Message du pape au président du sénat italien
Rome, 17 octobre 2005 (Apic) Une « saine laïcité » de l’Etat, laissant sa place au sens religieux et permettant à tout citoyen de vivre librement aussi sa foi dans un environnement public, est « légitime et profitable », estime Benoît XVI.
Dans un message adressé à Marcello Pera, président du sénat italien, qui en a fait la lecture aux participants au séminaire « Liberté et laïcité », le 16 octobre 2005, le pape a encouragé la réflexion des participants au congrès organisé à Nursie, en Italie, par les Fondations ’Magna Carta’ (Charte fondamentale) et ’pour la subsidiarité’. Ses propos ont été publiés par le quotidien italien Avvenire le 16 octobre.
Les droits fondamentaux de l’homme, valeurs préalables à toute juridiction étatique
Saluant les participants à cette rencontre nécessaire sur un sujet qualifié de « si grande importance », Benoît XVI a souhaité que la réflexion autour du thème « Liberté et laïcité » se fasse en tenant compte de la dignité de l’homme et de ses droits fondamentaux. Ceux-ci représentent en effet, selon le pape, « des valeurs préalables à toute juridiction étatique ».
« Ces droits fondamentaux ne doivent pas être créés par le législateur mais sont inscrits dans la nature même de la personne humaine, et peuvent être en conséquence finalement renvoyés au Créateur », a-t-il expliqué. Une saine laïcité de l’Etat, a estimé le pape, en vertu de laquelle les réalités temporelles sont gouvernées selon leurs propres normes, auxquelles appartiennent aussi les instances éthiques qui trouvent leur fondement dans l’essence même de l’homme, semble « légitime et profitable ».
Le « sens religieux », dimension fondamentale de l’âme humaine
Parmi ces instances, le « sens religieux », dans lequel s’exprime l’ouverture de l’être humain à la transcendance, est sûrement de première importance, a précisé le souverain pontife. Et d’expliquer qu’un Etat sainement laïc devra aussi logiquement reconnaître un espace dans sa législation à cette dimension fondamentale de l’âme humaine.
Il s’agit en réalité, pour Benoît XVI, d’une « laïcité positive », qui garantit à chaque citoyen le droit de vivre sa propre foi religieuse avec une liberté authentique, également dans un environnement public. Et le pape d’estimer que pour un renouveau spirituel et culturel de l’Italie et du continent européen, il s’agira de travailler afin que la laïcité ne soit pas interprétée comme hostilité à la religion, mais au contraire, comme l’engagement à garantir à tous, individus et groupes, dans le respect des exigences du bien commun, la possibilité de vivre et de manifester ses propres convictions religieuses.
La rencontre ’Liberté et laïcité, droit naturel et loi de l’Etat, César et Dieu » était présidée par Marcello Pera, responsable de la fondation « Magna Carta », dans la ville de saint Benoît, en Ombrie. Dans une lettre de remerciement au pape, le président du sénat italien a qualifié le message de Benoît XVI de « point de référence et d’agenda social et politique ».
Il a manifesté son adhésion aux propos du pape, encourageant les catholiques à s’exprimer publiquement. Marcello Pera et à l’époque le cardinal Joseph Ratzinger avaient publié, courant 2004, un ouvrage commun intitulé « Sans racines », qui prenait la forme d’un échange de courriers proposant des réflexions sur l’Europe. (apic/imedia/ar/be)
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