Côte d’Ivoire: Pâques au féminin, pragmatique et oecuménique
Abidjan, 9 avril 2007 (Apic) Suite à une grave pollution créée par des déchets toxiques, un groupe de femmes issues de diverses catégories sociales, groupes ethniques et croyances religieuses, s’est constitué pour agir. Elles s’invitent mutuellement à leurs fêtes religieuses.
Un groupe de femmes s’est récemment créé dans un des quartiers les plus insalubres du port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire pour affronter ensemble les catastrophes environnementales et sauvegarder leurs droits. « Bokayé! »est le nom qu’elles ont choisi, qui signifie aidons-nous!
En août dernier, toute la ville avait été polluée suite au déversement de 500 m2 de déchets fortement toxiques dans une quinzaine de décharges. Le bilan avait été lourd: 100’000 intoxiqués pour la seule Abidjan et des dizaines de victimes. Assise au bureau d’un service paroissial, une femme en tchador, le visage couvert, recopie à l’ordinateur plusieurs pages écrites à la main.
« Si nous sommes devenus le dépotoir du monde. »
C’est la secrétaire du groupe de femmes qui s’est mobilisé pour lutter contre les déchets sauvages. « Si nous sommes devenus le dépotoir du monde, qui donc prendra notre défense si nous ne le faisons pas nous-mêmes? », disent-elles. Elles sont d’origine ivoirienne, burkinabé, malienne, ghanéenne et guinéenne et leur conseil de présidence est composé de catholiques, musulmanes, protestantes, et wahhabites (d’une Eglise indépendante ivoirienne et d’une Eglise indépendante ghanéenne). Ces femmes ont frappé à toutes les portes, sont allées d’abord chez les missionnaires puis auprès des représentants de l’Onu, des organismes internationaux, du ministère ivoirien de défense des droits de l’homme, d’organismes publics et privés.
Leur dernière campagne, actuellement en cours, a porté sur la défense des victimes de viols, de plus en plus jeunes. Une formation de trois mois est en cours dans de quartier portuaire d’Abidjan, destiné aux filles-mères, animé par une organisation non gouvernementale ivoirienne, et en mai débutera un séminaire pour tous les enseignants des écoles élémentaires publiques et privées (catholiques, protestantes, musulmanes et même une baptiste en langue anglaise) financé par les Nations Unies.
L’association est laïque, mais les femmes chrétiennes ont invité les musulmanes et leurs collègues d’autres confessions à se joindre à elles dimanche pour la Pâques de Résurrection, Cette Pâques de solidarité, multiethnique et multireligieuse s’inscrit dans un contexte qui suit la signature des accords de paix de Ouagadougou et la nomination de Guillaume Soro à la charge de premier ministre. Pour la première fois après de longues années de guerre et de négociations le rêve de la réunification et de la paix semble prendre forme. (apic/misna/vb)
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