Fondateur de la Communauté Saint-Jean, les « petits gris »
Paris, 27 août 2006 (Apic) Le Père Marie-Dominique Philippe, philosophe métaphysicien français, fondateur de la Communauté Saint-Jean (dits les « petits gris »), est décédé samedi 26 août à l’âge de 93 ans. Professeur à l’Université de Fribourg pendant quatre décennies, le religieux dominicain a fondé la Communauté Saint-Jean en 1975. A la suite d’un accident vasculaire cérébral survenu cet été, le Père Philippe avait perdu l’usage de la parole.
Prieur général de la Communauté de Saint-Jean jusqu’en 2001, le Père Marie-Dominique Philippe était retourné en France en 1982. Il a pendant longtemps consacré une grande partie de sa vie apostolique à la prédication auprès d’un public très divers et continué également d’enseigner la philosophie et la théologie à la Communauté Saint-Jean. Après la fondation de la Communauté des Frères de Saint-Jean, il fonde quelques années plus tard celle des Soeurs contemplatives, puis celle des Soeurs apostoliques. A ces trois communautés se joindront de nombreux laïcs, les oblats de Saint-Jean, l’ensemble formant une nouvelle famille spirituelle: la Famille Saint-Jean.
Selon des informations sur la Communauté, cette dernière comprend plus de 500 frères, ainsi que plus de 250 soeurs contemplatives. Des Soeurs apostoliques et des laïcs composent également la communauté. Il y a maintenant une quarantaine de prieurés de par le monde dont 25 en France.
Né le 8 septembre 1912 à Cysoing (Nord), le Père Philippe est le huitième d’une famille de douze enfants qui a donné à l’Eglise trois dominicains et quatre moniales contemplatives. Ce prêtre dominicain est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages de philosophie et de théologie, dont « Introduction à la philosophie d’Aristote », « Lettre à un ami », « Mystère de Marie », « Liberté, vérité, amour », « Au coeur de l’Amour » – Entretien sur l’amour, le mariage et la famille, « Les trois sagesses » – Entretien avec Frédéric Lenoir. « Mystère du Christ crucifié et glorifié », « L’Etoile du matin – Entretiens sur la Vierge Marie ».
En décembre 1975, cinq de ses étudiants français en philosophie de l’Université de Fribourg font de lui leur père spirituel. Il créé leur communauté dans l’abbaye de Lérins (Var).
C’est en 1977 que la communauté naissante est rattachée à l’abbaye cistercienne de Lérins. Les frères de Saint-Jean s’installent ensuite dans l’ancien petit séminaire de Rimont (Saône-et-Loire), dans le diocèse d’Autun, avant d’être reconnus comme congrégation religieuse autonome. Rencontrant un succès très important auprès des jeunes religieux, la Communauté crée un noviciat pour dispenser un enseignement complet à Saint-Jodard (Loire).
Objet de vives critiques
La Communauté allait aussi rapidement être l’objet de critiques, le Père Philippe se voyant reprocher de recruter sans discernement, de créer un lien trop affectif envers sa personne et finalement d’être trop traditionaliste. Il a également été fortement critiqué pour ses liens avec Mère Myriam, une Hongroise du nom de Tünde Szentes, qui était une de ses anciennes étudiantes à Fribourg. La fondatrice de la communauté des Petites soeurs de la Compassion, d’Israël et de Saint-Jean, a été accusée de dérives sectaires.
Interrogé le 15 février dernier par l’agence I.MEDIA à Rome, où le pape Benoît XVI rencontrait 1’800 membres de la Communauté Saint-Jean à l’occasion de son 30e anniversaire, le frère Jean-Pierre Marie, prieur général, avait signalé que les apports avec le Vatican « sont bons », lui-même venant régulièrement à Rome. Il ne savait en revanche pas quand la communauté serait reconnue au niveau « pontifical ».
« L’intention profonde de notre Jubilé est celle d’un renouvellement dans la foi », avait-il par ailleurs expliqué. Il s’agit aussi « de purifier les mémoires et de reprendre, face à Dieu, l’appel originel », a-t-il poursuivi, rappelant que la communauté avait connu un certain nombre « d’épreuves ces derniers temps ». Parmi elles figurent la difficulté à changer de responsable en 2001 (le fondateur de la communauté en avait été jusqu’alors le prieur), le départ de nombreux religieux de la communauté, la critique de certains frères de la communauté d’un manque de discernement et de formation en son sein, ainsi que des accusations de sectarisme venant de l’extérieur.
Mais, pour le frère Jean-Pierre Marie, ces épreuves auront « fortifié » la communauté, lui permettant un meilleur travail de discernement dans sa mission et dans ses appels. En juin dernier, pour ses 70 ans de sacerdoce, le Père Philippe avait reçu les encouragements et la bénédiction de Benoît XVI. (apic/com/be)
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