Singapour: limitation des libertés religieuses (210390)

Bruxelles, 21mars(APIC) La limitation progressive des libertés à Singapour, et particulièrement des libertés religieuses, inquiète Entraide et

Fraternité en Belgique ainsi que les commissions belges francophone et néerlandaise « justice et Paix »

Si jusqu’à présent les activités religieuses étaient soumises aux mêmes

restrictions que celles qui existent dans d’autres domaines de la vie sociale, observent ces organisations chrétiennes, la dernière proposition de

loi que le gouvernement de Singapour a publiée récemment ne vise que les

religions. Elle donne au ministre de l’Intérieur le pouvoir de prendre des

sanctions pour deux ans, renouvelables, contre tout membre d’un groupe religieux qui mettrait en danger l’ »harmonie interreligieuse » ou qui utiliserait la religion à des fins politiques ou « subversives ». Aucun tribunal ne

pourra s’opposer aux interventions du ministre.

Le gouvernement de Singapour s’est doté au fil des ans d’un arsenal législatif en vue de restreindre les champs d’action de divers groupes sociaux, et ce « dans le but avoué de faire taire toute contestation du pouvoir

établi », observent les organisations. Ainsi, l’ »International Security

Act », adopté en 1948 et toujours en vigueur, permet à un comité ministériel

restreint d’arrêter et de détenir sans jugement quiconque menace la « sécurité de l’Etat ». D’autres dispositions visent les activités syndicales:

toute grève est interdite et l’existence d’un syndicat n’est autorisée que

moyennant l’accord préalable de l’organe officiel compétent; au niveau de

l’édition: autorisation préalable renouvelable annuellement pour toute publication, limitation de la diffusion de la presse étrangère. Il y en a

pour tout le monde, y compris pour les étudiants et les politiciens de

l’opposition.

Pression morale des Eglises

Le gouvernement utilise donc largement la législation pour tenter de

mettre au pas ceux dont l’engagement social « dérange ». Parmi ceux-ci,

vingt-deux responsables d’associations arrêtés en mai-juin 1987, dont Mme

Teo So Lung (avocat) et Vincent Cheng, secrétaire de la Commission « Justice

et paix », sont toujours détenus. Dans le cadre des arrestations de 1987,

l’Eglise catholique a été directement visée, ce qui a contraint quatre prêtres à interrompre momentanément, en accord avec l’archevêque, leurs engagements, pour calmer la situation.

C’est donc sous prétexte de préserver l’ »harmonie religieuse » que les

autorités ont précisé leur conception de la liberté d’action des religions.

En fait, soulignent les organisations, « une interdiction de toute parole

sociale dans un débat démocratique, sous peine d’arrestation, d’amende et

d’interdiction d’exercer le culte ».

Plusieurs responsables religieux de Singapour ont déjà réagi aux nouvelles dispositions, entre autres l’archevêque catholique Gregory Yong et le

chef de la communauté musulmane, Mufti Syed Isa Semeit. (apic/cip/pr)

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