Dialogue des cultures: un échec?

Berne: Conférence à la DDC de Reinhard Schulze, islamologue à l’Université de Berne

Berne, 8 mai 2006 (Apic) La coopération au développement ne peut pas se permettre de faire l’impasse sur la religion et la spiritualité. Elles sont des sources de visions du monde et de la vie, constituent des forces d’organisation politiques et sociales, représentent des moyens de cohésion et de polarisation, estime la Direction du développement et de la coopération (DDC) de la Confédération à Berne.

C’est dans ce cadre que la DDC a mis sur pied sa plateforme « Traverse ». Elle invite jeudi 11 mai (*) à une conférence donnée par Reinhard Schulze, islamologue à l’Université de Berne, sur le thème « Berne: Conférence à la DDC de Reinhard Schulze, islamologue à l’Université de Berne ». Le professeur Schulze consacrera un exposé introductif à ce thème, suivi d’un débat, dirigé par Constanze Straub, de la radio suisse alémanique DRS. Il réunit des représentants des religions chrétienne et musulmane, dont l’imam Mustafa Memeti (Berne, originaire de la Serbie méridionale) et la pasteure réformée Simone Fopp (Zollikofen).

Le professeur Schulze va lancer son exposé en partant de la polémique suscitée par les caricatures de Mahomet pour déboucher sur le dialogue des cultures. Car il n’a fallu finalement que quelques caricatures pour qu’en Occident l’on évoque le « choc des cultures », entre un monde éclairé par le libéralisme et un « royaume de l’obscurité » qui voudrait conquérir le monde, l’islam devenant « l’étranger » face au monde libéral occidental. Pour briser le cercle vicieux de l’hostilité réciproque entre ces deux mondes, estime le spécialiste de l’islam, il n’y a qu’une seule voie: le dialogue.

La plateforme « Traverse » a été créée par la DDC pour accueillir des discussions sur des thèmes controversés de la coopération internationale. Des personnalités des milieux économiques, politiques, scientifiques, sociaux et culturels débattent de problèmes d’actualité en confrontant leurs perspectives, avec la participation des collaborateurs et collaboratrices de la DDC et d’autres offices fédéraux, ainsi que des représentants des ONG.

Religion, facteur de développement, mais aussi facteur de risques

Le travail de développement est pour une bonne part une activité interculturelle et cette dimension a souvent à faire avec la religion, estime la DDC. Nombreux sont les individus et les sociétés qui ne font pas de différence entre le sacré et le séculier. Le contexte culturel et socioreligieux est très important et il faut le connaître en profondeur pour pouvoir faire du bon travail en matière de développement.

Les valeurs religieuses et spirituelles favorisant le développement s’expriment au niveau du comportement individuel et collectif. Là où la religion et la spiritualité sont enracinées dans le quotidien des gens et des sociétés, elles peuvent apporter une contribution importante au développement durable et aussi renforcer la culture du dialogue.

Mais, remarque la DDC, la religion et la spiritualité sont aussi des facteurs de risques quand elles sont instrumentalisées pour des luttes pour le pouvoir ou comme facteurs influençant les rapports de force – notamment dans des situations d’insécurité ou d’aliénation socioculturelle. L’accaparement de la religion et de la spiritualité à des fins politiques, les attaques contre la tolérance, les séparations et délimitations conflictuelles entre groupes de population fondées sur des motifs religieux constituent des dangers pour le développement et la paix. « Quand on n’est plus prêts à dialoguer se creusent peu à peu des fossés », constate la DDC.

Rôle de la religion et de la spiritualité dans la coopération au développement

Les organisations religieuses jouent dans quantité de situations un rôle non négligeable en tant que prestataires de services et structures d’accueil sociales, ou encore en tant que forces réelles de I’architecture sociale. Les organisations qui ont une assise religieuse peuvent être, partout dans le monde, des acteurs et des partenaires pour des secours d’urgence, des tâches de reconstruction et des activités de développement.

Dans ce contexte, la DDC ainsi que les oeuvres d’entraide et les ONG de développement suisses se sont engagées en 2002 dans un processus de réflexion sur le rôle et la signification de la religion et de la spiritualité dans la coopération au développement.

L’an dernier, la Direction du Développement et de la Coopération a publié un important « document de réflexion et de travail » rédigé par Anne-Marie Holenstein, ancienne directrice de l’Action de Carême (1995-2000) et consultante de la DDC, intitulé « Rôle et signification de la religion et de la spiritualité dans la coopération au développement » (Berne, août 2005). JB

(*) Jeudi, 11 mai 2006, 16.00 à 18.00 heures, DDC, Freiburgstrasse 130, Berne Conférence sur le thème: « Berne: Conférence à la DDC de Reinhard Schulze, islamologue à l’Université de Berne » (Exposé et discussion) (apic/be)

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