Fribourg: Pour Mario Botta, l’architecture est «toujours sacrée»

Le créateur ne cherche pas l’avenir, mais le grand passé

Fribourg, 28 octobre 2005 (Apic) Le Tessinois de renommée mondiale Mario Botta a donné une conférence vendredi à Fribourg sur la dimension sacrée de l’architecture. Plus de 200 personnes – étudiants, hommes d’Eglise, architectes, ainsi que de nombreux autres auditeurs – ont découvert la large palette des oeuvres de l’artiste tessinois.

« Mon principal point d’attention au début d’une réalisation, c’est le site. Il a déjà les solutions. Il suffit de l’interroger sur sa mémoire, son vécu, puis d’ajouter les besoins actuels. Car le créateur ne cherche pas l’avenir, mais le grand passé ». Cette affirmation, prononcée en fin de conférence par le génial architecte suisse, marque en fait toute la conception de ses réalisations. Il est vrai que les travaux d’architecture sacrée de la fin du 20e siècle et de ce début de 21e siècle passent souvent par la restauration et la restructuration de lieux d’Eglise qui ont déjà leur histoire, leur message, leur héritage spirituel. Pour Mario Botta, l’architecte intervient alors comme dernière étape du processus de construction.

Exemples à l’appui, le conférencier a présenté au nombreux public présent à l’Ecole d’ingénieurs et d’architectes une très large palette de ses oeuvres, qui conjuguent sans distinction les dimensions profane et sacrée. Que ce soit pour des bibliothèques, musées, théâtres, centres de rencontre, chapelles, églises ou même une cathédrale, à Evry dans la banlieue parisienne, « l’architecture est toujours sacrée », a précisé d’entrée le conférencier. « Elle mène l’esprit de l’homme dans une dimension sacrée ». Prenant l’exemple du théâtre de la Scala à Milan, dont il a été chargé de la restauration, Mario Botta a voulu conserver l’ancien, ôter le superflu (4 ou 5 étages se superposaient sur la plate-forme et des antennes paraboliques étaient apparues) et donner un cachet particulier à travers les nouveautés. « Cette construction a légitimé l’architecture moderne et a entamé un processus qui va marquer les villes européennes », a souligné l’artiste tessinois.

Travailler sur le territoire de la mémoire

A chaque fois, que ce soit pour le Centre Dürenmatt à Neuchâtel, la bibliothèque de Bergamo, ou encore pour une cave à vins à Suvereto, une synagogue à Tel Aviv ou la petite chapelle d’un cimetière de montagne, l’architecte suisse « interroge l’histoire pour repérer des indications sur le passé ». « C’est une caractéristique en Europe: en plus de la géographie des lieux, nous devons travailler sur le territoire de la mémoire », souligne Mario Botta.

Pour lui, l’architecture religieuse n’est de loin pas la plus aisée. « Dans l’Eglise, chacun a un autre son de cloche. Nous assistons à de nombreuses bagarres idéologiques. Au 20e siècle, il n’y avait pas vraiment d’idées claires au niveau de l’architecture sacrée. Certaines réalisations sont vraiment horribles, car chacun voulait essayer des nouveautés, sans aucune cohérence ». Car, selon Mario Botta, « faire une église après Picasso n’était vraiment pas facile ». L’artiste espagnol et les autres représentants de l’avant-gardisme du 20e siècle ont bouleversé les critères esthétiques. « Il est vrai qu’on ne peut pas faire aujourd’hui une église comme autrefois. Mais le vrai client de l’architecte reste l’histoire », a relevé le conférencier.

La société contemporaine, marquée par une forte sécularisation, est- elle encore « cliente » d’architecture religieuse? « Il y a actuellement une forte demande d’espaces de l’infini, qui s’expriment de très différentes façons, et à laquelle il faut donner forme », relève Mario Botta. Ajoutant: « Vous savez, je n’ai jamais choisi mes réalisations. J’ai simplement répondu à des gens qui m’ont poussé ». BB

Encadré:

Collaboration avec Le Corbusier

Né le 1er avril 1943 à Mendrisio, au Tessin, Mario Botta a fait son apprentissage à Lugano chez les architectes Carloni et Camenisch. Après des études à Milan et à Venise, il a travaillé sous la direction de Carlo Scarpa et Giuseppe Mazzariol. Il travaille durant cette période avec Le Corbusier et Louis I. Kahn. En 1969, il ouvre sa propre agence à Lugano. Son activité professionnelle et de recherches vont se traduire par de nombreuses réalisations à travers le monde.

