Sénégal: La religion omniprésente dans le discours politique en vue des présidentielles
Dakar, 18 février 2007 (Apic) La religion est omniprésente dans le discours politique en vue des présidentielles du 25 février prochain au Sénégal. L’un des quinze candidats à l’élection présidentielle, Cheikh Bamba Dièye, a exhorté les leaders politiques à « plus de sérieux et de responsabilité » dans leurs discours sur la religion ou les confréries. La foi religieuse, a-t-il dit, doit être intériorisée et vécue comme telle.
Le Sénégal vit une campagne électorale de 21 jours (4-23 février) durant laquelle certains candidats, particulièrement le président sortant, Abdoulaye Wade, proclament publiquement leur appartenance à l’islam, et à une confrérie. Lors d’un premier grand rassemblement de début de campagne, le 4 février dernier, il a revendiqué, devant des milliers de ses militants et sympathisants, son appartenance l’islam et à la Confrérie mouride, l’une des plus importantes du pays. La loi sénégalaise interdit pourtant, pendant une campagne électorale, toute identification à une religion, à un sexe, à une région et à une ethnie.
Candidat du Front pour le socialisme et la démocratie (FSD), Cheikh Bamba Dièye a hérité la place de son père, décédé en mars 2002, à la tête de ce parti. Son défunt père, Cheikh Abdoulaye Dièye, était est dignitaire musulman. Il avait introduit, pour la première fois dans une campagne électorale, dès 1998, un discours religieux et « confrérique ». Membre de la Confrérie des mourides, il commençait ses interventions politiques par l’invocation de Dieu et de son unicité, tout en se référant à son guide marabout. Il s’était présenté à la présidentielle de 2000 sous un slogan religieux: « Allahou Wahidoune » (Dieu est unique) et avait obtenu 1% des voix. Malgré cette violation manifeste de la loi, il n’a jamais été inquiété, jusqu’à sa mort.
Pour son fils, Cheikh Bamba Dièye, 40 ans, ingénieur de travaux publics, il faut que les hommes politiques soient « un peu plus sérieux ». « J’ai souvent écouté, pendant la campagne présidentielle, certains d’entre eux proclamer urbi et orbi leur appartenance à la communauté mouride et prier maintes fois sur Serigne Saliou Mbacké » (khalife général des mourides, dont le fief est dans la ville sainte de Touba), a-t-il fait remarquer. Or, « l’islam, n’est pas un habit. Il faut l’avoir en soi plutôt qu’en façade », a-t-il indiqué dans un déclaration devant des militants et sympathisants.
Du bon usage du Coran à des fins électoralistes
Dans une autre déclaration aux journalistes qui l’accompagnent dans sa campagne, Cheikh Bamba Dièye a qualifié de « cirque » les hommes politiques qui prennent l’islam comme « habit ». Ils ne peuvent pas tromper les marabouts sérieux et vertueux, a-t-il encore indiqué.
Ces propos de Dièye rejoignent les nombreuses critiques de l’opinion publique sénégalaise contre le recours systématique des hommes politiques à l’islam et leur appartenance confrérique.
Cet usage excessif de l’islam et de versets de Coran a été condamné, à la veille du coup d’envoi de la campagne électorale, par le Collectif des jeunes chefs religieux du Sénégal (CJCRS). Association regroupant de jeunes marabouts intellectuels dont certains ont fait des études dans les universités et instituts des pays arabes, le collectif avait mis en garde les hommes politiques sénégalais, contre toute utilisation du Coran pendant la campagne électorale. (apic/ibc/be)
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