Fribourg : Pleine réussite pour «Prier Témoigner», qui rassemble 1’600 participants

Le témoignage suscite la prière

Jacques Schouwey, pour l’Apic

Fribourg, 18 novembre 2007 (Apic) La 18ème rencontre annuelle de Prier Témoigner, a vu la présence du cardinal Georges Cottier, de Viviane de Montalembert, animatrice de sessions et de retraites, du Père Nicolas Buttet, fondateur d’Eucharistein, de Frère David, dominicain de Bordeaux et des musiciens du groupe genevois de rock P.U.S.H. Elle a connu ce week-end un franc succès, puisque plus de 1’600 personnes ont participé à cette fête à l’aula de l’université de Fribourg et à l’église Sainte-Thérèse.

Grand rassemblement des catholiques de Suisse romande, cette édition est qualifiée par l’un de ses responsables, Claude Schenker, de véritable « salade de fruits »: de très nombreux jeunes ont côtoyé des moins jeunes et des familles, des Romands ont rencontré des alémaniques, et des réformés ont rejoint la fête. Avec un budget de Fr. 60’000.– et sans subventions, la fête a ressemblé, par la procession nocturne vers l’église Sainte-Thérèse à une « deuxième Fête-Dieu à Fribourg ».

Samedi après-midi, des personnes cabossées dans leur vie familiale et relationnelle ont apporté un témoignage poignant sur leur chemin d’existence. Pour les participants, ce fut un intense moment d’émotion et d’empathie, mais aussi la meilleure manière d’entrer dans la thématique de la rencontre: « Scènes de famille ».

La vraie liberté et l’identité personnelle

La soirée a débuté avec le groupe genevois de rock P.U.S.H. (« Prie jusqu’à ce que quelque chose survienne ») qui a enflammé l’ambiance de l’aula de l’université archi-comble. Vibrant aux sons de la musique, jeunes et moins jeunes ont vécu un intense moment de partage et de joie, où le centre était le Christ. Nicolas Buttet, fondateur de la Fraternité Eucharistein, a ensuite encouragé l’assistance à prendre la bonne boussole dans la vie, l’Evangile. Il fait comprendre que l’homme n’est pas orphelin, mais qu’il a un Père qui l’aime. La liberté de l’homme, c’est de rencontrer ce Père. La vérité rend libre, c’est un appel à la vie, à l’amour, qui nécessite de mettre en lumière les dépendances dont nous souffrons pour nous orienter vers le Père. Deux clés sont essentielles pour la liberté: 1) écouter la Parole de Dieu, 2) vivre pour servir et aimer.

Viviane de Montalembert, animatrice de sessions et de retraites, a proposé de réfléchir à la place de la mère dans la Bible. Se référant au jugement de Salomon et à la place de Marie au pied de la Croix, elle montre que mère et fils ne sont pas des réalités closes sur elles-mêmes, mais que la vie vient du Père et est orientée vers lui. Dès lors, l’identité sexuée de la personne appréhendée comme une aventure de la chair avec Dieu, elle ne peut se penser sans Dieu. Ainsi un homme et une femme ne sont-ils pas définis l’un par rapport à l’autre, non pas dans la répartition sociale ou domestique des tâches, mais dans la détermination de chacun d’eux à collaborer à l’oeuvre de Dieu qu’on nomme « Incarnation ». C’est une disposition intime et personnelle d’ouverture à l’autre, qui est d’abord Dieu. L’humain n’atteint sa pleine stature d’homme ou de femme que progressivement : c’est tournés l’un vers l’autre et vers le Père que l’homme et la femme parviennent à leur dimension théologique.

« Deuxième Fête-Dieu à Fribourg »

La soirée s’est terminée par l’exposition du Saint-Sacrement à l’aula de l’université, puis par la procession de 1’400 pèlerins « emmitouflés vers l’église Sainte-Thérèse, où l’adoration s’est poursuivie tout au long de la nuit. Cette partie de prière et de méditation a été complétée par le sacrement du pardon. 28 prêtres ont administré le sacrement aux personnes qui le désiraient. Cette « deuxième Fête-Dieu », ont affirmé les organisateurs lors d’un point-presse, est « un signe évident de la richesse des dons de l’Esprit et de la force de la foi vécue en communion avec les autres ». « La présence de tous ces jeunes engagés doit être un encouragement pour les chrétiens tièdes que nous sommes trop souvent ».

