L’Eglise grecque-catholique a survécu à 40 ans dans les « catacombes »
Bucarest, 3janvier(APIC) Le « Conseil du Front de salut national » (CFSN),
qui dirige la Roumanie depuis la chute du dictateur Nicolae Ceaucescu, a
relégalisé l’Eglise grecque-catholique « uniate », une Eglise de rite byzantin rattachée à Rome depuis la fin du 17e siècle mais dissoute par décret
en décembre 1948, durant la période stalinienne. Ce décret interdisant
l’Eglise uniate, ainsi qu’un décret d’application de 1949, ont été annulés
par le CFSN.
Cette Eglise a survécu plus de 40 ans dans les « catacombes » après son
intégration forcée dans l’Eglise roumaine orthodoxe. On ne sait pas encore
si l’on va réorganiser les six diocèses grecs-catholiques qui existaient
jusqu’en 1948 et comment l’on va régler la restitution des églises et biens
ecclésiastiques des « uniates » attribués à l’Eglise orthodoxe. Vivant dans
la clandestinité – à l’instar des « uniates » d’Ukraine – ces catholiques
sortent désormais des catacombes à la faveur des événements dramatiques qui
secouent depuis quelques semaines la Roumanie. Mgr Justin Pavel, « évêque
clandestin » de cette Eglise grecque-catholique qui comptait près d’un million et demi de fidèles avant sa dissolution, a exprimé fin décembre à la
télévision roumaine libre sa joie qu’après « 41 ans de souffrances, le ciel
a répondu à notre souhait de liberté ».
Les catholiques de rite oriental commencent déjà à se réorganiser en
plein jour dans leur région d’origine, la Transylvanie, confirme Mgr Ioan
Robu, administrateur apostolique de Bucarest. En 1945, la Roumanie comptait
l’Eglise grecque-catholique la plus importante d’Europe centrale, avec un
million et demi de membres, un peu plus que l’Eglise catholique de rite latin. Elle venait au deuxième rang dans ce pays à l’époque à 80 % orthodoxe.
Ses relations avec l’Eglise orthodoxe étaient très étroites; elle avait décidé, lors du Synode d’Alba Julia (Transylvanie) en 1698, une union avec
Rome, tout en préservant sa liturgie particulière et son clergé marié dans
les paroisses.
Lors du synode de Cluj du 1er octobre 1948 – considéré comme canoniquement invalide – fut décidée sous la contrainte la réunion avec l’Eglise orthodoxe. Le refus de cette décision fut payé par la prison pour les six
évêques de cette Eglise, un demi-millier de prêtres et des centaines de
laïcs et religieux, affirme l’ »Aide à l’Eglise en détresse ». Le seul évêque
qui survécut à la captivité, Mgr Juliu Hossu, fut nommé secrètement (« in
pectore ») cardinal par le pape Paul VI en 1968.
Des améliorations également pour les catholiques de rite latin
On s’attend également à des améliorations pour les catholiques de rite
latin, qui n’ont pas eu non plus la vie facile ces quatre dernières décennies. Si elle bénéficiait d’une existence semi-légale, l’Eglise catholique
roumaine souffrait d’un « statut » imposé par le pouvoir communiste, qui limitait par exemple le nombre des diocèses à deux : Bucarest et Alba Julia,
avec à leur tête un évêque. Les quatres autres diocèses latins (Iasi, Oradea Mare, Satu Mare et Timisoara) ne pouvaient être dirigés que par des
« ordinaires » sans ordination épiscopale. Pour Ceaucescu, l’Eglise catholique romaine était quasiment hors la loi, et ses relations avec le SaintSiège ou d’autres institutions ecclésiastiques de l’étranger pouvaient tomber sous le coup de la loi.
L’administrateur apostolique de Bucarest, dans une interview accordée à
l’agence de presse catholique « Kathpress » à Vienne, affirme lapidairement :
« C’est tout à fait merveilleux, grandiose, que l’on puisse enfin se sentir
libres ». Il se réjouit surtout que l’Eglise peut désormais avoir à nouveau
librement des contacts avec le pape « qui a toujours été proche de nous ».
Bien que l’Eglise catholique de rite latin soit très minoritaire dans
une population majoritairement orthodoxe, et qu’elle était quasiment dépourvue de droits, « elle a pu maintenir une grande influence dans le peuple », affirme Mgr Ioan Robu. Les observateurs ont d’ailleurs pu constater
que les paroisses latines sont restées très vivantes et qu’elles étaient
non seulement actives au point de vue religieux, mais également dans le domaine social et sanitaire. Elles ont aussi servi de refuge pour préserver
la culture des minorités hongroises, allemandes et croates, menacées de
« roumanisation » forcée. (apic/kpr/be)
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