Bangladesh: Un prêtre devient avocat pour se mettre à la disposition des plus faibles
Dacca, 13 juillet 2006 (Apic) Pour mieux défendre et guider les petits et les plus faibles, un prêtre est devenu avocat au Bangladesh. Une double casquette qui ne plaît guère à ses collègues avocats. Surtout que le religieux-avocat ne fait pas payer ses services. Ou si peu.
Le Père Lawrence Noresh Das est certes aujourd’hui avocat, mais sa priorité, d’être au service des pauvres, est aussi d’aider les catholiques à ne pas entreprendre des procès inconsidérés.
Prêtre de la Congrégation de la Sainte-Croix et avocat depuis 2000, il aide les plus démunis en leur procurant des conseils et, en cas de besoin, assure leur défense devant un tribunal. Cependant, commente-t-il, il est résolument partisan d’une « solution pacifique des conflits ». « J’essaie de faire comprendre à nos catholiques que de plaider les uns contre les autres non seulement coûte de l’argent, mais exige du temps, de l’énergie et détruit la bonne entente « .
Le Père Das, l’un des deux seuls prêtres avocats du pays inscrits au barreau du Bangladesh, exerce principalement auprès du tribunal de grande instance de Dacca. Il a étudié à la faculté de droit de l’Université nationale de Dacca en 1999. Avoir affaire à la loi est « compliqué », explique ce prêtre de 40 ans. Pour lui, donner des conseils, c’est « prêter sa voix à ceux qui n’en ont pas » et concrétiser le choix de servir les plus pauvres.
« J’aime beaucoup mon travail d’avocat, dit-il, même si certains pensent qu’étudier le droit ne rapporte rien, pour moi, c’est une gymnastique intellectuelle qui me donne la joie d’être du côté des pauvres et des opprimés ».
Le Père Das explique aujourd’hui à Eglises d’Asie qu’il a pu mener à bien toutes les affaires qu’il a traitées ou plaidées jusqu’à maintenant, y compris le cas d’un aborigène de la paroisse de Srimongol qui fut acquitté dans une affaire de meurtre.
Services non facturés
Jusque-là, a confié le Père Das, le plus difficile a été d’affronter l’antipathie de ses confrères avocats qui désapprouvent le fait qu’il ne facture pas ses services. « Je ne facture, a-t-il expliqué, que ce qui est nécessaire à la procédure », ajoutant: « Puisque je suis prêtre, je n’ai pas besoin de penser en priorité à ma vie personnelle. Mon but n’est pas de gagner de l’argent, mais de servir les pauvres ».
En plus de sa présence devant la cour pour défendre ses clients, le P. Das assiste d’autres avocats, spécialement dans les affaires de tutelle ou d’adoption, de sévices contre des femmes ou des enfants, de litiges entre propriétaires terriens ou de faux. Il dirige également des ateliers de conscientisation et des séminaires pour étudier les mesures de prévention ou de correction des litiges, au civil comme au pénal. Le Programme de formation aux droits de l’homme, mis sur pied par Caritas Bangladesh et la Commission épiscopale catholique « Justice et paix », soutient ces ateliers et ces séminaires.
Mgr Theotonius Gomes, évêque auxiliaire de Dacca, soutient également le travail du Père Das qu’il sait porteur de valeurs tant légales que spirituelles en faveur des pauvres et des opprimés. Ordonné prêtre en 1996, le religieux-avocat reconnaît que ce sont les cours du séminaire sur la justice, la paix et le droit qui l’ont poussé à entreprendre des études d’avocat. La congrégation de la Sainte-Croix, comme son diocèse, le soutiennent dans son travail d’aide juridique. « Je ne me sens donc pas seul. L’aide juridictionnelle et ma présence aux côtés des pauvres sont aussi une façon de servir ». (apic/eda/pr)
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