Prague: Rebondissement dans l’affaire de la restitution de la cathédrale St-Guy à l’Eglise
Prague, 23 février 2007 (Apic) La Cour suprême tchèque à Prague a décidé d’annuler une décision de la Cour d’appel de l’an dernier attribuant la possession de la cathédrale St-Guy de Prague à l’Eglise catholique. Le litige pour les droits de propriété de la cathédrale historique du XIVe siècle remonte à 1992. A cette date, l’Eglise tchèque a porté plainte contre l’Etat pour retrouver la propriété de la cathédrale et des bâtiments adjacents confisqués en 1954 sous le régime communiste.
Un porte-parole des évêques tchèques a sévèrement critiqué le dernier jugement de la Cour suprême tchèque. Il s’agit d’un arrêt stipulant que l’Eglise catholique ne possède pas la cathédrale historique de Prague.
Le porte-parole, Jiri Gracka, a déclaré à l’agence de presse américaine « Catholic News Service » que l’Eglise n’avait même pas été avertie de la dernière action en justice dans cette querelle qui dure depuis 15 ans. Le 19 février, en effet, un arrêt de la Cour suprême a dénoncé une décision prise il y a un an qui reconnaissait l’Eglise catholique comme propriétaire légale de la cathédrale St-Guy, un édifice gothique qui contient les tombes de la famille royale de Bohème.
« Même si elle est privée de sa propriété, l’Eglise continuera à tenir des services religieux dans la cathédrale », a-t-il déclaré, ajoutant que « ce jugement confirme les préjugés négatifs qui demeurent contre l’Eglise catholique dans le pays ». Il attribue cette décision à des manoeuvres politiques. « Il est absurde que tout le processus doive recommencer », a-t-il encore dit.
Le flou qui règne dans cette affaire vient de l’interprétation de la loi. Pour la Cour suprême, le complexe de la cathédrale est passé sous l’administration de l’Etat par une loi adoptée par l’Assemblée nationale en 1954. Cette loi reste toujours en vigueur, la Cour constitutionnelle ne l’ayant jamais abolie, en dépit des tentatives de 1999. A la suite de démarches de l’Eglise catholique, la Cour d’appel avait tranché en 2006 en faveur de cette dernière. C’est cette décision qui est annulée par la Cour suprême. Mais pour Petr Zdercik, avocat de l’Eglise, la décision de 1954 était une décision des temps totalitaires, et la cathédrale n’a jamais cessé d’appartenir à l’Eglise catholique.
Divers arguments
Du côté catholique, l’édifice est considéré comme la « mère des églises tchèques », alors que pour les autres il est plutôt le symbole de la nation. Les défenseurs de l’Eglise demandent que soient réglées toutes les questions de restitution des biens confisqués sous le régime communiste. Ils exigent aussi que soient enfin ratifiés les accords du pays avec le Vatican, la Tchéquie étant le seul et dernier Etat à ne pas l’avoir fait.
Du point de vue politique, la cathédrale est avant tout un joyau gothique reflet de la nation. C’est aussi le lieu où se sont déroulés les principaux événements civiques du pays. De plus, en passant en mains de l’Etat, les visites de l’édifice, selon le Parti démocratique civique ODS, du leader conservateur Mirek Topolanek, ne coûteraient rien alors qu’elles sont soumises par l’Eglise à un droit d’entrée assez élevé. (apic/cns/rp/vb/be)
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