Jean-Marie Lustiger fut vraiment un « maître spirituel »
Paris, 10 août 2007 (Apic) Une foule recueillie, de simples fidèles mais également de nombreuses personnalités – dont le président Nicolas Sarkozy, rentré pour la circonstance de ses vacances dans le New Hampshire, aux Etats-Unis, le Premier ministre, François Fillon, et plusieurs autres ministres – ont assisté vendredi matin aux funérailles du cardinal Jean-Marie Lustiger dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris.
La cérémonie était retransmise sur un écran géant installé sur le parvis de Notre Dame à l’intention de tous ceux qui n’avaient pas pu prendre place à l’intérieur de la cathédrale.
Présidée par Mgr André Vingt-Trois, le successeur du cardinal Lustiger comme archevêque de Paris, la cérémonie solennelle s’est déroulée en présence d’une vingtaine d’archevêques, dont certains étaient venus de l’étranger, et d’une quarantaine d’évêques, des prélats de rites orientaux et de représentants des communautés juives française et internationale, et des délégués musulmans. Parmi les personnalités présentes, on reconnaissait notamment l’ancien président polonais, Lech Walesa, et Bernadette Chirac, l’épouse de l’ancien président de la République.
Un kaddish, la prière juive d’accompagnement des morts, a d’abord été prononcé sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame. C’est à la demande du cardinal Lustiger lui-même qu’a été prononcée cette prière: Aaron Lustiger, né le 17 septembre 1926 à Paris dans une famille de commerçants juifs d’origine polonaise, s’était converti au catholicisme à l’âge de 14 ans. Sa mère, déportée par les nazis à Auschwitz, y trouvera la mort en 1943. Le cardinal Lustiger, décédé le 5 août dernier à l’âge de 80 ans, n’avait jamais renié ses origines juives et il comptait de nombreux amis dans cette communauté.
Le cercueil de l’ancien archevêque de Paris a ensuite été porté à l’intérieur de la cathédrale par six prêtres, qu’il avait lui-même ordonnés en 2004. Rendant hommage à son illustre prédécesseur, Mgr André Vingt-Trois a rappelé que pour « ceux qui ont eu la chance de l’approcher et de le connaître personnellement, ce n’est ni son intelligence, ni l’acuité de son esprit, ni l’amplitude de sa culture, toutes réelles qu’elles fussent, qui frappaient d’abord, mais plutôt la vigueur et la force de sa foi ».
Son but: « Faire connaître le Christ, Sauveur du monde »
L’archevêque de Paris a alors décrit le zèle missionnaire de son prédécesseur: « Depuis son premier ministère auprès des étudiants jusqu’à ses dernières initiatives apostoliques comme archevêque de Paris, toute son activité, foisonnante et incessante, était animée par ce désir (.) Toutes ces entreprises dans lesquelles il s’engageait sans réserve visaient à faire connaître le Christ, Sauveur du monde ».
Avec l’encouragement et le soutien du pape Jean Paul II, il a posé pour le développement des relations entre les juifs et les chrétiens des actes décisifs que peut-être lui seul pouvait engager, a-t-il poursuivi. Et de citer sa passion de l’évangélisation, qui s’est exprimée par de nombreuses fondations: création de nouvelles paroisses, constructions d’églises, Ecole cathédrale, Radio Notre-Dame, Séminaire diocésain, Fraternité Missionnaire des Prêtres pour la Ville, télévision KTO, Faculté Notre-Dame, Collège des Bernardins. Pour Mgr Vingt-Trois, Jean-Marie Lustiger fut vraiment un « maître spirituel ».
Soucieux d’encourager les prêtres dans l’engagement spirituel de leur ministère, il a renouvelé les propositions de retraite sacerdotale et mis en oeuvre des « lundis de prière » où il aimait se joindre aux prêtres dans un climat de recueillement et de partage fraternel. Au cours de l’année écoulée, « l’aggravation de son état de santé l’a contraint à réduire ses activités et à servir d’une autre manière », a-t-il poursuivi.
Le défunt, membre de l’Académie française, a ensuite reçu l’hommage du secrétaire perpétuel de cette institution, Maurice Druon, puis du cardinal Paul Poupard, envoyé spécial du pape, qui a lu un message de Benoît XVI. Le pape allemand a souligné que Jean-Marie Lustiger, « homme de foi et de dialogue », s’est dépensé « généreusement afin de promouvoir des relations toujours plus fraternelles entre chrétiens et juifs ». Intellectuel clairvoyant, il sut mettre ses dons au service de la foi, pour rendre présent l’Evangile dans tous les domaines de la vie de la société, a-t-il ajouté dans son message.
Le cercueil du cardinal, sur lequel Jonas Moses-Lustiger, arrière-petit-neveu du cardinal, avait auparavant déposé de la terre de Terre sainte, a ensuite été déposé dans le « caveau des archevêques », une crypte située sous le choeur de Notre-Dame – inaccessible au public – où reposent depuis le 17e siècle les archevêques de la capitale française. JB
Encadré
Brève biographie d’une personnalité hors du commun
Le cardinal Jean-Marie Lustiger est né le 17 septembre 1926 à Paris et il porte le nom d’Aaron Lustiger. Il fait ses études secondaires au lycée Montaigne à Paris et au lycée Pothier à Orléans. Le 25 août 1940, le jeune Aaron est baptisé catholique et prend le nom de Jean-Marie. Après ses études supérieures de lettres à la Sorbonne, il entre au séminaire des Carmes et il est ordonné prêtre le 17 avril 1954. Aumônier parisien de la paroisse universitaire, de la Sorbonne et des grandes écoles, il est directeur du Centre Richelieu en 1959. En septembre 1969, il devient curé de Sainte-Jeanne-de-Chantal (Paris XVI), avant d’être nommé le 10 novembre 1979 évêque d’Orléans. Le 31 janvier 1981, le pape Jean Paul II le nomme archevêque de Paris, succédant au cardinal François Marty. Il est installé le 27 février 1981 à Notre-Dame. Le pape Jean Paul II le crée cardinal le 2 février 1983. Le 15 juin 1995, il est élu à l’Académie française, au fauteuil de l’ancien archevêque de Lyon, le cardinal Albert Decourtray. C’est le 5 mars 2005 que le cardinal Lustiger devient archevêque émérite de Paris. Il est décédé à Paris le 5 août 2007. (apic/be)
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