Benoît XVI dénonce l’apostasie de l’Europe

Rome: 50e anniversaire du Traité de Rome

Rome, 25 mars 2007 (Apic) Le pape Benoît XVI a dénoncé l’apostasie de l’Europe, à l’occasion du 50e anniversaire du Traité de Rome. Le pape a reçu en audience, le 24 mars, les participants au congrès de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE) organisé à Rome à l’occasion de cet anniversaire.

Le pape, dans un discours très ferme au ton intransigeant, a appelé les catholiques à s’engager politiquement, à recourir à l’objection de conscience dans une Europe déchristianisée afin d’édifier « une nouvelle Europe, réaliste, mais pas cynique ».

Benoît XVI a débuté son long discours en dessinant un bilan en clair-obscur de 50 ans d’histoire européenne. Reconnaissant que la construction européenne a conduit « à la réconciliation des deux poumons, l’Orient et l’Occident, liés par une histoire commune mais arbitrairement séparé par un rideau d’injustice », le pape a cependant souligné que l’intégration européenne « est à la recherche, encore péniblement en cours, d’une structure institutionnelle adéquate pour l’Union européenne qui désormais compte 27 pays et aspire à devenir dans le monde un acteur global ».

« D’un point de vue démographique, on doit malheureusement constater que l’Europe semble avancer sur une voie qui pourrait la porter à être mise en congé de l’histoire », a insisté le pape. Au-delà du « risque pour la croissance économique » la dénatalité peut « causer d’énormes difficultés à la cohésion sociale et surtout favoriser un individualisme dangereux ».

« On pourrait presque croire que le continent européen est en train de perdre confiance dans son propre avenir », a insisté Benoît XVI. « En ce qui concerne, par exemple, le respect de la nature ou l’accès aux ressources et aux investissements énergétiques, la solidarité est développée avec peine, non seulement au niveau international mais aussi dans le cadre strictement national. »

Les valeurs du christianisme

Ainsi, constate le pape, « le processus même d’unification européenne se révèle ne pas être partagé par tous, à cause de l’impression diffuse que différents ’chapitres’ du projet soient ’écrits’ sans tenir compte de façon adéquate des attentes des citoyens ».

« De tout ceci apparaît clairement qu’on ne peut penser à édifier une authentique ’maison commune’ européenne en négligeant l’identité propre des peuples de notre continent. Il s’agit en effet d’une identité historique, culturelle et morale, avant d’être géographique, économique et politique, une identité constitué d’un ensemble de valeurs, que le christianisme a participé à forger, acquérant ainsi un rôle non seulement historique, mais fondateur pour l’Europe ».

« De tels valeurs, qui constituent l’âme du continent doivent restées dans l’Europe du 3 eme millénaire comme ’ferment’ de civilisation », a insisté Benoît XVI.

A l’occasion du 50 eme anniversaire du Traité de Rome, les gouvernements de l’Union « comment pourraient-ils exclure une élément aussi essentiel de l’identité européenne qu’est le christianisme, auquel une grande majorité (de citoyens) continue à s’identifier ».

« N’est-ce pas un élément de surprise que l’Europe actuelle, alors qu’elle ambitionne d’être une communauté de valeurs, semble plus souvent contester qu’il y a des valeurs universelles et absolues ? » s’est interrogé le pape. « Cette forme singulière d’apostasie de soi-même, avant même celle de Dieu, ne l’induise peut-être à douter de sa propre identité ? ».

Pour le pape, un tel raisonnement conduit à faire en sorte que « le bien commun soit synonyme de compromis ». « En réalité, si le compromis peut constituer une balance légitime des divers intérêts particuliers, il se transforme en mal commun chaque fois qu’elle comporte des accords lésant la nature de l’homme ».

Présence dans le débat public

« Une communauté qui se construit sans respecter l’authentique dignité de l’être humain (.) finit par ne pas faire du bien à personne », a alors souligné le pape. C’est pourquoi « il apparaît toujours plus indispensable que l’Europe se garde de cette attitude pragmatique, aujourd’hui largement diffusée, qui justifie systématiquement le compromis sur les valeurs essentielles, comme s’il était l’inévitable acceptation d’un mal présupposé mineur ».

« Un tel pragmatisme présenté comme équilibré et réaliste, au fond ne l’est pas ». Ainsi à cause « des tendances et des courants laïcistes et relativistes », on « finit par nier aux chrétiens même le droit d’intervenir comme tels dans le débat politique, ou, pour le moins, on disqualifie leur contribution avec l’accusation de vouloir soutenir des privilèges injustifiés », a poursuivi le pape. Il a ainsi demandé aux catholiques d’être « présents de façon active dans le débat public au niveau européen et appelé « à la sauvegarde le droit à l’objection de conscience, à chaque fois que les droits humains fondamentaux seront violés ».

« Aussi difficile soit pour les chrétiens de défendre vaillamment cette vérité de l’homme, ne vous fatiguez pas et ne vous découragez pas ! » a insisté Benoît XVI. Le pape a enfin appelé les catholiques à « contribuer à édifier avec l’aide de Dieu, une nouvelle Europe, réaliste mais pas cynique, riche d’idéaux et libre des illusions ingénues ».

Lettre des délégués aux gouvernements

Pour leur part les 400 personnes déléguées par les conférences épiscopales, par des communautés religieuses, des organisations et mouvements catholiques ainsi que par d’autres églises chrétiennes réunis à Rome à l’invitation de la Commission des conférences épiscopales de la Communauté européenne ont adressé un message aux chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres de l’Union européenne, au Président du Parlement européen et au Président de la Commission européenne, réunis le 25 mars, dans le cadre d’une réunion solennelle du Conseil européen.

« En 50 ans, nous avons bâti une nouvelle ’cathédrale’ pour tous les Européens », ont souligné les signataires. « Aujourd’hui, en mars 2007, l’Union européenne a de nouveau devant elle des défis importants à surmonter pour garantir son futur. Il faut développer la coopération internationale en vue de combattre la pauvreté, tout spécialement en Afrique, l’exploitation des femmes et des enfants, ainsi que les violations des droits de l’homme. Il faut lutter contre les causes et conséquences du changement climatique ».

« Nous souhaitons que la solution institutionnelle qui sera atteinte sauvegarde la dignité humaine et les valeurs qui en dérivent, comme la liberté religieuse dans toutes ses dimensions, les droits institutionnels des Eglises et des communautés religieuses, et qu’elle reconnaisse explicitement l’héritage chrétien de notre continent ».

Ils ont aussi dénoncé « un contexte de résurgence dans nos pays, de tendances nationalistes, racistes, xénophobes ». « C’est pourquoi nous appelons les Etats membres à respecter, dans le cadre de leurs législations démocratiques, la vie, de la conception à son terme naturel, et à promouvoir la famille en tant qu’union naturelle entre homme et femme dans le cadre du mariage. Le respect des droits civils et légaux des individus, ne doit pas porter atteinte à l’institution du mariage et à la famille comme fondement de la société ». (apic/imedia/hy/pr)

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