Rome: Le pape loue l’action de l’abbé Pierre en faveur des pauvres
Rome, 23 janvier 2007 (Apic) Benoît XVI a rendu grâce pour « l’action en faveur des plus pauvres » réalisée par l’abbé Pierre, décédé dans la matinée du 22 janvier. Il a transmis ses condoléances dans un message adressé en son nom, le 23 janvier, par le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone au président de la Conférence épiscopale de France.
Après la mort de l’abbé Pierre, Benoît XVI a transmis le 23 janvier ses condoléances au président de la Conférence épiscopale de France, le cardinal Jean-Pierre Ricard. « Informé du décès de l’abbé Pierre, le Saint-Père rend grâce pour son action en faveur des plus pauvres, par laquelle il a donné un témoignage de la charité qui nous vient du Christ », a ainsi écrit le cardinal Bertone dans son message en français transmis au nom du pape au cardinal Ricard. « Il le confie à la miséricorde divine et demande au Seigneur d’accueillir dans la paix de son royaume ce prêtre qui a toute sa vie lutté contre la misère ».
Dans son message, le pape a « envoyé de grand coeur » aux proches de l’abbé Pierre, aux membres de la communauté d’Emmaüs ainsi qu’à tous ceux réunis pour la cérémonie d’adieu, sa bénédiction apostolique « en gage de réconfort et d’espérance ».
La mort de cette grande personnalité a suscité un grand émoi chez les Français. Jacques Chirac a annoncé pour le 26 janvier, un hommage national pour le fondateur d’Emmaüs, décédé à l’âge de 94 ans, à l’hôpital du Val-de-Grâce, à Paris. Les funérailles, seront célébrées dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ceux qui le souhaitent pourront se recueillir dans la chapelle du Val-de-Grâce, où sera placé le cercueil les 24 et 25 janvier. Un grand rassemblement sera en outre organisé dans la soirée du 25 janvier à Bercy.
Des liens d’amitié avec la Suisse, où il venait souvent
Longtemps personnalité préférée des Français, le fondateur des compagnons d’Emmaüs est décédé à Paris le 22 janvier 2007 à l’aube. Henri Grouès était né le 5 août 1912 à Lyon. Entré chez les Capucins, il avait ensuite rejoint le clergé diocésain à Grenoble. En 1942, il ralliait la Résistance. De 1941 à 1943, il faisait passer des Juifs et des évadés en Suisse. Parmi les réfugiés qui ont bénéficié de son appui, le propre frère du général de Gaulle. C’est à ce moment là qu’il prit son nom de guerre, Abbé Pierre. Il avait aussi diffusé des journaux de la presse clandestine. Une fois découvert et arrêté par l’armée allemande, l’abbé Pierre s’était évadé, passant en Espagne, puis en Algérie.
En Suisse, la « vigne à Farinet » – la plus petite vigne du monde – a été crêpée de noir lundi 22 janvier à Saillon (Valais) après le décès de l’abbé Pierre. Celui-ci en avait été le récipiendaire entre 1994 et 1999. Une messe a été dite à sa mémoire mardi soir 23 janvier à Sion.
Il s’était rendu célèbre en lançant un vibrant appel en faveur des sans-abri en février 1954, sur les ondes de Radio-Luxembourg. Depuis, il était devenu la figure emblématique de la lutte contre la pauvreté, prenant la défense des mal-logés, des immigrés sans-papiers ou des déboutés du droit d’asile en France.
Parfois en marge de l’Eglise, l’Abbé Pierre s’est prononcé en faveur du mariage des prêtres ou de l’ordination des femmes, reconnaissant même dans ses mémoires avoir fait une entorse à son voeu de chasteté. Seul véritable faux pas, en 1996, il avait soutenu son vieil ami, l’intellectuel communiste Roger Garaudy, qui venait de publier un livre à caractère antisémite. Ce dont il s’excusa après-coup.
L’Abbé Pierre « a contribué à surmonter l’image négative que certains avaient de l’Eglise », a aussi déclaré le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la culture, le jour de sa mort. Pour lui, le fondateur des compagnons d’Emmaüs a « contribué à faire en sorte que les gens comprennent ce qu’explique l’Encyclique de Benoît XVI, ’Dieu est charité’ : l’Eglise toute entière et tous les chrétiens sont charité ». Pour sa part, le cardinal Roger Etchegaray, président émérite du Conseil pontifical Justice et Paix, a qualifié l’Abbé Pierre de « pionner de la charité », voyant en lui « un exemple vivant de l’amour envers le prochain » et « une icône de la solidarité ». Selon le cardinal français, sa disparition laissera « un grand vide » mais aussi « un grand héritage, la communauté d’Emmaüs ». (apic/ar/ag/vb)
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