Angleterre: Exposition de 20 cadavres «plastinés», peut-être ex prisonniers politiques chinois

Des défenseurs des droits humains protestent

Londres, 3 avril 2006 (Apic) En Grande-Bretagne, une exposition controversée de cadavres humains « plastinés » suscite la polémique. Des défenseurs des droits de l’Homme craignent qu’ils soient des ex prisonniers politiques chinois.

L’exposition de cadavres humains qui a lieu à Londres relève de la technique de la plastination, inventée par un scientifique en anatomie allemand, qui a déjà défrayé la chronique, Günther von Hagen. Les organisations de défense des droits de l’Homme ont averti que les corps, provenant tous de Chine, pourraient être ceux d’anciens prisonniers politiques chinois, exécutés. Selon le quotidien britannique The Observer, l’organisateur de l’exposition londonienne « Premier Exhibition », a acquis les cadavres pour 25 millions de dollars a la faveur d’un contrat avec Sui Hongjin, un ancien partenaire de von Hagen dans une université médicale chinoise.

D’autres nouvelles expositions similaires sont prévues ailleurs autour du monde. Von Hagen et son partenaire chinois ont déjà été inquiétés par le passé, en 2004, où on avait déjà mis en doute la provenance douteuse des cadavres. Ils avaient retourné sept cadavres en Chine après qu’on eût trouvé des trous de balles à l’arrière de deux des têtes.

Il y a actuellement au moins 6 expositions de cadavres plastinés de par le monde, avec une féroce compétition entre leurs différents promoteurs. Premier Exhibition a même été impliqué dans une longue bataille légale avec von Hagen, qui a récemment été réglée par la justice. En outre six corps ont été saisis à une exposition rivale taiwanaise, après que von Hagen ait dénoncé une violation du copyright.

En Chine, il était permis de disposer des organes des cadavres de prisonniers

En Chine il n’est pas illégal d’utiliser des cadavres de prisonniers politiques à des fins commerciales. Selon Amnesty International, on estime à au moins 3’400 les exécutions de prisonniers politiques en 2004. Tout récemment, le gouvernement chinois a interdit la vente d’organes humains après une vaste contestation internationale sur la pratique de prélever sans autre des organes de prisonniers politiques.

Le problème demeure que la provenance de ces corps n’est pas claire, selon Sharon Hom, la directrice de l’organisation Human Rights en Chine. Les autorités chinoises ne donnent pas ce type d’information. Elle ajoute que les cadavres montrés dans l’exposition britannique semblent être presque tous de jeunes hommes. Or en Chine la provenance d’un grand nombre de jeunes cadavres masculins vient des prisons et des camps de travail.

L’organisateur de l’exposition Arnie Geller, dénie le fait que les cadavres puissent provenir de prisons. Commercialement parlant, il reconnaît que la controverse a fait monter le nombre d’entrées aux Etats-Unis lors d’une exposition similaire.

Il n’y a pas non plus de règlement juridique en Grande Bretagne pour ce genre d’expositions. Mais en septembre une nouvelle disposition juridique exigera une autorisation pour l’exposition de tout corps décédé depuis moins de 100 ans (apic/bbcnews/vb)

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