Mgr Krikorian: Les Arméniens ont peur d’un nouveau génocide (250190)

APIC Interview

L’évêque du diocèse arménien d’Europe approuve

l’intervention militaire soviétique en Azerbaïdjan

Vienne, 25janvier (APIC) Personne ne peut être d’accord avec la violence,

mais l’intervention militaire soviétique en Azerbaïdjan est « la seule possibilité de soustraire les Arméniens à la violence des Azerbaïdjanais et de

les sauver d’un nouveau génocide », a déclaré lors d’une interview exclusive

accordée à l’agence APIC Mgr Vardapet Mesrob Krikorian, évêque du diocèse

arménien d’Europe centrale résidant à Vienne. L’Autriche, l’Allemagne fédérale et la Suède font partie de ce diocèse.

Ces derniers mois les attaques contre les Arméniens se sont multipliées

en Azerbaïdjan, désormais ouvertement soutenues par l’Iran. Beaucoup d’Arméniens voudraient fuir. « Nous ne pouvions pas comprendre que Gorbatchev

ait attendu si longtemps pour nous protéger des musulmans azerbaïdjanais »,

affirme Mgr Krikorian. L’évêque arménien expliquant les raisons historiques

de la querelle entre Arméniens et Azerbaïdjanais déclare que ces derniers

temps « tout est parti de notre désir de libérer le Nagorny-Karabakh ». Mgr

Kirokorian, critiquant la politique des nationalités de Gorbatchev, affirme

que les Arméniens ont aujourd’hui « des sentiments mitigés face à Moscou ».

Le conflit des nationalités marque-t-il la fin de l’empire soviétique ?

Mgr Krikorian attribue la responsabilité des combats actuels aux Azerbaïdjanais, qui ont opprimé les Arméniens durant 75 ans dans les domaines

culturel, politique et religieux. Mgr Krikorian craint, après l’intervention militaire de Moscou, que le conflit ne dégénère et ne donne naissance

à une guérilla. Il se prononce quant à lui pour une solution politique du

conflit des nationalités. Ce conflit pourrait même selon lui conduire à la

fin de l’empire soviétique. Pour les Arméniens, il n’existe actuellement

aucune autre solution que de rester au sein de l’Union soviétique. Pourtant

« celui qui croit pouvoir être indépendant – comme les Baltes, les Géorgiens, les Azerbaïdjanais – doit vivre dans la liberté et la paix ».

Si Gorbatchev n’accorde pas la liberté…

Si Gorbatchev n’accorde pas de plus grandes libertés aux peuples d’Union

soviétique, tout s’écroulera de toute façon, affirme Mgr Krikorian. Il serait « cent fois plus avantageux » pour Gorbatchev que les Républiques musulmanes se détachent de l’Union soviétique pour lui éviter davantage de problèmes avec elles. Mgr Krikorian qualifie de dangereuse la montée du fondamentalisme musulman dans cette région : « S’il s’étend dans les Républiques

du Sud, la Russie devra alors se défendre elle-même ».

Des sentiments mitigés à l’égard de Moscou

A qui les Arméniens peuvent-ils faire confiance ? « Pendant longtemps

nous avons senti l’oppression de la Russie, sachant en même temps que sans

elle nous ne pouvons pas vivre », explique Mgr Krikorian. Mais nous vivons

une époque qui n’inspire guère la confiance : « Gorbatchev a refusé en été

1988 le droit à l’autodétermination du Nagorny-Karabakh et fait arrêter les

membres du Comité Karabakh. Ce fut une grande déception ». L’attitude des

Arméniens envers les Russes est plutôt confuse. « Quelquefois je réagis sous

le coup de la déception – maudits Russes ! – ensuite je me demande qui nous

protègera. Finalement ce sont toujours les Russes ».

Mgr Krikorian ressent l’attitude de Gorbatchev envers les Arméniens comme une attitude de refus. Gorbatchev a « reconnu ses fautes » et il a la situation sous son contrôle. « Maintenant il doit garantir plus de liberté à

l’intérieur de l’Union soviétique ou donner la possibilité d’en sortir ».

Mgr Krikorian voit ainsi deux « possibilités de salut », mais pour lui la

plus favorable aux Russes est la seconde. Que Gorbatchev ait empêché « une

catastrophe encore plus grande » pour les Arméniens en usant d’une violence

mesurée est pour Mgr Krikorian « une surprise positive » : « Moi-même j’ai désiré de tout coeur que Gorbatchev intervienne en Azerbaïdjan et sauve mon

peuple ». (apic/fga/gbr/cor)

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