souraphiel: Nos relations avec l’Eglise orthodoxe sont très bonnes, nous avons les mêmes droits, la même langue et sommes très proches dans notre foi et doctrine. Dans la mesure où la communauté catholique est petite, nous ne représentons une menace pour personne. Avec les musulmans, nous avons de bonnes relations et une coexistence pacifique.
Concernant nos rapports avec l’Eglise orthodoxe, nous suivons par exemple le jeûne des orthodoxes, très important pour eux. Avant la messe de l’Assomption, il y a 15 jours de jeûne. Nos messes sont toujours le matin après le jeûne, pas après les repas. En revanche, pour l’intercommunion, nous devons d’abord avoir un accord commun, et cela se passe au niveau du Saint-Siège.
Q: Vous avez dénoncé durant le synode le manque de liberté religieuse pour les chrétiens éthiopiens dans certains pays musulmans.
Mgr Demerew Souraphiel: Ce que j’ai dénoncé est le traitement de nos chrétiens allant dans les pays musulmans. Ils y vont souvent comme domestiques. Ils doivent alors changer leur nom chrétien, s’habiller comme des musulmans, et dans certains lieux, les gens leur prennent leur passeport, les font travailler, les exploitent et abusent d’eux. Parfois, comme il n’y a pas d’autre possibilité, ils deviennent musulmans même s’ils veulent rester chrétiens.
J’ai donc dit que de même que les musulmans disposent de la liberté religieuse en Ethiopie ou dans d’autres pays du monde, il faudrait qu’on garantisse la liberté religieuse à nos chrétiens dans les pays musulmans. Dans certains pays ils l’ont, mais pas dans la plupart des cas.
Q: Quelle proportion d’Ethiopiens quitte le pays chaque année ?
Mgr Demerew Souraphiel: Juste pour vous donner un exemple, uniquement à Beyrouth, nous avons plus de 20’000 Ethiopiens. En Arabie Saoudite, nous ne savons pas parce que nous ne pouvons pas les suivre. Beaucoup partent à cause de la pauvreté en Ethiopie. Ils aimeraient rester et changer leur situation, mais la difficulté en Ethiopie est la pauvreté. Ils partent donc pour trouver un travail et pour gagner de l’argent pour eux et pour leur famille. Ils voudraient aller en Europe ou en Amérique, mais les portes leur sont fermées.
Beaucoup de pays européens ont accepté autrefois des musulmans et refusent maintenant des chrétiens. Beaucoup meurent dans le désert du Sahara et dans la mer Méditerranée…
Q: Qu’en est-il de la situation politique avec l’Erythrée, alors que la guerre est finie ?
Mgr Demerew Souraphiel: Nous voulons essayer de faire la paix. Mais je dis souvent que les autres font les guerres, détruisent et tuent, et demandent à la fin aux chefs religieux de faire la paix. Nous voulions éviter la guerre mais cela n’a pas été possible et beaucoup de gens sont morts. Nous essayons toujours de travailler pour la paix entre les deux pays, parce qu’il y a une tension sur un conflit de frontière irrésolu. Nous voulons encourager les deux gouvernements à faire la paix, mais cela est très difficile.
Q: Avez-vous durant le synode parlé à ce sujet de la communion des fidèles comme une manifestation de leur recherche de la paix ou un encouragement à cette fin ?
Mgr Demerew Souraphiel: Oui, les fidèles, les personnes ordinaires d’Ethiopie et d’Erythrée, n’ont pas de problèmes. Quand ils vont à la messe en Erythrée ou en Ethiopie, les fidèles prient pour l’unité, pour le respect des uns des autres, ils ont le souci de l’autre peuple. Il s’agit plus d’un problème politique que d’un problème religieux.
Le pape nous a encouragés à poursuivre notre travail dans le domaine éducatif, à travailler pour le dialogue oecuménique, pour l’unité des Eglises chrétiennes, parce que son désir est que les chrétiens du monde entier soient unis. Il a encouragé notre dialogue avec les musulmans et ils nous a engagés à oeuvrer pour la paix. Je l’ai aussi invité en Ethiopie et en Erythrée. Aucun pape n’a visité ces pays parce que nous avons toujours eu la guerre, la famine et la sécheresse dans ces lieux. Le pape serait content de nous rendre visite, mais il verra si cela est possible.
Encadré
Visite de Benoît XVI au Collège éthiopien lundi 17 octobre
Le pape se rend ce lundi au Collège éthiopien de Rome pour le 75e anniversaire de sa fondation, dans les jardins du Vatican. Ce Collège a été construit en 1930 par le pape Pie XI. Mais c’est son prédécesseur Benoît XV qui l’a fondé. Car près de la basilique St-Pierre, il y a une église, Santo Stefano degli Abissini, où les Ethiopiens vinrent pendant presque pendant 500 ans. Ils avaient l’habitude d’aller à Alexandrie et Jérusalem, puis de venir pour prier au Vatican, avant de repartir pour leur pays.
Benoît XV a fondé le collège éthiopien, la Congrégation pour les Eglises orientales et l’Institut oriental à Rome. « Nous avons donc dit au pape, vous êtes ’Benoît XVI’, donc venez et voyez ce qu’a fait votre prédécesseur. Il a aimé cette idée », témoigne le métropolite Berhaneyesus Demerew Souraphiel. Le pape s’adressera ensuite aux 16 évêques éthiopiens et érythréens en visite « ad limina » à Rome depuis le 9 octobre. Rappelons que l’Eglise catholique a créé une université catholique à Addis Abeba et signé un accord entre le gouvernement éthiopien, le Saint-Siège et l’Eglise locale. (apic/imedia/ar/be)
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