C’est ce qui ressort d’un livre du cardinal Herranz

Rome: Jean Paul II n’a pas démissionné pour ne pas créer de précédent

Rome, 6 février 2006 (Apic) Jean Paul II, malade, a envisagé de renoncer à sa charge, mais ne l’aurait pas fait, afin de ne pas « créer une dangereux précédent ». Une information qui figure dans un livre du cardinal Julian Herranz, récemment publié en Italie.

Le cardinal Julian Herranz, président du Conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs, raconte que Jean Paull II, malade, n’a pas démissionné pour ne pas créer de précédent. Cela est tiré du livre Nei dintorni di Gerico. Riccordi degli anni con San Josémaria e con Giovanni Paolo II, récemment publié par une maison d’édition milanaise.

Evoquant ses souvenirs sur Josémaria Escriva, fondateur de l’Opus Dei, dont il est membre, le cardinal Herranz rapporte une conversation qu’il a eu à ce sujet avec Mgr Stanislas Dziwisz, alors secrétaire particulier du pape polonais.

« Nous parlions de l’avis que je lui avais donné – à sa demande – sur la renonciation éventuelle du pape après avoir atteint la limite d’âge des 75 ou 80 ans. Je répondis qu’il ’ne devait pas’ s’y conformer pour des raisons d’âge : la ’mission canonique’ que les évêques reçoivent du pape pour gouverner une Eglise particulière ou un diocèse, est très différente de la mission que le pape reçoit au moment même de son élection et de son acceptation », rapporte le cardinal.

« Quant à l’éventualité de renoncer pour des raisons de santé, j’avais écris cette note, poursuit le cardinal Herranz. Il me semble aujourd’hui opportun de la faire connaître, comme exemple de l’obéissance et de la prudence héroïque de Jean-Paul II. Don Stanislas Dziwisz avait dit que le pape – qui était personnellement très détaché de la charge – s’abandonnait à la volonté de Dieu. Il se remettait entre les mains de la divine providence ». « En outre – poursuivait Mgr Dziwisz – il avait peur de créer un dangereux précédent pour ses successeurs, parce qu’ils auraient pu être l’objet de manoeuvres et de pressions subtiles de la part de ceux qui auraient pu souhaiter les destituer ».

La très longue maladie de Jean Paul II et son affaiblissement ont alimenté les rumeurs de démission tout au long des dernières années de son règne. Dès que la santé du pape déclinait un peu plus, le débat reprenait. Au printemps 2002, les journaux allemands avaient lancé l’hypothèse que le pape aurait pu profiter d’un voyage en Pologne pour annoncer qu’il se retirerait dans un monastère.

Le pape Jean Paul II avait hésité

En 2003, lors des dernières célébrations du 25e anniversaire de son élection, certains cardinaux s’étaient prononcés sur le sujet. Mais le 16 octobre, Jean Paul II avait fait taire les rumeurs, en offrant à la Vierge, « le don de moi-même, du présent et du futur ». Cependant dans son testament spirituel, rendu public le 7 avril 2005, à la veille de ses funérailles, Jean Paul II révélait qu’il avait considéré la possibilité de démissionner en mars 2000.

L’éventualité de la renonciation d’un pape avait été évoquée par Jean Paul II lui-même dans la Constitution apostolique Universi dominici gregis, publiée en février 1996. Le pape y faisait référence au paragraphe 2 de l’article 332 du Code de droit canon de 1983. On peut y lire que « s’il arrive que le pontife romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non pas qu’elle soit acceptée par qui que ce soit ».

Renoncer à l’élection à vie?

La question de la renonciation du pape s’est posée juridiquement à partir de Célestin V, en 1294. Elu dans des conditions politiques difficiles à près de 85 ans, cet ermite abdiqua après cinq mois de pontificat et devant les cardinaux réunis. Avant de quitter Rome, il promulgua une Constitution sur l’abdication pontificale, qui n’est pas parvenue jusqu’à nous. La validité de cette renonciation avait ensuite suscité des doutes chez certains des cardinaux qui avaient élu son successeur Boniface VIII : Ne lui avait-on pas extorqué son abdication ?

Ainsi, la déposition du pape par les cardinaux n’est juridiquement plus possible depuis 1904. La figure de Célestin V n’en demeure pas moins une référence en ce qui concerne une démission éventuelle du souverain pontife. En 1966, la visite de Paul VI au château de Fumone au sud de Rome, où mourut Célestin, alimenta les spéculations sur une éventuelle abdication.

Quant à Benoît XVI, en février 2004, encore préfet de la Congrégation de doctrine de la foi, il estimait que l’élection à vie du souverain pontife pourrait un jour être réformée. « A l’avenir, avec le prolongement de l’âge, il semble possible que l’on pense à de nouvelles normes, mais cette question ne semble pas d’actualité ». Pour lui, « la paternité du pape va au-delà de sa fonction ». (apic/imedia/hy/vb)

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