Rome: La Fabrique de Saint-Pierre gardienne du temple
Rome, 14 mars 2007 (Apic) Benoît XVI a visité, au terme de son audience générale hebdomadaire, le 14 mars, la Fabrique de Saint-Pierre. Chargée de la conservation artistique et historique de la basilique vaticane, celle-ci a été créée en 1506 par son lointain prédécesseur, le pape Jules II (1503-1513), au début des travaux de la basilique actuelle. Il avait créé cette institution pour qu’elle puisse surveiller et entretenir le nouvel édifice long de 193 mètres et haut de 120 mètres.
La basilique Saint-Pierre est un monument vivant dont le décor continue à évoluer au fil de l’histoire de l’Eglise. Aujourd’hui encore, l’expression « è la Fabbrica di San Pietro » (c’est la Fabrique de Saint-Pierre) désigne à Rome un travail sans fin. L’oeuvre incessante d’entretien et de rénovation de l’édifice est assurée depuis toujours par la Fabrique de Saint-Pierre. La gardienne du temple mène un travail de titan presque invisible aux visiteurs. A l’origine, c’est à coup d’indulgences et d’impôts spéciaux qu’elle a arraché à la chrétienté les 46 millions de ducats d’or nécessaires à la construction et ainsi fourni le prétexte à la Réforme luthérienne.
Richesses culturelles et artistiques qui demandent surveillance et entretien
Malgré les tourmentes, la Fabrique a traversé les siècles et comblé les caprices des papes, de Bramante, du Bernin ou de Maderno qui se sont épuisés à la tâche. Leurs lointains successeurs, réunis dans un collège d’architectes, observent, scrutent et sondent en permanence la basilique. A la moindre défaillance, ils interviennent sans plus attendre. Mais ceux qui nettoient sans cesse les bronzes et les marbres montent et démontent estrades et barrières des cérémonies participent aussi à cette méticuleuse auscultation.
Ces bedeaux ne sont pas ordinaires. Les ’Sanpietrini’, recrutés de père en fils ou d’oncle à neveu, sont une soixantaine à connaître la basilique dans ses moindres recoins. Ce sont des acrobates. Leurs prédécesseurs allaient placer des torches enflammées sur tout l’extérieur du bâtiment pour les grandes illuminations de Pâques. Depuis, l’électricité évite les accidents. Mais ils travaillent toujours à 30 ou 40 mètres du sol.
L’entretien de la basilique atteint ainsi un degré d’efficacité incomparable. Le mercredi, quand le pape donne son audience hebdomadaire, c’est l’heure du grand nettoyage. Pour faciliter l’entretien de cette vieille dame qui cache bien ses rides, la Fabrique de Saint-Pierre a fait le choix du fonctionnel. Fi des fresques et des toiles. Depuis le 18e siècle, au fur et à mesure, elles ont été remplacées par des mosaïques très fines, réalisées par l’atelier des mosaïques de la basilique.
Travail dans les hauteurs et dans l’ombre
Le « château », un échafaudage mobile qui ressemble à une tour de siège médiévale, permet de nettoyer dans les hauteurs. Pour travailler sur les frises inaccessibles, les ouvriers utilisent des ponts suspendus et des plates-formes spécialement conçues. Le pavement de marbre polychrome s’use inégalement sous les pieds des millions de touristes et de fidèles. Qu’à cela ne tienne, on le remplace. Autrefois le Colisée et les temples romains de l’antiquité servaient de carrière. Aujourd’hui, les marbres rouges viennent de France. Si l’un des grands parallélépipèdes de travertin du mur est un peu fatigué, il est déposé, traité en laboratoire avant d’être à nouveau fixé. Les techniques les plus modernes sont utilisées pour soigner les maladies de la pierre. Elle s’érode et dans les poutres de travertin se cachent des vides insoupçonnés qu’il faut combler de résine.
Une maquette du nouveau Saint-Pierre
Tout ce peuple d’artisans travaille en coulisses, dans les salles et les couloirs creusés dans les piliers et l’épaisseur des murs de Saint-Pierre. C’est là que dort la mémoire de la basilique. Dans ces combles sont conservées les reliques les plus précieuses et les archives. Les registres comptables de toutes les phases de la construction sont entassés dans un labyrinthe de couloirs étroits au-dessus des chapelles latérales. Un escalier creusé dans la muraille conduit à une salle octogonale. Elle cache un temple de l’imaginaire qui n’a jamais vu le jour: la maquette à taille humaine d’Antonio di Sangallo du projet originel du nouveau Saint-Pierre.
Présidée actuellement par Mgr Angelo Comastri, aussi archiprêtre de la basilique, la Fabrique de Saint-Pierre accueille une centaine de « Sanpietrini ». Outre le nettoyage de la basilique, ils sont aussi chargés d’en surveiller les entrées et les sorties. Même si chaque employé est spécialisé en électricité, en maçonnerie ou dans tout autre domaine nécessaire à l’entretien de la basilique, ils deviennent tous « vigiles », chacun leur tour, se remplaçant toutes les demi-journées.
Encadré
La Basilique Saint-Pierre, coeur de l’Eglise catholique
Au terme de son audience générale hebdomadaire, en milieu de journée, le 14 mars, le pape Benoît XVI s’est rendu au siège de la Fabrique de Saint-Pierre, au Vatican. S’adressant aux employés de cette institution, le souverain pontife a noté qu’ils travaillaient dans « le coeur de l’Eglise catholique, un coeur qui bat grâce au Saint-Esprit » mais également grâce à leur action quotidienne. Il a souhaité que ce coeur puisse « continuer à battre (.), en attirant à lui des hommes et des femmes du monde entier et en les aidant à accomplir une expérience spirituelle qui marque leur existence ».
Benoît XVI a relevé qu’après plus de cinq siècles d’histoire depuis la pose de la première pierre de la basilique en 1506, celle-ci était toujours vivante. « Ce n’est pas un musée, c’est un organisme spirituel », a affirmé le pape avant de remercier les employés de la Fabrique de Saint-Pierre, les ’Sanpietrini’, de leur travail presque toujours caché.
Durant l’année 2006, de nombreuses manifestations (expositions, concerts, etc.) ont été organisées au Vatican pour commémorer les 500 ans de la basilique Saint-Pierre. La première pierre de l’actuelle basilique a en effet été posée le 18 avril 1506, durant le pontificat de Jules II. (apic/imedia/ami/js)
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