Rome: Une religieuse et sept prêtres tués lors la guerre civile espagnole béatifiés samedi
Rome, 25 octobre 2005 (Apic) Une religieuse et sept prêtre espagnols exécutés par les milices républicaines durant la guerre civile espagnole (1936-1939) seront béatifiés le 29 octobre 2005, à 17h. Ces béatifications suscitent la controverse en Espagne, et notamment des mouvements antifranquistes, qui déplorent ces béatifications.
Le cardinal José Saraiva Martins, préfet de la Congrégation pour la cause des saints présidera la messe de béatification de soeur Maria de los Angeles Ginard Marti, Josep Tapies i Sirvant et ses six compagnons, dans la basilique Saint-Pierre au Vatican. Soeur Maria de los Angeles Ginard Marti est née le 3 avril 1894 à Majorque (Espagne). Dès l’âge de 20 ans, elle voulu rentrer dans les ordres. Ce n’est que 7 ans plus tard qu’elle devient religieuse professe dans la congrégation des soeurs zélatrices du culte eucharistique, et fut envoyée à Madrid. Elle était particulièrement attirée par l’importance de l’adoration eucharistique qui caractérisait cet ordre. Lors de la persécution religieuse de la guerre civile espagnole, elle se dénonça pour sauver une femme chez qui elle s’était réfugiée en habit civil pour échapper au sac de son couvent. Elle fut fusillée le 26 août 1936 par les milices républicaines et son martyre a été reconnu le 19 avril 2004.
Nombreux martyrs de la guerre civile espagnole.béatifiés
Josep Tapies i Sirvant et ses six compagnons, prêtres du diocèse d’Urgel (Espagne), furent arrêtés à l’issue d’une rafle organisée par un comité révolutionnaire républicain. Ils furent fusillés le 13 août 1936 à La Pobla (Catalogne), après interrogatoire durant lequel ils refusèrent de renier leur état sacerdotal. Le procès diocésain, débuté en 1946, ne prenait à l’origine en compte que le cas du père Tapies i Sirvant né le 15 mars 1869. Il a été élargi à ses six confrères en 1992. Leur béatification, prévue originellement le 25 mai 2005, a été reportée du fait de la mort de Jean Paul II.
Le plus âgé des 6 compagnons de Josep Tapies est le père Francesco Castells Brenuy. Né le 31 juillet 1866 de parents inconnus, il fut adopté par le couple Castells-Brenuy. Torturé puis libéré, il fut finalement arrêté avant d’être conduit sur le lieu de l’exécution avec les autres prêtres. Il avait 70 ans.
Joan Perot Juanmartí est né en France le 30 mars 1877. Il était encore très jeune quand sa famille s’installa à Urgel, dont il intégra le séminaire. Il fut tué à l’âge de 59 ans, alors qu’il exerçait la charge de curé de paroisse.
Josep Boher Foix est né le 2 novembre 1887 et entre également au séminaire d’Urgel. Il fut tué à 49 ans, après avoir exercé plusieurs ministères en paroisse.
Né le 17 mai 1899, Pasqual Araguas Guardia est issu d’une famille pauvre et pieuse. C’est à 13 ans qu’il entra au séminaire d’Urgel avant d’être ordonné en 1923. Il fut arrêté et fusillé à 37 ans, après s’être réfugié chez une de ses soeurs.
Quant au Père Martret Moles, il est né le 5 juillet 1901, est entré au séminaire d’Urgel à 11 ans et devint prêtre à 24 ans. Nommé économe de sa paroisse, il fut arrêté en compagnie de son vicaire Silvestro Arnau Pasquet, avant d’être tenu au secret jusqu’à son exécution, à l’âge de 35 ans.
Enfin, son vicaire, Silvestro Arnau Pasquet, le plus jeune d’entre eux, avait 25 ans lorsqu’il fut assassiné par les milices républicaines. Né le 30 juin 1911, il intégra le séminaire à 12 ans et fut ordonné à 24 ans. Envoyé à l’université pontificale de la Grégorienne, à Rome, il y décrocha une licence de théologie.
