Fribourg: Le Foyer Jean-Paul II, déficitaire, repris par une nouvelle fondation
Fribourg, 13 novembre 2006 (Apic) Construit en 1988 pour accueillir des prêtres âgés du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), le Foyer Jean-Paul II, situé à Villars-sur-Glâne, aux portes de Fribourg, a accumulé les déficits structurels. Avec ses 32 lits, cet EMS destiné en priorité aux membres du clergé – mais ils ne représentent que le tiers des occupants – a dû très rapidement ouvrir ses portes à des laïcs.
Toutefois, la petite taille de cet EMS engendrant fatalement des déficits structurels (pertes cumulées de plus de 2,5 millions de francs à charge de l’évêché) a forcé le Conseil de fondation du Foyer Jean-Paul II, propriétaire actuel de l’EMS, à confier son sort à une nouvelle fondation.
Appelée « Rose d’automne », cette fondation présidée par l’avocat Damien Piller, et dont le vice-président sera Mgr Rémy Berchier, vicaire général du diocèse (actuel président de la fondation Jean Paul II), est reconnue d’intérêt public. Pour que cette nouvelle entité ne soit pas déficitaire, la fondation repreneuse projette en plus de construire 51 logements protégés pour personnes âgées (deux-pièces et studios). Ce projet à caractère non lucratif est destiné à créer des logements à prix de revient, permettant ainsi d’offrir des loyers modérés et de profiter des synergies avec l’EMS Jean Paul II.
Au cours d’une conférence de presse lundi au Foyer Jean-Paul II, Mgr Berchier s’est dit soulagé de la solution trouvée, car l’évêché cherchait des solutions depuis plusieurs années, mais aucune proposition n’avait abouti. Après avoir remercié René Thomet, directeur de l’EMS Les Martinets à Villars-sur-Glâne, qui assure depuis plus d’un an la direction ad interim du Foyer Jean-Paul II, Mgr Berchier a affirmé que la solution trouvée était « un projet d’avenir ». Et de se dire soulagé, car la dette accumulée par l’EMS devenait beaucoup trop lourde pour l’évêché.
« Il est très difficile pour un foyer de 32 lits de survivre financièrement dans le contexte actuel des maisons pour personnes âgées dans le canton de Fribourg; l’idéal serait de compter entre 65 et 70 lits pour qu’un EMS puisse s’en sortir aisément », lâche le président du Conseil de fondation. Depuis trois ans, le Foyer a cherché des solutions, « mais toutes les tentatives dans ce sens ont échoué », lâche-t-il. D’autant plus que le Conseil de fondation ne voulait en aucun cas changer le but de cette maison et se voir contraint à placer ses résidants ailleurs, tout en devant licencier du personnel.
La seule solution viable: « Rose d’automne »
« Après avoir épuisé tout ce qui lui semblait réalisable » – notamment une proposition de mariage avec l’EMS de la Sarine ou la reprise par la Commune de Villars-sur-Glâne -, le Conseil de fondation a rencontré l’avocat Damien Piller, ce qui a abouti au projet de Résidence pour personnes âgées. La nouvelle fondation, qui portera le nom de « Rose d’automne », va donc reprendre le Foyer Jean-Paul II et construire d’ici septembre 2008 une résidence de 51 logements.
Quant à la direction et l’administration du Foyer Jean-Paul II, Damien Piller souhaite une collaboration étroite, sous la forme d’un mandat de prestations (pour un prix de 100’000 francs par année), avec la Résidence Les Martinets, à Villars-sur-Glâne. Une proposition formelle a été faite dans ce sens la semaine passée au Conseil de fondation des Martinets et il attend la réponse.
L’avantage de cette formule, à ses yeux, serait notamment de dégager une efficacité et des économies d’échelle substantielle, les deux EMS représentant 100 lits, « idéal au niveau du volume d’activité ». Une direction unique pour des établissements situés sur deux sites est déjà appliquée avec succès dans d’autres districts du canton de Fribourg, pour des institutions de taille similaire à celle des deux EMS situés à Villars-sur-Glâne.
L’objectif de la nouvelle résidence est de combler le manque, qui sera de plus en plus flagrant, de logements destinés à des aînés souhaitant vivre de manière indépendante tout en bénéficiant de différents services leur permettant d’éviter de devoir entrer dans un EMS. Ainsi, un service de garde 24 heures sur 24, un service de repas, de soins légers et de nettoyage sera organisé. Les locataires des appartements pourront y recourir, à la carte, en fonction de leurs besoins et de leurs souhaits. Un médecin-conseil passera de manière régulière dans la Résidence.
