Interview du cardinal Tomasek, archevêque de Prague
Prague, 19février(APIC) Le cardinal Frantisek Tomasek, archevêque de Prague, considère que la situation de l’Eglise dans son pays est désormais
« normalisée », après les nominations qui ont permis la semaine dernière de
repourvoir les derniers sièges épiscopaux restés vacants en Tchécoslovaquie. Pour les catholiques du pays, il est en effet très important qu’enfin, après une attente parfois longue de 30 ans, il y ait désormais un évêque à la tête de chaque diocèse, a confié le primat tchèque à l’agence de
presse catholique « Kathpress » à Vienne. Il attend de ces nominations des
impulsions pour un renouveau de l’Eglise.
L’Eglise catholique de Tchécoslovaquie, qui a dû ces 46 dernières années
« faire des sacrifices pour témoigner de sa fidélité » peut désormais envisager l’avenir avec optimisme. « Nous avions une vie dure, mais maintenant
nous sommes plus riches pour l’avenir », déclare le cardinal. L’Eglise dans
le pays a retrouvé sa « totale liberté » après des décennies de répression.
« Et cela donne des espérances tout à fait nouvelles pour la vie de l’Eglise », ajoute-t-il.
Le cardinal et son évêque auxiliaire, Mgr Antonin Liska, se déclarent
impressionnés par le témoignage de foi des croyants grecs-catholiques de la
Slovaquie orientale, où s’est déroulée samedi l’ordination du nouvel évêque
« uniate » de Presov, Jan Hirka. L’ordination, à laquelle plusieurs dizaines
de milliers de fidèles ont assisté, a dû être célébrée dans une halle de
gymnastique, l’ancienne cathédrale grecque-catholique de Presov étant toujours aux mains de l’Eglise orthodoxe depuis la dissolution et
l’interdiction de l’Eglise uniate il y a 40 ans. Une retransmission de la
messe à la télévision a donné à plusieurs millions de personnes l’occasion
de suivre l’ordination de l’évêque des 400’000 catholiques « uniates » de
Tchécoslovaquie, originaires principalement de la Slovaquie orientale, non
loin de la frontière avec l’Ukraine. Le dernier évêque grec-catholique de
Presov, Pavol Gojdic, fut arrêté en 1950 et mourut en captivité.
Des évêques sensibilisés au monde du travail
Mgr Liska a souligné le fait que la plupart des nouveaux évêques ont été
empêchés pendant longtemps d’exercer leur ministère de prêtres et ont dû
travailler comme ouvriers ou employés pour gagner leur vie. « Je considère
cela comme un avantage, a précisé Mgr Liska. Ils connaissent les problèmes
des gens ordinaires. Ils sont sensibles aux travailleurs et aux familles
issues du milieu ouvrier ». L’évêque auxiliaire souligne qu’il est extrêmement important pour des diocèses abandonnés depuis si longtemps d’avoir
maintenant « à nouveau un père, un maître, un pasteur ».
Mgr Liska souligne que les nouveaux évêques « ont été nommés sans
l’autorisation préalable de l’Etat », qui tentait auparavant d’imposer ses
candidats au cours d’âpres négociations. L’Eglise est maintenant « totalement libre » pour élire ses évêques. L’évêque auxiliaire s’est déclaré convaincu que « les autorités ne limiteront plus en aucune manière l’activité
de l’Eglise ». En effet, il est dans l’intérêt du bien commun qu’Eglise et
Etat collaborent de manière positive, relève-t-il.
« L’Eglise doit maintenant se renouveler complètement », souligne Mgr Liska. Des structures, jusqu’ici impossibles à organiser, doivent en effet
être constituées, dont la création « n’était pas possible jusqu’ici ». Il
faut ainsi mettre sur pied une Conférence épiscopale, et mettre en place
dans chaque diocèse les organes prescrits par le droit canon. (apic/kprcor)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/tchecoslovaquie-normalisation-de-la-situation-de-l-eglise-190290/