Fortes pressions de leur communauté d’origine

Italie: Les musulmans italiens convertis au christianisme se sentent menacés

Traduction Valérie Bory, Apic

Milan, 8 novembre 2005 (Apic) Les auteurs d’un livre à paraître sur les convertis musulmans au christianisme appellent la communauté catholique à aider ces néo chrétiens à sortir de leur isolement. D’autant qu’ils ont dû affronter au sein de leur milieu d’origine critiques, pressions et menaces de mort. Le quotidien milanais L’Avvenire consacre un article à ce thème dans son édition du 8 novembre.

Le journal de la Conférence épiscopale italienne, L’Avvenire, édité à Milan, présente dans son édition de mardi 8 novembre le livre de deux journalistes italiens qui ont enquêté sur les musulmans convertis au christianisme en Italie. Isolés et même menacés de mort, ils demandent l’aide des chrétiens et de l’Etat au nom des droits de l’Homme.

Dans le livre Histoires de musulmans convertis, écrit par les journalistes Giorgio Paolucci et Camille Eid (Ed. Piemmne), les auteurs ont mené l’enquête sur un thème ignoré: la conversion d’immigrés musulmans en Italie, qui choisissent les Evangiles et demandent le baptême. Si les cas d’Italiens convertis à l’islam ne sont pas rares, dans l’autre sens, les conversions posent problème, affirme le quotidien.

Les néo convertis au christianisme se cachent, parce qu’ils risquent beaucoup, et même de perdre la vie. « L’islam a une seule porte, celle de l’entrée », répètent les témoins interrogés. Les auteurs rapportent le cas récent d’une jeune fille pakistanaise en Grande Bretagne qui, découverte par ses parents avec les Evangiles dans sa chambre, a été expédiée « en vacances » dans son pays d’origine. Et là elle s’est mystérieusement noyée dans un fleuve.

Certes, reconnaissent les auteurs, tous les cas ne sont pas si dramatiques, mais pour les néo convertis, le salut ne va de pair qu’avec une rupture drastique avec leur milieu d’origine. Ainsi l’Algérien Antonio, converti en écoutant Radio Maria, raconte le long chemin pour se faire accepter à nouveau par sa mère et ses frères. Le Turc Antuan, aujourd’hui aspirant jésuite, s’est fait menacer de mort par son père s’il persévérait dans son projet. Réfugié en Italie, il a continué à recevoir des menaces téléphoniques et a dû mener une bataille légale pour faire changer sur ses documents l’indication de la religion d’origine.

Pas de « punition » islamique pour l’apostat, pourtant

Les cas se succèdent, comme celui de ces jeunes maghrébines, de parents binationaux installés en Italie, qui vont à l’église dans des quartiers loin de chez elles pour ne pas attirer l’attention.

Et pourtant, relèvent les auteurs de l’enquête journalistique, qui citent le jésuite Samir Khalil Samir, une autorité, précisent-ils, en islamologie, rien n’autorise de telles pressions. Pour lui, ni le Coran ni les paroles du Prophète n’imposent une punition pour l’apostat, et encore moins la peine capitale. « Mahomet lui-même n’a jamais tué aucun apostat, mais est même intervenu à deux reprises pour en sauver. Il n’en reste pas moins que parmi les musulmans, de nombreuses voix s’élèvent pour débattre de l’illégitimité de changer de religion. Dans beaucoup de pays islamiques on conditionne toujours la reconnaissance des droits de l’Homme à la charia, la loi islamique. L’Avvenire cite la Déclaration universelle des Droits de l’homme qui, par exemple, dans sa version arabe, fait de l’article 14 (à propos de la liberté de changer de religion) un « droit à inviter à entrer dans l’islam » et limite la liberté de croyance par une référence directe à la Loi islamique.

C’est ainsi que les deux auteurs vont jusqu’à parler du « temps des catacombes » pour les nouveaux convertis musulmans à une religion chrétienne. Il existe des centaines de ces convertis venus de l’islam en Italie et ceux-ci demandent que des interventions en leur faveur soient faites auprès des communautés islamiques dans leur pays d’accueil. Elles demandent le respect des droits face à une justice privée au nom de l’islam.

Bref beaucoup d’entre eux se sentent en danger. Les convertis demandent aux catholiques italiens qu’ils aident leurs pairs venus de l’islam à faire pleinement partie de la communauté chrétienne. « Nous nous sentons abandonnés devant les menaces que nous subissons », disent-ils. Après la conversion, nous n’avons personne qui nous soutienne. Tandis que le chrétien qui devient musulman peut tranquillement afficher sa foi, nous vivons dans la peur. Nous demandons à l’Eglise et à l’Etat italien de nous protéger »! VB

Charte arabe des droits de l’Homme

La Charte arabe des droits de l’Homme comporte 43 articles divisés en 4 chapitres. La Déclaration des droits de l’homme dans l’islam comporte 25 articles brièvement rédigés et qui ne font aucune référence directe au coran ou à la sunna, bien que le vocabulaire y soit souvent coranique. L’article 1 insiste sur l’égalité et l’article 3 rappelle quels sont les droits à respecter en cas de guerre. Traitant de l’instruction, l’article 9 invite l’Etat à prendre les mesure nécessaire pour faire connaître « la religion musulmane », pour organiser l’éducation religieuse et profane de la jeunesse afin que  » la foi soit ainsi rendue forte  » et qu’à tous soit facilité l’accès au savoir et à la culture. L’article 10 affirme que « l’Islam est la religion naturelle de l’être humain » et que rien ne saurait justifier un « changement de religion ». VB

(apic/avvenire/vb)

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