Québec: Selon un sondage, les «accommodements raisonnables» sont mal acceptés

Pour éviter les discriminations religieuses ou autres

Québec, 19 octobre 2007 (Apic) Selon un sondage réalisé pour la presse québécoise, les « accommodements raisonnables » – visant à éviter les discriminations, religieuses ou autres – sont mal acceptés par la population du Québec.

Selon un sondage SOM-Le Soleil-La Presse, près de 65 % des Québécois estiment qu’un trop grand nombre d’ »accommodements raisonnables » (*) ont été accordés jusqu’à maintenant. Certaines pratiques, comme le vote à visage voilé ou le port du kirpan à l’école – arme symbolique s’apparentant à un poignard, portée par les Sikhs – sont condamnées par la quasi-totalité des sondés.

Pour les autorités scolaires québécoises, le kirpan est une arme et le port d’arme blanche sans permis est interdit au Québec, alors que pour les Sikhs, il ne s’agit que d’un symbole religieux. Invoquant la Charte canadienne des droits et libertés qui reconnaît le droit de pratiquer librement sa religion, le plaignant a eu gain de cause l’an dernier devant la Cour suprême. Le kirpan doit cependant être porté dans des conditions sécuritaires, c’est-à-dire enveloppé dans un étui cousu, l’étui étant lui-même porté sous les vêtements de façon à n’être pas accessible aux tiers.

D’autres controverses menées par les militants « laïcistes » concernent le port d’un turban sikh au lieu du casque de sécurité au Port de Montréal, le port d’un turban sikh par un policier de la Gendarmerie royale du Canada, les arbres de Noël placés devant les mairies du Québec, l’utilisation publique de la phrase Joyeux Noël. Des polémiques ont été lancées contre la présence de crucifix à l’Assemblée nationale du Québec ou de croix dans l’espace public. Mais d’autres développements concernent les revendications de certains milieux musulmans dans la Belle Province.

L’idée, émise en 2004, par Marion Boyd, ancienne procureure générale de l’Ontario, que les musulmans du Canada puissent avoir le droit d’utiliser la charia – le droit islamique – dans le cadre du droit familial, a suscité un tollé général. Le projet de charia fut abandonné suite à une vive controverse. La seule députée musulmane du Québec, Fatima Houda-Pépin, s’était opposée à cette proposition, estimant que la charia serait inacceptable pour les femmes musulmanes du Canada. D’autres exigences musulmanes, comme celle de porter le niqab – voile islamique couvrant entièrement leur visage – pour se rendre au bureau de vote, ou le hijab pour jouer au football, ont également suscité la polémique.

Le Québec est allé trop loin en matière d’ »accommodements raisonnables »

Selon cette enquête, réalisée du 26 septembre au 3 octobre auprès de 1034 Québécois, la société québécoise est allée trop loin en matière d’ »accommodements raisonnables ». C’est ce qu’estiment 64,7 % des sondés. En décembre dernier, ils étaient déjà 59 % selon un sondage similaire.

A l’opposé, 10,5 % des Québécois croient plutôt que la société n’a pas été assez accommodante, alors que 21,4 % considèrent qu’elle l’a été « juste assez ». Certaines pratiques suscitent par ailleurs une levée de boucliers généralisée: plus de 90 % des Québécois désapprouvent le port du kirpan à l’école, le vote avec le visage voilé ou la demande de juifs hassidiques de ne pas être évalués par une femme au moment du test de conduite de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Selon le sondage, d’autres pratiques entraînent des réactions plus modérées: 56 % s’opposent au port du hijab par une employée d’un service public, 58 % sont contre les locaux de prière dans les universités tandis que 60 % désapprouvent les menus différents offerts pour des motifs religieux dans certaines cafétérias. Une majorité des sondés s’opposent aussi au port du hijab à l’école (65 %) ou sur un terrain de football (70 %) de même qu’au port du turban sikh plutôt que du chapeau à la Gendarmerie royale du Canada (79 %). Selon Gilles Therrien, président de la firme de sondage SOM, pour les Québécois, « la laïcité est très importante, tout comme l’égalité homme-femme ». JB

(*) « Accommodement raisonnable » est une expression juridique canadienne pour désigner différentes mesures destinées à minimiser la discrimination dont pourrait être victime un individu issu d’une minorité à l’intérieur de la société canadienne. Ce concept s’applique à plusieurs motifs de discrimination, dont le sexe, la grossesse, l’âge, le handicap et la religion. (apic/be)

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