Rome: Le pape a célébré la messe pour les 500 ans de la Garde suisse

L’hommage de Benoît XVI aux « soldats » du pape

Rome, 6 mai 2006 (Apic) Le pape Benoît XVI a célébré samedi une messe spéciale pour marquer le 500e anniversaire de la création de la Garde suisse. Surtout, le pape a rendu hommage aux « soldats du pape » qui, a-t-il dit, ont « démontré leur foi » au cours de l’épisode le plus sanglant de leur histoire, lorsque 147 d’entre eux sont morts en protégeant le pape Clément VII pendant le sac de Rome le 6 mai 1527.

Benoît XVI invite les gardes suisses à poursuivre leur mission dans le courage et la fidélité. A l’issue de la messe célébrée dans la basilique Saint-Pierre, bondée, le pape a eu un entretien privé de 20 minutes avec le président de la Confédération, le Conseiller fédéral Moritz Leuenberger.

Au cours de la cérémonie, retransmise par plusieurs chaînes de télévision, Benoît XVI a invité les gardes suisses à poursuivre leur mission « avec courage et fidélité », dans la matinée du 6 mai.

Le pape, qui célébrait une messe dans la basilique Saint-Pierre pour le 500e anniversaire de ce corps pontifical, s’est félicité du fait que les jeunes gardes soient des témoins, notamment pour leurs contemporains, de « la présence des laïcs dans l’Eglise catholique ». Il les a aussi encouragés à chercher dans le Christ « la sagesse » et à devenir ainsi des « artisans de paix ».

« Pourquoi rappeler aujourd’hui ces faits si lointains, ayant eu lieu dans une Rome et une Europe si différentes de la situation actuelle ? », s’est interrogé Benoît XVI au début de son homélie. Il venait de rappeler l’arrivée des 150 premiers gardes suisses auprès du pape Jules II, le 22 janvier 1506, ainsi que le sac de Rome, le 6 mai 1527, lorsque 147 gardes furent tués lors par les troupes de Charles V, tandis que les 42 autres accompagnèrent le pape Clément VII sain et sauf dans le château Saint-Ange.

« Surtout pour rendre honneur au corps de la Garde suisse, qui depuis, a toujours été confirmée dans sa mission », même en 1970, lorsque Paul VI « dissout tous les autres corps militaires du Vatican », a alors répondu le pape. « Mais en même temps, et surtout, nous faisons mémoire de ces événements historiques pour en tirer un enseignement à la lumière de la Parole de Dieu », a-t-il expliqué.

Le bien le plus grand

Commentant les textes du jour en allemand puis en français, Benoît XVI a alors invité l’assemblée nombreuse emplissant la basilique vaticane, à chercher la « Sagesse divine ». Pour lui, elle est « le trésor le plus précieux que l’homme puisse désirer et découvrir, le bien le plus grand dont dépendent tous les autres biens ». « Pour la Sagesse, cela vaut la peine de renoncer à tout autre chose, parce que seulement elle donne son plein sens à la vie, un sens qui dépasse la mort même parce qu’elle met en communion réelle avec Dieu », a-t-il estimé.

« Etre garde suisse signifie pour tous adhérer sans réserve au Christ et à l’Eglise, en étant prêt à donner sa vie pour cela », s’est réjoui le pape, ajoutant que si « le service effectif peut cesser, au-dedans on reste toujours garde suisse ».

Benoît XVI a conclu son homélie en italien, saluant les autorités religieuses, civiles et militaires suisses présents à la célébration tout comme les proches de la Garde suisse. En les remerciant pour le service rendu aux pontifes depuis un demi-millénaire, il les a invités, reprenant la devise de la Garde, réalisant leur travail quotidien « avec un dévouement généreux, toujours animés d’un esprit de foi et d’amour pour l’Eglise ».

La messe solennelle a commencé à 9h30. Le pape, vêtu d’une étole et d’une mitre couleur or, l’a présidée, tandis qu’une vingtaine de cardinaux, évêques et prêtres, amis de la Garde suisse, concélébraient. Parmi eux de nombreux Suisses, mais aussi Mgr Leonardo Sandri, substitut de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, Mgr Angelo Amato, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Rino Fisichella, évêque auxiliaire de Rome ou encore Mgr Jean-Claude Périsset, nonce apostolique en Roumanie et Moldavie.

Tenue de gala

De jeunes gardes suisses, en tenue de gala, ont lu les différentes lectures et intentions de prière dans les langues italienne, allemande, française et romanche. L’une d’elles était pour que les autorités suisses « encouragent toujours la paix et la défense de la vie humaine ». Une autre était « pour les nouveaux gardes suisses pontificaux, qui prêtent aujourd’hui serment ».

