Accusé de crimes commis sous la dictature militaire

Argentine: Le Père Christian von Wernich va prochainement passer devant un tribunal

Buenos Aires, 22 décembre 2006 (Apic) Argentine: Le Père Christian von Wernich va prochainement passer devant un tribunal argentine, le Père Christian von Wernich doit passer devant un tribunal de La Plata, selon un procureur de l’Etat argentin. Ce prêtre, en détention depuis 2003, servait comme aumônier et confesseur au sein de la « Bonaerense », la police de Buenos-Aires, responsable de nombreuses tortures et disparitions durant la dictature.

Le prêtre catholique visitait des prisons clandestines, accompagnait des opérations militaires et participait à des interrogatoires durant la dictature militaire. Il est accusé de participation à des enlèvements, tortures et homicides, ont confirmé des sources judiciaires en cette veille de Noël. EIles se basent sur des informations obtenues auprès du procureur fédéral de La Plata, Sergio Franco.

L’ancien aumônier de la « Bonaerense » est accusé de complicité active dans les assassinats de Domingo Moncalvillo, Maria del Carmen Morettini, Cecicial Idiart, Maria Magdalena Mainer, Pablo Mainer, Liliana Galarza et Nilda Susana Salomone. Il s’était réfugié pendant plusieurs années au Chili, avant d’être découvert.

Le Père von Wernich, confesseur de l’ancien chef de la Police de Buenos Aires durant la dictature, le général Ramon Camps, est surnommé l’ »Ange exterminateur » par les associations humanitaires argentines. Le prêtre issu d’une famille immigrée d’origine allemande, âgé de 68 ans, est en prison depuis septembre 2003 sur ordre du juge fédéral Arnaldo Corazza. Il est interné dans la Division Antiterroriste de la Police Fédérale.

Dans les prisons clandestines avec les tortionnaires

Von Wernich sera le premier prêtre à être jugé pour son rôle sous la dictature militaire (1976-83), durant laquelle quelque 30’000 personnes ont été assassinées ou ont « disparu ». Les audiences devant le tribunal devraient commencer en mars ou avril prochain. L’ex-aumônier de la Police de Buenos Aires, selon les organisations de défense des droits de l’homme, contribuait à briser moralement la volonté des torturés, leur demandant de parler – « parce que c’est ce que Dieu veut! », disait-il aux suppliciés – et jouait également un rôle important pour obtenir le silence des familles de disparus.

Marta Vedio, secrétaire-générale de l’Assemblée permanente des droits de l’homme dans la ville de La Plata, a déclaré à l’agence de presse catholique américaine CNS que l’affaire visant le Père von Wernich remonte à la période 1976-77 et est basée sur un grand nombre de témoignages. « Je pense que nous avons une très bonne chance de le voir condamné », a-t-elle estimé. Un porte-parole de la Conférence des évêques argentins a déclaré à CNS que l’Eglise n’avait pas l’intention de commenter cette affaire. Une partie de l’Eglise argentine a soutenu la dictature militaire, sous prétexte de lutte contre la « subversion communiste ».

Le 1er septembre 2003, l’Eglise argentine a réagi vigoureusement contre une affirmation de Reynaldo Bignone, le dernier chef de la junte militaire qui a terrorisé l’Argentine entre 1976 et 1983. Cet ex-général de division avait affirmé à la journaliste Marie-Monique Robin (Prix Albert Londres 1995) que le régime avait consulté des évêques catholiques sur l’usage de la torture en mai 1977. Selon lui, ils auraient affirmé que la torture était permise dans certaines circonstances. Ce qui a fait bondir le secrétaire général de la Conférence épiscopale argentine, Mgr Sergio Fenoy, qui a affirmé qu’il était « absolument faux et inacceptable » de mettre en relation l’Eglise et la torture. Et de relever que si un membre quelconque de l’Eglise eût été complice de tels faits, il l’aurait fait sous sa propre responsabilité, « se trompant, péchant contre Dieu, l’humanité et sa conscience ». (apic/com/cns/be)

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