Rome: Présentation du «premier livre» en français sur l’histoire de l’Ordre de Malte

900 ans d’histoire de ces hommes « de fer et de foi »

Rome, 9 mai 2006 (Apic) L’Ordre souverain de Malte a présenté son « premier livre » en français depuis 40 ans, relatant les 900 ans d’histoire de ces hommes « de fer et de foi ». L’Ordre souverain, militaire et hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, de Rhodes et de Malte l’a fait dans la Maison des chevaliers de Rhodes, sa plus ancienne résidence à Rome élevée sur les ruines du forum d’Auguste.

L’histoire de l’Ordre de Malte, publié aux éditions Perrin, a pour auteur l’écrivain Bertrand Galimard Flavigny, critique au quotidien français « Le Figaro ». A cette occasion, il a été reçu par le Grand Maître de l’Ordre souverain de Malte, Frère Andrew Bertie.

Voué à la défense des royaumes latins de Terre Sainte

Pour couvrir les 900 ans d’histoire et d’aventures de cet ordre consacré en 1113 par le pape Pascal II et voué à la défense des royaumes latins de Terre Sainte ainsi qu’aux soins et à l’accueil des pèlerins, Bertrand Galimard Flavigny a choisi une approche chronologique et thématique. Son livre de 365 pages compte 14 chapitres et 18 annexes qui prennent la forme de fiches techniques sur différents aspects de la vie et de l’histoire de l’ordre.

L’Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, plus communément appelé, suivant les époques, Ordre de l’Hôpital, Ordre hospitalier, Ordre de Rhodes ou Ordre de Malte, est aujourd’hui une organisation catholique souveraine à vocation humanitaire. Son siège se trouve à Rome depuis 1834, via dei Condotti, à deux pas de la place d’Espagne. Le siège et le Palais de l’Aventin jouissent d’un statut d’extraterritorialité.

Un hospice pour accueillir et soigner les pèlerins

L’origine de l’Ordre se trouve au monastère Sainte-Marie-des-Latins, fondé à Jérusalem au milieu du 11e siècle par des marchands italiens de la ville d’Amalfi. Vers 1080, Gérard, supérieur du monastère, crée un « hôpital » ou hospice, dédié à saint Jean, à côté du monastère. Le rôle de cet hospice est d’accueillir et de soigner les pèlerins. Jérusalem est alors sous domination musulmane. La première Croisade de 1099 fait passer la ville sous la domination chrétienne, mais renforce l’insécurité dans la région. Les frères hospitaliers, reconnus comme ordre monastique, deviennent alors des chevaliers hospitaliers.

C’est ainsi le second ordre militaire créé en Terre Sainte après les Templiers fondés, eux, vers 1120. Le pape Innocent II attribue aux Hospitaliers le drapeau à croix blanche en 1130 pour les différencier des Templiers qui portent la croix rouge. Hospitaliers et Templiers jouent alors, et ce jusqu’au 13e siècle, un rôle de premier plan sur l’échiquier politique du royaume latin de Jérusalem. En 1142, ils reçoivent ainsi la garde de la forteresse du krak des Chevaliers. Leur structure militaire et leurs places fortes ont fait des Hospitaliers une armée très efficace, mais n’hésitant pas à s’ingérer dans la conduite du royaume.

Des Hospitaliers armés

La puissance de l’Ordre vient alors avant tout de ses possessions en Occident. En effet, sa double vocation, militaire et monastique, lui attire les faveurs de l’aristocratie, qui se sent proche de ces moines-chevaliers. Le roi Alphonse Ier d’Aragon va jusqu’à laisser le tiers de son royaume aux ordres militaires à sa mort en 1134. Ces dons qu’ils reçoivent en Occident, les Hospitaliers les organisent en commanderies, elles-mêmes regroupées en prieurés. Ces commanderies envoient en Terre Sainte les subsides nécessaires.

L’Ordre suit les vicissitudes des Etats latins de Terre Sainte et leur disparition progressive. En 1291, la dernière ville chrétienne de Terre Sainte, Acre, défendue par les Templiers et les Hospitaliers, tombe.

A la différence des Templiers, qui se replient en Occident, l’Ordre des Hospitaliers s’installe à Chypre. Là, il se réorganise en 1301 en instaurant une structure géographique: les « langues ». Celles-ci sont des groupements régionaux au nombre de 8: Provence, Auvergne, France, Espagne (deux « langues »), Italie, Angleterre et Allemagne Allemagne (comprenant aussi l’Europe centrale). Dans ces « langues », regroupant prieurés et commanderies, l’accueil des pèlerins et les soins aux malades sont assurés dans des conditions de confort et d’efficacité exceptionnels (médecine, chirurgie et pharmacie).

