Paris: Les journalistes de l’information religieuse ont rencontré Mgr André Vingt-Trois
Jean-Claude Noyé, correspondant de l’Apic à Paris
Paris, 20 juin 2006 (Apic) L’archevêque de Paris a précisé qu’il a trouvé lors de son retour dans la capitale un diocèse dynamique, en bonne santé pastorale et financière. Il a pris la défense de KTO, arguant qu’il fallait encore du temps pour que cette chaîne TV trouve son équilibre financier. Mgr Vingt-Trois soutient pleinement la volonté du pape de faire de l’oecuménisme une priorité. A condition toutefois de privilégier un dialogue à trois, qui inclue catholiques, orthodoxes et protestants.
Une population parisienne qui a changé pendant les six ans de son d’épiscopat à Tours, avec un pourcentage plus élevé d’étrangers et sa conséquence: une Eglise davantage pluriethnique. Mais aussi des communautés chrétiennes qui savent se mobiliser, comme pour l’opération Paris Toussaint en 2004. C’est l’un des constats majeurs que fait Mgr Vingt-trois depuis son retour dans la capitale, au poste d’archevêque. Il se félicite d’avoir trouver un diocèse en bonne santé financière et apostolique. Situation saine qu’il attribue à 25 ans de gestion du cardinal Lustiger.
Longuement questionné sur l’avenir de KTO, lourdement endetté (plus de 20 millions d’euros de pertes cumulées), il s’en est fait le défenseur. Le prélat observe que si la genèse de cette chaîne de télévision a été parisienne (ndlr : elle a été créée à la seule initiative du cardinal Lustiger), l’intérêt qu’elle suscite dépasse largement les frontières de l’Ile-de-France. Pour preuve, souligne-t-il, 75% de ses donateurs habitent en province. KTO connaît certes des difficultés structurelles de finance, mais il faut encore lui laisser le temps de parvenir à l’équilibre, plaide l’archevêque de Paris. Et de rappeler qu’en 2004, soixante diocèses ont apporté une contribution financière exceptionnelle d’un million d’euros. Les évêques à la tête de ces diocèses ont même créé pour la circonstance une association de soutien à KTO, étant convaincus qu’il y a place pour une chaîne catholique privée diffusant ses émissions chaque jour à des fins apostoliques, à la différence des émissions religieuses du service public programmées seulement le dimanche. Mgr Vingt-Trois s’est dit confiant dans la possibilité de convaincre les animateurs de l’émission le Jour du Seigneur, sur France 2, de soutenir KTO.
Le dynamisme de Paris: un privilège et une responsabilité
Mgr Vingt-Trois n’est-il pas un privilégié, puisque son diocèse ne manque pas de prêtres et que les communautés paroissiales y sont plus nombreuses et dynamiques qu’ailleurs en France? L’archevêque de Paris n’en disconvient pas mais précise derechef que ce privilège est aussi une responsabilité: travailler pour ce que ce dynamisme-là irrigue le tissu catholique français. Et d’estimer que la grâce de ce temps, c’est que les chrétiens soient acculés à restructurer la vie d’Eglise et invités à être présents sur les points décisifs de la société. Justement, quels sont les champs prioritaires? Mgr Vingt-Trois en nomme quatre. Un: l’éthique et la défense d’une certaine idée de l’homme, fortement menacée. Deux: défendre la famille car son affaiblissement aura des conséquences dramatiques. Trois: aider la jeunesse à trouver sa place dans une société obsédée par l’âge et le montant des retraites. Quatre: le champ social.
Benoît XVI a annoncé qu’il ferait de l’oecuménisme son chantier prioritaire. Mgr Vingt-Trois approuve-t-il cette priorité ? « Bien sûr », répond-il avant de rappeler qu’au cours de ces vingt dernières années, on avait fait le plus facile sur le chemin de l’unité des chrétiens et que plus on avançait, plus c’était difficile d’aller non pas vers un consensus social, déjà acquis, mais vers une communion sur le fond. Face à l’instrumentalisation politique de la division des chrétiens, l’archevêque estime qu’il faut poursuivre le difficile travail de purification de la mémoire réclamé par Jean Paul II. Et fait valoir que seul un oecuménisme tripartite (Eglise catholique/ Eglises orthodoxes/ Eglises issues de la Réforme) peut faire avancer les choses.
Comment le premier prélat de la capitale juge-t-il le bilan de Benoît XVI? Il est « encourageant dans le sens où le pape continue de réfléchir et parce qu’il a su trouver son propre style ». Et Mgr Vingt-Trois de conclure avec ce commentaire: « Le chanteur a changé mais contrairement à ce qu’on avait dit, la chanson est toujours aussi appréciée. La preuve: les pèlerins sont toujours aussi nombreux à Rome ». (apic/jcn/bb)
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