Torturés, violés, forcés à se convertir

Irak: Les Mandéens/sabéens, religion ultraminoritaire bientôt en extinction

Damas, Syrie, 5 mars 2007 (Apic) Les adeptes d’une des plus anciennes religions du monde, les Mandéens connus également sous le nom de sabéens, implantés en basse Mésopotamie risquent l’extinction en Irak, où ils subissent des sévices de la part des islamistes. Réfugiés en Syrie et en Jordanie, ils témoignent.

Les Mandéens/sabéens lancent un cri d’alarme. Les extrémistes islamistes sont en train de les pousser hors d’Irak à coups de meurtres, viols et conversions forcées.

Les représentants de cette religion ultraminoritaire, qui date des premiers siècles après J.-C., étaient implantés en Irak déjà avant l’islam. Plus de 80% ont été forcés de fuir l’Irak, où ils étaient environ 50’000, pour se réfugier maintenant en Syrie et en Jordanie. Même là, ils ne sont pas en sécurité, mais disent que les gouvernements occidentaux ne veulent pas d’eux.

Un petit garçon de 9 ans, interviewé par le reporter de BBCNews le 4 mars, réfugié à Damas avec sa famille, témoigne. Les autres garçons se moquent de lui, il reste à la maison devant la TV ou à jouer à des jeux électroniques. Mais il est trop effrayé pour quitter son appartement. Il souffre de brûlures sur tout le côté du visage et sur 20% de son corps. Kidnappé par des militants islamistes, il a été forcé à sauter dans un feu, juste parce qu’il est Mandéen.

Violé devant sa femme parce qu’elle ne porte pas le voile

Quant à Luay, il a été converti de force à l’islam. Ce qui signifie qu’aux yeux de l’Islam, s’il se déclare maintenant Mandéen, il est un apostat. Cela ferait de lui un traître à l’islam et il risque d’être tué par des extrémistes dans n’importe quel pays musulman, pense-t-il. Enhar, dont la femme refusait de mettre le voile, a été, lui, violé par des hommes armés devant sa femme. Quant à Mazen, c’était un joaillier prospère qui vit aujourd’hui dans un appartement insalubre à Damas. Ses jambes sont criblées de balles de mitraillette.

L’un des 5 évêques mandéens encore en fonction aujourd’hui dans le monde, Ganzevra Sattar, affirme que sa communauté vit un génocide et que ses fidèles n’ont pour choix que la conversion ou la mort. « Certains ne nous considèrent pas comme un peuple du Livre. Ils nous voyent comme des incroyants. Résultat: on a le droit de nous tuer ». Dans un Etat laïc, ces docteurs, ingénieurs, bijoutiers seraient prospères, ajoute-t-il. Mais en Irak, sans loi et sous la coupe de l’intégrisme religieux, il craint qu’ils ne soient tous éliminés. Il plaide pour que l’Ouest accueille les siens comme réfugiés.

Environ 2 millions d’Irakiens ont fui en Syrie, en Jordanie et en Turquie. Mais il n’y a pas de plans pour accueillir un nombre plus grand à l’Ouest. Les Etats-Unis ont offert l’accueil à 7’000 réfugiés, tandis que la Grande Bretagne « considèrera chaque cas selon ses mérites ».

Le mandéisme est une religion dualiste née aux premiers siècles de notre ère. Aujourd’hui encore, il existe quelques groupes éparpillés en basse Mésopotamie. De nombreux textes mandéens ont été découverts au cours des siècles, et il existe des sources concernant cette croyance. L’oeuvre majeure est le Ginza, le Trésor, écrit entre le VII ème et le VIII ème siècle après JC. Les Mandéens sont pacifistes, adeptes d’Adam, de Noé et de Saint Jean Baptiste. (apic/bbcnews/vb)

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