Dans ses séances des 6 et 7 novembre 2006, les Fondations propriétaires du Foyer Jean-Paul II et du terrain adjacent ont décidé d’accepter la proposition qui leur a été faite. La nouvelle fondation deviendrait ainsi propriétaire du Foyer Jean-Paul II (pour un prix de 3’750’000 francs suisses, correspondant à la valeur nette de l’objet au bilan mais qui resteront sous forme de prêt à la nouvelle fondation, les pertes cumulées, de plus de 2’500’000 francs, par la fondation actuellement propriétaire, étant abandonnées). « L’hémorragie financière sera ainsi stoppée », a insisté Damien Piller.
La Fondation « Rose d’automne » acquérra la parcelle d’une surface de 6’300 m² située au Sud du Foyer Jean-Paul II pour un prix négocié qui ne sera pas celui du marché. Elle construira 36 logements de 2 pièces de 54 m² et 15 studios de 46 m², ainsi qu’un parking souterrain de 21 places, représentant un investissement total de 11 millions de francs. Selon l’étude qui a été réalisée, l’équilibre de l’opération sera assuré par des loyers de CHF 1’050.– par mois pour les studios et de CHF 1’200.– pour les deux pièces.
Ni la Fondation Les Martinets, ni la Commune de Villars-sur-Glâne n’assumeront une quelconque responsabilité financière en lien avec le Foyer Jean-Paul II et la Résidence seniors, a souligné Damien Piller. « Le seul lien juridique serait le contrat de mandat, qui prévoit des prestations précises pour une rémunération fixée en l’espèce de manière forfaitaire et équitable ». JB
Encadré
Mgr Berchier déplore les accusations de maltraitance psychologique
Si le Conseil de fondation est venu si vite devant la presse, c’est en raison d’un article paru samedi 11 novembre dans le quotidien romand La Liberté et parlant de « gestion chaotique » et de « maltraitance psychologique de résidants » à l’EMS Jean-Paul II. Mgr Berchier a déploré que l’on ait mentionné à cette occasion des « soi-disant négligences dans les soins apportés aux résidants » et dans la gestion des relations humaines du personnel du Foyer. « Les investigations nécessaires sont demandées et nous en attendons les conclusions; après seulement, nous pourrons prendre, le cas échéant, les mesures qui s’imposeraient ».
Néanmoins, a poursuivi Mgr Berchier, « la crédibilité de notre maison et de son personnel a été mise en doute par cet article ». Le Conseil de fondation a dû rassurer le personnel et les résidants et a exprimé sa volonté de renforcer un climat de confiance réciproque. Le directeur ad intérim a également affirmé que « les graves accusations de maltraitance psychologique des résidants » du Foyer Jean-Paul II, lancées par une famille, portent un discrédit grave envers le travail du personnel de soins. L’accusation de la famille du résidant font actuellement l’objet d’une plainte auprès de la Commission de surveillance des professions de la santé. Le Foyer Jean-Paul II a jusqu’au 15 novembre pour répondre point par point aux accusations, a noté René Thomet, mais comme il s’agit d’une affaire en cours d’instruction, aucune information ne peut être communiquée. D’ailleurs, le personnel du Foyer et sa direction sont liés par le secret professionnel, ce qui ne leur permet pas de se défendre publiquement.
Le directeur ad interim s’est dit choqué par les propos prétendant que les activités principales des résidants, outre les repas, sont la messe quotidienne à 10h et le chapelet à 17h30. « J’estime ces propos insultants face au travail merveilleux et au temps consacré par nos animatrices dans des activités variées et nombreuses dans le cadre de l’animation du home ».
René Thomet a lui-même sollicité ce lundi le docteur Chung-Yol Lee, médecin cantonal, chargé de la surveillance de la qualité des soins et de la sécurité dans les EMS, afin qu’il effectue une enquête dans les meilleurs délais au Foyer Jean-Paul II. « J’attends qu’il se prononce sur l’existence éventuelle de pressions ou de maltraitance psychologique envers ses résidants ». Il a relevé que le personnel du Foyer était « blessé et triste » et a un « profond sentiment d’injustice face à ces accusations ». (apic/be)
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