Roumanie: Sibiu ou la ville roumaine des églises
Sibiu, 23 septembre 2007 (Apic) La ville de Sibiu, en Roumanie, a qui a accueilli le 3e Rassemblement oecuménique européen, du 4 au 9 septembre a la particularité de rassembler dans une seule rue des églises de plusieurs confessions. Un cas sans doute unique.
Le long d’une rue pavée de la ville roumaine de Sibiu, une église luthérienne contenant un précieux autel antérieur à la Réforme se dresse à quelques centaines de mètres de la cathédrale orthodoxe. Cette cathédrale, édifiée au début du XXe siècle, a été construite dans le style de Hagia Sophia (Eglise de la sainte sagesse), dans l’actuelle Istanbul.
Un peu plus loin dans la rue se trouve une église réformée de langue hongroise. Pas très loin, on peut voir la plus grande église catholique romaine de la ville, surmontée d’un bulbe et construite dans le style baroque au début du XVIIIe siècle, alors que Sibiu faisait partie de l’empire des Habsbourg.
Quelques centaines de mètres plus loin se trouve la « Stadtpfarrkirche » luthérienne, dont la tour surplombe la ville. Elle fut achevée en 1520, soit trente ans avant que la population – alors majoritairement allemande – n’adopte la Réforme de Martin Luther.
« Différentes traditions religieuses coexistent ici depuis des siècles », a expliqué à l’Agence oecuménique ENI l’évêque luthérien Christoph Klein, basé à Sibiu.
L’évêque Klein est l’auteur d’un récent ouvrage, « Kirchen der Stadt – Stadt der Kirchen » (Eglises de la ville – Ville des églises), publié en marge du Troisième Rassemblement oecuménique européen.
La plupart des 22 millions d’habitants de la Roumanie appartiennent à l’Eglise orthodoxe, mais les différents édifices religieux présents à Sibiu témoignent des nombreux renversements de souveraineté sur la Transylvanie, région où se situe Sibiu.
Mélange de peuples et de cultures
Le nom de la ville témoigne aussi de ce mélange de peuples et de cultures. L’évêque Klein lui-même est un descendant des colons allemands qui ont été amenés dans la région au milieu du XIIe siècle par le roi hongrois Geisa II, qui souhaitait exploiter leur adresse au combat pour repousser les attaques des Mongols, des Turcs et des Tatars.
Les descendants de ces colons ne sont plus aujourd’hui qu’au nombre de 2’000, sur les 150’000 habitants que compte Sibiu, mais à l’époque de la Réforme, les Allemands étaient en majorité et en 1550, Hermannstadt (Sibiu en allemand), alors intégrée dans le Royaume de Hongrie, devint un bastion luthérien.
Vingt-et-un ans plus tard, en 1571, la Transylvanie devint une principauté autonome au sein de l’Empire ottoman. Au début du XVIIIe siècle, l’empire des Habsbourg récupéra la région et après la première guerre mondiale, la Hongrie céda la région à la Roumanie.
Comme le note l’évêque Klein dans son livre, la composition religieuse, linguistique et ethnique actuelle de la ville reflète ces changements successifs de souveraineté. Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que la première église orthodoxe fut construite à Sibiu, à l’emplacement où se trouve aujourd’hui la cathédrale.
« Les orthodoxes et les grecs-catholiques (unis à Rome) prient en roumain, les luthériens en allemand et les réformés et les unitariens en hongrois », écrit-il. « L’église catholique organise des services dans les trois langues. »
En 2007, Sibiu a été désignée comme l’une des deux capitales européennes de la culture, et l’évêque Klein pense que l’histoire de la ville détient un message qui peut contribuer à la coexistence en Europe. « Le mot ’pluralité’ est aujourd’hui un slogan, mais ici, bien que cette notion porte des noms différents, elle est une réalité quotidienne appréciée depuis plusieurs siècles, encouragée par la tolérance », peut-on lire dans son ouvrage.
« Cela peut servir de modèle », estime aujourd’hui l’évêque Klein. « Il ne faut pas forcément tout mettre dans le même sac, mais nous pouvons coexister tous ensemble cote à cote avec nos multiples traditions, langues et confessions.
« Kirchen der Stadt – Stadt der Kirchen » (Eglises de la ville – Ville des églises), par Christoph Klein, photographies par Martin Eichler, publié par hora Verlag (www.hora-verlag.ro). (apic/eni/pr)
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