Mario Botta est engagé depuis 1996 en tant que créateur et professeur dans la réalisation du programme d’études de la nouvelle Académie d’architecture de Mendrisio, au Tessin. Depuis octobre 2002, il est directeur de l’école d’architecture pour l’année académique 2002-2003.

Encadré:

Oeuvres de Botta, de San Francisco à Milan, en passant par Fribourg

Parmi ses réalisations les plus célèbres, figurent notamment:

– Galerie d’art Watari-um, Tokyo, 1985-1990

– Chapelle Sainte-Marie-des-Anges, Mont Tamaro, Tessin, 1990-1996

– Cathédrale de la Résurrection, Evry, France, 1988-1995

– Musée d’art moderne, San Francisco, 1989-1995

– Musée Jean Tinguely, Bâle, 1993-1996

– Synagogue et centre culturel juif Cymbalista, Tel Aviv, 1996-1998

– Centre Dürrenmatt, Neuchâtel, 1992/1997-2000

– Musée d’art moderne et contemporain et centre culturel, Rovereto, Trente, 1988/1993-2002

– Musée de la Fondation Martin Bodmer, Cologny, Genève, 1998/2000-2003

– Restauration du théâtre de la Scala, Milan 2002-2004

A Fribourg, Mario Botta a été l’architecte du bâtiment principal de la Banque cantonale, près de la gare, et de l’Espace Jean Tinguely – Niki de Saint Phalle, dans le quartier du Bourg.

Rome: Benoît XVI reçoit le nouveau représentant de la Russie auprès du Saint-Siège

Une visite qui coïncide avec celle de Mgr Lajolo à Moscou

Rome, 28 octobre 2005 (Apic) Le pape Benoît XVI a reçu vendredi en audience Nikolay Sadchikov, le nouveau représentant de la Fédération de Russie auprès du Saint-Siège.

Cette visite coïncide avec celle de Mgr Giovanni Lajolo, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats, reçu en audience à Moscou par le ministre des Affaires étrangères russe, Serghei Lavrov.

Nikolay Sadchikov a le titre d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire près le Saint-Siège. Cependant, le Vatican et Moscou n’ayant pas de relations diplomatiques pleines et entières, l’ambassadeur a rang de représentant et ne présente pas de lettres de créance au pape. Ainsi, le Vatican n’a-t-il donné aucune indication sur l’audience que Benoît XVI a accordée à Nikolay Sadchikov.

Né en 1946, Nikolaya été de 2001 à 2005 ambassadeur de la Fédération de Russie en Suède.

A propos de la visite de Mgr Lajolo à Lavrov

En revanche, la rencontre entre Mgr Lajolo et son homologue russe a donné lieu à un communiqué final émis par le ministère russe des Affaires étrangères. Les deux hommes ont abordé différents problèmes internationaux, dont la réforme de l’Onu et « les perspectives de coopération russo- vaticanes dans le cadre de l’Osce et d’autres institutions européennes », la situation dans les Balkans, en Irak et au Proche-Orient.

Le chef de la diplomatie du Kremlin et Mgr Lajolo se sont déclarés d’accord sur la nécessité de défendre les peuples contre « différentes manifestations de l’extrémisme et de l’intolérance religieuse » et de « résoudre les conflits seulement par des moyens pacifiques et par la négociation, en renforçant les mécanismes internationaux de coopération ».

Quant aux relations bilatérales, le communiqué ne fait aucune allusion à la régularisation des relations diplomatiques. Les deux ministres des Affaires étrangères se sont contentés de déclarer vouloir « réaliser les accords acquis au cours des contacts précédents entre la Russie et le Vatican ». Il s’agit en particulier du développement des échanges culturels.

La rencontre a « confirmé le caractère amical des relations bilatérales qui existent entre la Fédération de Russie et le Vatican » et « l’intention réciproque de les développer ultérieurement ».

Dans l’après-midi du 28 octobre, Mgr Lajolo a rencontré le métropolite Kirill, président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou. Mgr Lajolo est arrivé le 26 octobre dans la capitale russe. Il quittera Moscou le 30 octobre. (apic/imedia/hy/pr)

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