« Pour que l’alimentation reste un droit et non un voeu pieux »
Lucerne, 11 septembre 2007 (Apic) Pour les trois prochaines années, l’Action de Carême a placé sa traditionnelle campagne sous le signe du droit à l’alimentation, en adoptant le slogan « Pour que l’alimentation reste un droit et non un voeu pieux ». L’oeuvre d’entraide catholique suisse s’inspire de la demande du « Notre Père », la grande prière des chrétiens, « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour », en rappelant que dans le monde 850 millions d’êtres humains souffrent de la faim.
Les responsables de la campagne de carême ont présenté lundi aux journalistes réunis à la « Maison Romero » de Lucerne les messages clés pour les années 2008 à 2010. A savoir: pour 2008 « Le droit à l’alimentation exige une volonté politique », pour 2009 « Le droit à l’alimentation exige une gestion responsable de l’environnement » et pour 2010 « Le droit à l’alimentation exige une réorientation du commerce international ».
L’Action de Carême, qui travaille avec des partenaires locaux dans 16 pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, rappelle que les gens du Sud veulent produire leur nourriture eux-mêmes, et non pas mendier. « C’est pour cela que nous parlons de souveraineté alimentaire, et pas seulement de sécurité alimentaire », souligne Matthias Dörnenburg, responsable de la communication et de la formation à l’Action de Carême.
Il relève que ce sont là les revendications de « Via Campesina », un groupement international de plus de 100 organisations qui défendent les droits des petits paysans, des travailleurs sans terre et des indigènes. Il a mis en garde dans ce contexte contre l’extension des programmes d’Agro-Diesel, notamment au Brésil, pour remplacer l’essence, ce qui a pour effet de chasser les petits paysans des terres qu’ils cultivent.
Droit à l’eau et à un environnement intact, pour un commerce équitable
Il s’agit de militer pour le droit aux ressources, notamment à l’eau, et à un environnement intact, et pour un commerce équitable, souligne M. Dörnenburg. Qui dénonce « l’exportation de la faim », notamment le « dumping » de produits agricoles dans les pays en développement, fruit de la surproduction dans les pays industriels, notamment dans l’Union Européenne et aux Etats-Unis. La moitié des 850 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde sont en effet des petits paysans, note-t-il.
Ce dernier a confirmé à l’Apic que quelque 200 paroisses catholiques et protestantes – dont une soixantaine en Suisse romande – s’engagent les 15 et 16 septembre prochain, week-end du Jeûne fédéral, dans la campagne internationale contre la faim et la pauvreté. Elles vont hisser sur le clocher de leurs églises un drapeau blanc en signe de soutien.
Cette campagne se déroule en Suisse sous le titre « 0,7% – ensemble contre la pauvreté », afin que la Confédération consacre le 0,7% du PNB à l’aide au développement. L’aide au développement ne représente à l’heure actuelle que le 0,37% du PNB de la Suisse et il ne semble pas pour le moment que les autorités veuillent en faire beaucoup plus, selon l’oeuvre d’entraide catholique.
En 2000, dans le cadre des objectifs du millénaire, l’ONU a demandé d’augmenter la part de l’aide publique au développement afin de réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici à 2015. Les nations les plus riches se sont engagées à progressivement augmenter leur aide publique pour atteindre 0,7% du PNB. La pétition « 0,7% – ensemble contre la pauvreté » a été lancée cet été par 65 oeuvres d’entraide, organisations féminines et des droits humains dans le but d’amener le gouvernement suisse à faire passer son aide au développement à 0,7% du PNB. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et la Conférence des évêques suisses (CES) s’y sont associées. JB
Encadré
A nouveau de bons résultats pour la campagne de cette année
Cette année, la campagne oecuménique de carême ayant pour thème le respect de la dignité humaine dans le monde du travail, montre à nouveau une légère progression des dons, pas encore chiffrée. L’an dernier, la campagne intitulée « Nous croyons. Engageons-nous pour le respect des droits humains » – menée comme de coutume conjointement par l’Action de Carême et ses partenaires protestant et catholique chrétien « Pain pour le prochain » et « Etre partenaires » – avait renversé la tendance de ces dernières années: en 2006, les dons et les revenus ont progressé de plus d’un million de francs pour atteindre pratiquement 23 millions de francs. « L’augmentation des dons et des revenus a mis un terme à une période de recul des recettes », se réjouit l’Action de Carême, malgré la concurrence toujours plus acharnée sur le marché des dons. (apic/be)
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