Apic Interview
« Une nation moderne est ingouvernable sans Dieu »
Déo Negamiyimana, agence Apic
Berne, 18 décembre 2007 (Apic) Le pasteur Jean-Claude Chabloz est depuis bientôt 8 ans aumônier au Palais fédéral. Dans un contexte politique tendu, à quelques jours des élections fédérales de dimanche 21 octobre, le Neuchâtois livre sa vision sur les rapports des élus avec Dieu. Un « évangélique » qui s’attache à accompagner les autorités vers plus d’ouverture à la dimension de la foi chrétienne et qui vit. dans une caravane pendant les sessions parlementaires.
Apic: Comme aumônier au Palais fédéral, qu’offrez aux politiciens, à Berne?
Jean-Claude Chabloz : Pendant les sessions, j’habite dans une caravane, avec ma femme, et me tiens ainsi disponible pour les membres de notre Parlement et de notre Gouvernement. Chaque jour je me rends au Palais fédéral et prie pour tous ceux que je rencontre dans « la Grande Maison fédérale ». Je m’intéresse à eux, parle avec eux, les écoutes, les encourage, les soutiens, et porte avec eux leurs joies et leurs peines. Il m’arrive de prier pour leur santé ou pour celle de membres de leur famille.
Apic: A quelle Eglise appartenez-vous?
Jean-Claude Chabloz: Je suis pasteur à l’Eglise Apostolique Evangélique de Suisse romande, une Eglise de type évangélique-pentecôtiste. Elle est née dans les années 50 en Suisse romande, mais existe dans plusieurs dizaines de pays européens. Nous collaborons avec les autres évangéliques et faisons ainsi partie du Réseau évangélique, qui rassemble l’Alliance Evangélique et la Fédération Romande d’Eglises et Oeuvres Evangéliques. Nous participons aussi à la Fédération Evangélique d’Eglises Libres Pentecôtisantes de Suisse (FELPS).
Apic: Avez-vous réellement l’impression que ces politiciens ont besoin de vous?
Comment pouvez-vous le remarquer?
Jean-Claude Chabloz : Oui, j’en ai l’impression. Leur accueil, leur ouverture et disponibilité à mon égard et à l’égard de Dieu me le prouvent. Certains d’entre eux me confient des éléments essentiels de leur vie, et j’en parle avec le Seigneur tout en restant absolument discret à ce sujet. Il me semble aussi que les politiciens évoquent de plus en plus leur foi en Dieu, ils ne sont donc pas insensibles. Il y a quelques années, un conseiller national qui me saluait dans les couloirs des « Pas Perdus » me disait : « Monsieur Chabloz, je suis sur le chemin qui mène à Jésus ».
Apic: Etes-vous le seul homme d’Eglise à exercer le travail d’aumônerie auprès des élus politiques?
Jean-Claude Chabloz: Nous sommes trois évangéliques à venir prier au Palais fédéral, mais je suis le seul pasteur à représenter mon Eglise. Il y a en plus deux pasteurs réformés, un prêtre et une laïque catholiques romains.
Je suis à la retraite, mais celle-ci reste active et j’en suis très heureux. L’intercession au Palais fédéral a lieu lors des sessions des Chambres fédérales, quatre ou cinq fois par an. Une session dure normalement trois semaines.
Apic: N’êtes-vous pas perçu comme « un vieux naïf » ou quelqu’un de trop angélique?
Jean-Claude Chabloz : Mon âge n’est pas un problème: ils prennent au sérieux les choses que je leur dis. Quand le Parlement s’est déplacé, par exemple à Lugano ou à Flims dans les Grisons, ma femme et moi-même avons loué un logement pour continuer à vivre parmi eux.
Apic: Une certaine opinion pense pourtant que le climat politique s’est envenimé? Est-ce votre point de vue?
Jean-Claude Chabloz : Ces deux dernières années, il me semble que le climat général s’est détérioré, en particulier en cette période d’élections. Je le déplore vivement et essaie de contribuer à un changement positif. Je continue à prier pour tous les partis politiques.
Apic: Nous sommes à la veille des élections fédérales, que suggérez-vous aux politiciens que vous rencontrez? Que répondent-ils?
Jean-Claude Chabloz: Je leur suggère de ne pas se fermer à la dimension de la foi chrétienne, car celle-ci peut constituer un élément important dans un engagement en faveur du pays. Ils me répondent poliment, les uns avec une ouverture certaine, les autres avec une prudence toute helvétique…
Apic: Quel est votre regard par rapport à la politique fédérale de ces dernières années?
Jean-Claude Chabloz : Le travail accompli par les membres du Parlement et du Gouvernement est remarquable et digne de notre respect. Je m’abstiens de toute critique à leur égard. Il n’est pas possible de prier suffisamment pour eux si nous ne les aimons pas!…
Apic: Existe-t-il encore des politiciens suisses qui pensent agir selon la volonté de Dieu?
Jean-Claude Chabloz : Je pense que des chrétiens engagés peuvent faire une politique excellente dont notre nation a besoin. La tentation du pouvoir reste une tentation terriblement dangereuse. Il faut que le sens du service domine dans les motivations des politiques. Comme l’affirmait haut et fort Johannes Rau, ancien président de l’Allemagne fédérale, lors d’une conférence à Berne, une nation moderne est ingouvernable sans Dieu ». Je le crois bien volontiers et continue de prier pour que nos politiciens fédéraux restent ouverts à Dieu. (apic/ dng)
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