Soeur Maria de los Angeles Ginard Marti, Josep Tapies i Sirvant et ses six compagnons, furent martyrisés durant la guerre civile espagnole (1936- 1939) qui mit aux prises les républicains du Front populaire aidés par les brigades internationales venus de 50 pays, et les nationalistes du général Franco aidés par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Cette guerre a fait près de 600’000 morts. Parmi eux, l’Eglise espagnole compte près de 7’000 prêtres, religieux et religieuses, dont 12 évêques victimes de la persécution anti-religieuse menée par les milices républicaines. L’Eglise a béatifié de nombreux martyrs de la guerre civile espagnole. La dernière béatification de 65 martyrs espagnols, par Jean Paul II, remonte au 22 juin 2004.
L’Eglise béatifie « sans demander pardon », selon les antifranquistes
Les antifranquistes espagnols ont réagi à l’annonce de ces prochaines béatifications, regrettant que l’Eglise catholique, qui s’apprête à béatifier des religieux espagnols tués par des anarchistes en 1936, continue de « béatifier ses martyrs » sans « demander pardon pour sa participation dans la guerre civile » espagnole.
Selon Santiago Macias, cité par l’Agence France presse, « il est lamentable que l’Eglise continue de béatifier ses martyrs tout en permettant que sur les façades des églises d’Espagne demeurent des souvenirs du régime franquiste ». Santiago Macias est vice-président de l’association de Récupération de la Mémoire historique (ARMH), la principale association pour la réhabilitation des républicains espagnols tués par les franquistes.
Selon lui, la hiérarchie de l’Eglise espagnole n’a pas entamé de réflexion sur son rôle dans la guerre civile, et « sait bien que le mouvement de récupération de la mémoire historique va lui demander des explications, et au lieu de le reconnaître, elle ressort ses martyrs ». Et d’assurer: « Nous lui avons demandé en vain qu’elle demande pardon pour sa participation à la guerre civile et au régime » du dictateur Francisco Franco (1936-1975).
Son association organise depuis quatre ans des fouilles permettant de donner une sépulture, souvent religieuse à la demande des familles, aux fusillés de la guerre civile et du régime franquiste qui ont été enterrés dans des fosses communes. PR
Encadré
Nombreuses autres béatifications à venir
Les prochaines semaines, de nombreuses béatifications seront célébrées, dont plusieurs hors de Rome selon les désirs de Benoît XVI. Le 6 novembre, à Vicenza (Italie), sera béatifiée Eurosia Fabris, mère de famille italienne du tiers-ordre franciscain, décédée en 1932.
Le 13 novembre, en la Basilique vaticane, seront béatifiés Charles de Foucauld, prêtre français mort en 1916, Maria Pia Mastena, fondatrice italienne des Soeurs de la Sainte-Face morte en 1951, et Maria Crocifissa Curcio, fondatrice des Carmélites missionnaires de Sainte Thérèse de l’Enfant- Jésus, morte en 1957.
Le 20 novembre, à Guadalajara (Mexique), seront béatifiés : les martyrs mexicains José Trinidad Rangel, prêtre, Andrés Solá Molist, prêtre missionnaire du Coeur-Immaculé de Marie, et Leonardo Pérez, laïc, morts en 1927, ainsi que Darío Acosta Zurita, prêtre diocésain, mort en 1931, Anacleto González Flores et ses sept compagnons martyrs, et José Sánchez del Río, laïcs, tous disparus entre 1927 et 1928.
Avec la béatification des martyrs espagnols, ce 29 octobre 2005, on compte 14 nouveaux bienheureux déclarés depuis l’élection de Benoît XVI. Ce dernier a célébré, le 23 octobre au Vatican, les cinq premières canonisations de son pontificat. (apic/gt/ag/arch/pr)
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