La grande flotte des Hospitaliers fait leur réputation

Entre 1307 et 1310, l’Ordre, dont la rivalité avec le roi de Chypre ne cesse de s’accentuer, conquiert l’île de Rhodes, qui devient son nouveau siège. De leur position insulaire, les Hospitaliers développent une grande flotte, qui fait leur réputation. Leur richesse s’accroît encore par le transfert des biens des Templiers supprimés en 1312. L’Ordre, que l’on commence à appeler « de Rhodes » transforme son action militaire vers la guerre de course, alors peu différente de la piraterie. Signe d’un enrichissement de l’Ordre en même temps que d’une conquête de souveraineté, les grands maîtres se mettent à battre monnaie à leur effigie.

En 1480, l’île est une première fois assiégée par les Ottomans. Le siège décisif a lieu en 1522. Le sultan Soliman le Magnifique assiège pendant cinq mois la ville de Rhodes avec 200’000 hommes et ne parvient à la prendre que suite à une trahison. Impressionné par la résistance héroïque des chevaliers, il autorise les survivants à quitter l’île sur 30 navires, où ils embarquent leur trésor, leurs archives et leurs reliques, dont la précieuse icône mariale de Philerme, l’un des symboles de l’Ordre.

Une errance de 7 ans

Les Hospitaliers entament alors une errance de 7 ans qui les conduit de Crète à Nice. C’est le pape Clément VII, ancien Hospitalier, qui les héberge à Viterbe en 1529. L’empereur Charles Quint, comprenant bien l’utilité que peut avoir un ordre militaire en Méditerranée face aux avancées ottomanes, confie à l’Ordre l’archipel de Malte, en mars 1530. Parallèlement aux menaces ottomanes sur le nouveau siège de l’Ordre, la Réforme porte en Europe du Nord un grand coup aux possessions des Hospitaliers. Un grand nombre de commanderies sont sécularisées et certains grands prieurés cessent purement et simplement d’exister.

C’est dans ce contexte difficile que l’Ordre doit faire face à la plus grande épreuve de son histoire: le « grand siège » de 1565. La flotte turque arrive alors avec plus de 160 galères et 30’000 hommes pour écraser 800 chevaliers et 1450 soldats. Les assaillants sont repoussés après 6 mois de siège grâce au secours des Espagnols stationnés en Sicile. Après l’échec du siège, l’Ordre se retrouve au centre des attentions des puissances catholiques européennes.

En 1571, les Hospitaliers s’illustrent à la bataille de Lépante, où la flotte de la sainte Ligue détruit la flotte ottomane. Après Lépante, le danger en Méditerranée ne vient plus de la flotte de guerre ottomane mais des corsaires barbaresques d’Afrique du Nord. L’Ordre renoue alors avec la guerre de course. Avec les prisonniers, La Valette devient aussi le premier centre chrétien d’esclavage. L’ordre forme alors de nombreux marins dans les rangs de la noblesse européenne. Ainsi, les grands amiraux français des 17e et 18e siècles, comme Coëtlogon, d’Estrées ou Suffren, sont tous des chevaliers de Malte.

Ce sont les Français qui vont d’ailleurs envahir l’île des chevaliers en 1798. L’Ordre en est chassé et la souveraineté de Malte revient à la République française. En 1834, l’ordre de Saint-Jean s’installe à Rome, et ce n’est qu’en 1999 que l’Ordre de Malte remet les pieds sur l’île, où la République de Malte a mis à sa disposition le fort Saint-Ange.

L’Ordre constitue un Etat et peut émettre des timbres

L’Ordre constitue toujours officiellement un Etat, et peut donc émettre des timbres, battre monnaie, faire des passeports, avoir des ambassadeurs … Cependant c’est une souveraineté sans territoire (les possessions à Rome et à Malte ne sont pas sous leur juridiction propre mais sous souveraineté italienne et maltaise). Il entretient actuellement des relations diplomatiques avec 94 puissances dont le Saint-Siège et est reconnu par l’Onu où il dispose d’un statut d’observateur permanent. En France, il n’est pas reconnu comme un Etat réellement souverain. Ainsi, il dispose à Paris non d’un ambassadeur mais d’un représentant officiel auprès de la France.

L’Ordre a toujours officiellement un caractère militaire (même s’il n’a plus d’armée) et catholique (le Grand Maître a dignité de cardinal), mais il a surtout conservé sa mission hospitalière, ce qui fait de l’Ordre de Malte et de ses 11’000 chevaliers le plus ancien organisme humanitaire au monde. (apic/imedia/hy)

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