Le cardinal Cottier et la famille chrétienne

Dimanche matin, le cardinal Georges Marie Martin Cottier a répondu aux questions de Patrice Favre sur son engagement chrétien et sa conception de la famille. Pour le théologien de Jean Paul II, le problème de la transmission de la foi aujourd’hui est lié aux conséquences de mai 68: on considère la jeunesse comme une classe sociale à part, et tant que l’on ne sera pas sorti de ce phénomène social, les problèmes subsisteront. Le catholicisme sociologique s’effondre avec le boom économique, et l’individualisme devient le maître mot de la société. C’est pour la catéchèse un grand défi à relever.

Mgr Cottier refuse de culpabiliser les parents et insiste sur le fait que la catéchèse doit avant tout être une rencontre personnelle avec Jésus; c’est là que les parents doivent montrer l’exemple et accompagner leurs enfants de leurs prières. L’exemple l’emporte sur le discours. A la question sur les valeurs morales et la tendance actuelle à justifier comme normal ce qui est largement répandu, le cardinal répond qu’il ne faut pas identifier moeurs (qui peuvent être bonnes ou mauvaises) et morale, qui ne suppose pas le relativisme général, mais affirme l’existence de valeurs universelles. Il rappelle que la famille a un sens et que le mariage est l’union indissoluble devant Dieu en vue de donner aux enfants un héritage spirituel. Si le modèle chrétien de la famille n’est pas le modèle déterminant aujourd’hui, il appartient à l’Eglise de rappeler que l’humain a un sens qui le transcende. Une meilleure information sur l’Eglise est une nécessité de première urgence pour faire voir l’enjeu de la famille. Et Mgr Cottier d’affirmer que le Catéchisme de l’Eglise catholique est une très riche source pour comprendre l’Eglise. Il pense même que ce document constitue un des événements majeurs du pontificat de Jean Paul II. JS

Encadré

Fondatrice de la Maison-Dieu en Bourgogne

Viviane de Montalembert, titulaire d’un diplôme de conseillère familiale, a exercé de nombreuses activités catéchétiques et travaillé comme bénévole dans un centre d’hébergement de la banlieue parisienne. En 1996, elle a fondé et animé un lieu de réflexion, La Maison-Dieu, à La-Roche-en-Brénil, en Bourgogne.

Le manifeste de décembre 2006 qui guide l’esprit de la Maison-Dieu s’énonce ainsi: « Pour nous, dans la chair, rien n’est étranger à Dieu. On fait son bien de tout. Une personne, dans sa chair, participe de l’ensemble du réel. Dieu dans la Bible nous fait voir ce réel. Pour nous, la Bible ouvre à cette expérience: Dieu parle au présent. Dieu ne surgit pas d’un « à côté » des questions actuelles. Nous croyons à la validité des questions authentiques d’une époque et aux diverses réponses qui y sont apportées. Nous proposons la Bible comme une contribution exigeante et originale à cette recherche. »

« La Maison Dieu » est une association née en 1996 du désir de quelques amis d’annoncer l’Évangile dans un lieu déjà marqué par une amitié célèbre, celle de Montalembert et Lacordaire lesquels, au XIX ème siècle, militèrent ensemble pour les libertés politiques, civiles et religieuses. L’association occupe d’anciens bâtiments de ferme restaurés, situés à La Roche-en-Brenil (Côte d’Or), aux confins de l’Auxois et du Morvan. Au fil des années, la maison s’est enrichie d’une chapelle contenant une importante relique de sainte Elisabeth de Hongrie XIII ème siècle), d’une bonne bibliothèque et, plus récemment, d’un ensemble d’ateliers et studios offerts en résidence à des artistes. Depuis 2005, un nouveau lieu d’accueil, virtuel celui-ci, est proposé: le site www.lamaisondieu.com. (apic/js)

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