Condamnation unanime en Turquie et dans le monde
Trabzon/Trébizonde, 6 février 2006 (Apic) C’est aux cris d’ »Allah ou Akbar » – Dieu est le plus grand – qu’un jeune homme a abattu dimanche un prêtre italien dans la ville portuaire turque de Trabzon (l’antique Trébizonde), second port de commerce de la Mer Noire. Don Andrea Santoro, 61 ans, a été tué dans son église. La police ignore pour le moment si cet assassinat est à mettre en relation avec les caricatures de Mahomet qui agitent depuis plusieurs jours la communauté musulmane du monde entier.
Le prêtre italien a été tué d’une seule balle dans la poitrine par un jeune âgé de 16-17 ans, d’après les caméras de surveillance d’un commerce voisin. Don Andrea Santoro était très connu à Rome, où il était responsable de la paroisse de la Transfiguration de 1972 à 1980. En Turquie également, sa présence était appréciée de ses voisins musulmans, et c’était une véritable « semence chrétienne », témoignent ses proches. Qui épousait toujours la cause des plus faibles.
Versions contradictoires
« L’homme qui a tiré sur Père Andrea Santoro était un adulte, pas un jeune », comme le rapportent les médias, qui citent des témoins et des sources policière, affirme pour sa part Loredana Palmieri, la volontaire laïque qui se trouvait à Trébizonde pour aider Père Andrea dans ses activités pastorales. La volontaire, encore sous le choc, est citée lundi par l’agence missionnaire MISNA à Rome. Elle affirme que le prêtre a été abattu dans le dos.
A Trabzon, où il travaillait depuis deux ans et demi, Don Andrea Santoro avait rénové un grand centre de spiritualité, avec une église et un couvent pouvant donner l’hospitalité à de nombreuses personnes. Il avait ainsi fourni du travail à un grand nombre de familles. Les immigrants des anciens pays communistes est-européens et surtout des Géorgiens de tradition chrétienne, venaient souvent le voir.
Pour le moment, la police turque enquête dans deux directions: celle du geste isolé d’un fanatique déséquilibré, sans lien avec des groupes politico-religieux, et celle d’un crime lié au trafic de prostituées chrétiennes venant des pays d’ex-Union soviétique. Don Andrea s’était en effet dédié à la récupération et au sauvetage de ces filles depuis deux ans, quand il s’était installé à Trabzon comme curé de la paroisse de Sainte Marie. Dans ce cas, il se pourrait que l’assassinat ait été commandité par la mafia des trafiquants.
Consternation en Turquie
Cet assassinat a jeté la consternation auprès des autorités turques au plan local et national. Le gouverneur de Trabzon, Huseyin Yavuzdemir, a condamné sans réserve cette attaque contre un homme de religion. La télévision turque a cité la polémique sur les caricatures de Mahomet publiées au Danemark puis dans d’autres pays européens comme une cause possible de cette agression. Le Premier Ministre turc Tayyip Recep Erdogan a lui aussi condamné sans réserve l’assassinat du missionnaire italien, affirmant que tuer un prêtre, qui plus est dans un lieu de prière, « est totalement inacceptable ».
Commentant cet assassinat, le nouveau nonce apostolique en Turquie, Mgr Antonio Lucibello, a dit sa crainte que des motifs religieux soient derrière ce crime « à un moment où le dialogue interreligieux est une priorité absolue ». Don Andrea en était justement le témoin et un protagoniste de premier plan, a-t-il déclaré à l’agence italienne Ansa. (apic/ansa/misna/be)
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