La messe a pris fin peu après 11h, sous les chants du choeur de l’Opéra de Zurich accompagné au long de la cérémonie par l’orchestre dirigé par le maître Welser-Möst. Sous les applaudissements, Benoît XVI a quitté la basilique, saluant quelques membres des familles des commandants de la Garde, aux premiers rangs. AR/PR

Encadré

Moritz Leuenberger: ce n’est pas avec les armes qu’on répand les valeurs morales

« Ce n’est pas avec les armes qu’on répand les valeurs morales ni qu’on les défend », a lancé le président de la Confédération suisse, Moritz Leuenberger, dans la soirée du 5 mai 2006. S’exprimant dans la salle Paul VI au Vatican, lors d’une soirée musicale organisée en l’honneur du 500e anniversaire de la Garde suisse, il a appelé ses membres à une fidélité renouvelée.

« La Garde suisse est certainement la plus faible des armées du monde, mais c’est à coup sûr le meilleur service de sécurité qui soit », a affirmé le président de la Confédération helvétique aux nombreux gardes assemblés dans la salle Paul VI, entourés de leurs familles et de leurs amis. « Elle est le symbole de votre fidélité par-delà les vicissitudes du temps, les diversités d’opinions et les questions d’interprétation, par-delà les aléas de l’histoire ». Moritz Leuenberger a relevé que cette petite armée, ayant abandonné ses velléités guerrières, s’est mise au service de la paix. « Autrefois épées », les hallebardes des gardes sont désormais « les socs de charrue de la Bible ».

« Que la destinée de la Garde suisse au cours des siècles soit pour nous un exemple, a souhaité Moritz Leuenberger, car nous autres chrétiens avons appris de l’histoire, ô combien douloureuse, que la force de notre foi ne pourra jamais reposer sur la violence ». Relevant que la violence ne peut engendrer la paix, le président de la Confédération a mentionné l’Irak, en rappelant que ce n’est pas avec les armes qu’on répand les valeurs morales ni qu’on les défend.

Pour lui, les hommes, les Etats, les religions ne peuvent faire taire leurs différends qu’en ayant recours au dialogue. Il a encore constaté que les inégalités sur le plan militaire mais surtout sur le plan économique compliquent ce dialogue. « D’où la nécessité de réduire les plus criantes d’entre elles, partout dans le monde », a-t-il estimé. Et de souligner que « ceux qui sont instruits résistent aux fanatiques religieux et aux extrémistes politiques ».

Le président de la Confédération affirme que pour qu’il y ait la paix, la démocratie et la justice, il faut que les hommes se respectent et s’estiment. Auparavant, Moritz Leuenberger était revenu rapidement sur l’histoire de la Garde suisse, mentionnant le fait que, depuis sa fondation, 20 générations de gardes s’étaient succédées sous le pontificat de 50 papes, avec 33 commandants différents à leur tête. Il avait aussi souligné que le contexte mondial, comme la Garde et la papauté, avaient beaucoup changé depuis lors. « La papauté a renoncé à être une puissance militaire et politique » et la fonction des gardes, celle de « protéger le pape », est « plus noble que celle des mercenaires de l’époque » de Jules II, a-t-il noté. Il a cependant regretté que si « nous savons depuis un bon bout de temps que la terre n’est pas le centre de l’univers », cela « ne nous empêche pas de la piller comme si nous étions les maîtres de la Création ! ».

Outre le discours du président de la Confédération suisse, la fête a été marquée par l’interprétation d’oeuvres musicales du compositeur suisse Theo Flury, bénédictin du couvent d’Einsiedeln, ainsi que par des pièces interprétées par « l’ensemble vocal 80 » de Schwyz, le choeur de la cathédrale de Fribourg, la ’Kantorei’ de Lucerne ainsi que la chorale et l’orchestre du Collegium Musicum de Lucerne. AR/BB

Encadré

Moritz Leuenberger reçu en audience par Benoît XVI

Le président de la Confédération, le Conseiller fédéral socialiste Moritz Leuenberger, a été reçu samedi en audience privée par le pape Benoît XVI au Vatican dans le cadre du 500e anniversaire de la Garde pontificale suisse. Moritz Leuenberger a ensuite assisté à la prestation de serment des 33 nouveaux membres du corps. Cette discussion entre quatre yeux de près d’une demi-heure dans la bibliothèque du pape s’est révélée d’un « haut niveau intellectuel », a indiqué le porte-parole du président de la Confédération, André Simonazzi. Les deux hommes ont évoqué le dialogue entre les religions, ainsi que des rapports entre l’Eglise et l’Etat.

Moritz Leuenberger avait auparavant assisté à la messe commémorative célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome par Benoît XVI pour rendre hommage à la garde pontificale suisse.

Durant la cérémonie, l’orchestre de l’opéra de Zurich sous la direction de Franz Welser-Möst, avec le choeur de la cathédrale de Fribourg, le choeur de l’opéra de Zurich et le choeur de l’académie de Lucerne, ont interprété des oeuvres de Mozart. C’était le cadeau de la Suisse pour le pape, fervent admirateur du compositeur autrichien.

Les Gardes suisses dans leur fameux uniforme or et bleu étaient assis aux premiers rangs dans la nef et ont participé à des lectures lors de la cérémonie. A l’issue de la messe, ils sont sortis sous les applaudissements. (apic/imedia/ar/pr)

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