Malaisie: Conversion au christianisme d’une Malaisienne non reconnue par la justice
Kuala Lumpur, 10 juin 2007 (Apic) Les réactions sont vivent en Malaisie après la décision de la Cour fédérale du pays de ne pas reconnaître la conversion d’une Malaisienne au christianisme. « La liberté de culte est une illusion ici, » commet Leonard Teoh, juriste pour le compte du Conseil consultatif malaisien du bouddhisme, du christianisme, de l’hindouisme, du sikhisme et du taoïsme.
Les chrétiens de Malaisie avaient pour leur part dénoncé « l’abdication des tribunaux civils de leur pays devant la charia ».
La Cour fédérale de Malaisie, le plus haut tribunal civil du pays, a remis au tribunal islamique la compétence de décider de la requête de Lina Joy demandant de tracer la notion « islam » de sa carte d’identité. La femme, âgée de 42 ans, s’est convertie au christianisme il y a plus de 10 ans et elle a besoin de cette reconnaissance pour épouser son fiancé, un chrétien d’origine indienne.
En Malaisie, la charia prévoit la prison ou de fortes amendes pour celui qui se convertit à une autre religion. De fait, il existe dans le pays deux systèmes législatifs, celui du droit islamique et le droit constitutionnel, qui sont souvent en conflit.
[Retour au résultat de la rechercheLa jeune femme en question pourrait maintenant être condamnée à une peine de prison pour apostasie, c’est-à-dire pour avoir renié sa religion, suite à une décision de la Cour suprême de Malaisie, pays à majorité musulmane.
Lina Joy s’est battue pendant sept ans pour que sa conversion soit reconnue sur le plan juridique. Elle a fini par porter son cas devant la Cour fédérale de Malaisie, qui a décidé le 30 mai par deux voix contre une qu’elle ne pouvait pas retirer la mention « islam » de sa carte d’identité nationale, malgré sa conversion au christianisme en 1998.
Soumission
« Elle ne peut tout simplement pas entrer et sortir de sa religion selon ses envies. Elle doit suivre des règles, » a déclaré le juge de la Cour suprême Ahmad Fairuz Sheikh Abdul Halim. « L’apostasie est une question liée au droit islamique … les tribunaux civils ne peuvent pas interférer ».
Selon l’Agence ENI, la décision de la Cour implique que le cas de Lina Joy, qui se tiendrait cachée et qui ne s’est pas présentée à la Cour, sera jugé selon le droit musulman, ou charia, par un tribunal islamique, qui a la compétence pour imposer des peines de prisons aux personnes qu’il juge coupables d’apostasie. Il s’agit également d’un sérieux revers porté à son espoir de se marier à l’homme qu’elle aime, un chrétien.
Cette décision historique de la Cour suprême a été un test pour la Malaisie, qui prétend offrir la liberté religieuse à sa population hétéroclite, composée à 60% de musulmans. L’islam est la religion officielle de la Malaisie.
« Cette décision reflète la tendance croissante des tribunaux civils à se démettre de leurs responsabilités judiciaires en faveur d’individus qui ne cherchent qu’à professer et à vivre leur religion selon leur conscience, » a déclaré l’évêque catholique Paul Tan Chee Ing, président de la Fédération chrétienne de Malaisie.
Le juge Richard Malanjum, seul juge non musulman, s’est prononcé contre la décision, affirmant qu’il était « déraisonnable » que Lina Joy doive s’adresser à un tribunal islamique, car elle pourrait être condamnée pour apostasie.
Cette affaire est la dernière d’une série de batailles judiciaires qui ont soulevé des questions quant à la liberté de culte dans le pays. Parmi elles, on recense plusieurs affaires de gardes d’enfants dont les parents sont de religions différentes et d’enterrements, notamment dans le cas d’un officier de l’armée qui a été inhumé en tant que musulman malgré les protestations de sa femme hindoue.
La Fédération des chrétiens de Malaisie déclare cependant vouloir continuer sa collaboration avec le gouvernement et tous les Malaisiens « pour soutenir le caractère multiracial, multiculturel et interreligieuse de notre nation ». (apic/arch/eni/pr)
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