Rwanda: L’abbé Athanase Seromba reconnu coupable de génocide
Arusha, 13 décembre 2006 (Apic) L’abbé Athanase Seromba, un prêtre hutu rwandais, a été condamné le 13 décembre par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha à 15 ans de prison. Il a été reconnu coupable de « génocide et extermination » lors des massacres qui ont eu lieu dans son pays en 1994. L’abbé Seromba a déclaré avoir été impuissant à mettre un terme aux massacres.
Le prêtre rwandais âgé de 43 ans était accusé d’avoir ordonné la destruction de sa propre église à Nyange, dans la commune de Kivumu (préfecture de Kibuye), à l’ouest du Rwanda, où près de 2’000 Tutsis avaient cherché refuge. On lui reprochait également d’avoir envoyé des miliciens pour tuer les survivants à l’aide de machettes et de fusils. Tous ceux qui étaient dans ce bâtiment ont trouvé la mort.
Les juges Andrésia Vaz, présidente, Karin Hökborg et Gberdao Gustav Kam, ont déclaré mercredi qu’il avait « contribué de manière substantielle » à la destruction de son église à l’aide d’un bulldozer – mesure ordonnée en fait par des autorités communales, selon le conducteur de l’engin.
L’abbé Seromba est le premier prêtre catholique jugé par le TPIR. Il avait plaidé non coupable et les chefs d’accusation, à savoir « l’entente en vue de commettre le génocide » et la « complicité de génocide » n’ont pas pu être établis par le tribunal. Athanase Seromba, qui était réfugié en Italie depuis 1997 et poursuivait son ministère religieux dans une paroisse de Florence, s’est rendu au TPIR le 6 février 2002. Cette reddition lui aurait été conseillée par le Saint-Siège, selon certaines sources.
Son procès avait commencé le 20 septembre 2004 devant la troisième Chambre de première instance du TPIR. Le 27 juin 2006, l’accusation avait requis contre lui la peine maximale, soit la prison à vie. Le prêtre a toujours plaidé non coupable, expliquant n’avoir eu aucun pouvoir pour faire cesser les tueries, malgré le fait d’avoir essayé de mettre un terme au massacre. Le plus haut responsable religieux arrêté par le tribunal, l’évêque anglican Samuel Musabyimana, est mort en détention début 2003.
A noter que deux autres prêtres catholiques, les abbés Emmanuel Rukundo et Hormisdas Nsengimana, sont détenus par le TPIR, tandis que le pasteur adventiste Elizaphan Ntakirutimana vient d’être libéré après 10 ans de détention. (apic/bbc/tpir/be)
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