Espagne: Quand la polémique autour d’une radio catholique espagnole prend de l’ampleur
Madrid, 20 décembre 2005 (Apic) A en croire de nombreux médias, tant espagnols qu’étrangers, la chaîne de radio catholique COPE, patronnée par la Conférence épiscopale espagnole, « déraille ». Du moins son programme, « La Manana », dirigé par Federico Jiménez Losantos, qui n’hésite pas à utiliser l’insulte voire un langage de haine. Visés en premier lieu: le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero et les nationalistes catalans et basques.
Des communautés catholiques populaires et le Comité Oscar Romero de Madrid se sont plaints également des attaques de Federico Jiménez Losantos contre les immigrés en Espagne tout en s’étonnant du silence de la Conférence épiscopales face à certains programmes de la chaîne COPE (Cadenas de ondas populares). La radio apparaît aux yeux de certains comme l’expression « néofranquiste » d’une Espagne centraliste et anticatalane.
Des pétitions pour demander que l’on corrige ce programme circulent sur internet. Les cibles du journaliste visés sont avant tout les musulmans, les homosexuels, les partisans de l’avortement, les chrétiens de gauche, les séparatistes catalans. Jiménez Losantos vomit le gouvernement Zapatero, « le plus radical depuis les années 30 (…) qui s’est allié avec toute la poubelle totalitaire dans le monde, Chavez, Castro et les Mohammed ». ¨
Sans parler de Zapatero lui-même, « Zapatero Ier le liberticide, le chef des chemises noires » catalanes comparé à « un véritable Hitler », décrié comme « premier ennemi de l’Espagne ».
Des évêques s’inquiètent des dérives de la COPE
Signis, l’Association catholique mondiale pour la communication, s’en est même fait l’écho. Au sein de l’épiscopat espagnol, des voix commencent également à s’élever contre le ton polémique et insultant utilisé par Jiménez Losantos, 54 ans, qualifié par ses adversaires de « taliban des ondes ».
L’évêque catalan Agusti Cortes, évêque de Sant Feliu de Llobregat (Barcelone), a ainsi demandé diplomatiquement à la Conférence épiscopale espagnole qu’elle « corrige » le journaliste de la COPE Jiménez Losantos, afin qu’il « abandonne immédiatement » son « langage non approprié ».
La hiérarchie catholique, propriétaire et actionnaire majoritaire, ne semble pour le moment pas bouger. « Nous ne faisons pas de déclarations sur la COPE », a-t-on répondu aux journalistes. Malgré les interventions publiques de prélats comme Mgr Lluis Martínez Sistach, archevêque de Barcelone, ou de Joaquim Fortuny, économe de l’archevêché de Tarragone, pas du tout contents de la ligne éditoriale de certains programmes de la COPE.
Un grave discrédit à l’Eglise
Les évêques catalans estiment que la campagne « anticatalane » de la radio cause « un grave discrédit » à l’Eglise. Mais les évêques catalans ne sont « en rien optimistes » concernant la possibilité que la COPE, bien que propriété de la Conférence épiscopale espagnole, se modère un peu.
Bénie par la droite espagnole pour ses attaques constantes contre le gouvernement socialiste espagnol et ses alliés catalans, qu’ils soient socialistes ou indépendantistes, la radio a gagné de nombreux auditeurs et l’émission contestée de Federico Jiménez Losantos se situe désormais au deuxième rang des plus écoutées d’Espagne. (apic/signis/com/be)
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