Dans un contexte de « réconciliation » Eglise-société
Québec, 22 novembre 2007 (Apic) La publication de la lettre ouverte de l’archevêque de Québec, le cardinal Marc Ouellet, qui présente des excuses de l’Église catholique à propos de ses « attitudes » étroites face à l’antisémitisme ou face à des ségrégations diverses, au cours des années soixante, continue de susciter de nombreuses réactions.
Quelques semaines après son passage devant la commission Bouchard-Taylor, qui a travaillé entre autres sur la laïcité et la religion, le cardinal de Québec, Marc Ouellet, lance en son nom personnel un nouveau pavé dans la mare de la laïcité québécoise, comme le rapporte Radio canada le 21 novembre.
En effet, dans une lettre ouverte publiée mercredi 21 novembre par de nombreux journaux de la province, le cardinal demande à l’État québécois de rouvrir le débat sur la laïcité et « de respecter la tradition québécoise de transmission des connaissances religieuses à l’école ». Et pour ce faire, le cardinal de Québec présente aux Québécois dans cette même lettre ses excuses pour « des erreurs commises, qui ont terni l’image de l’Église ».
Entre autres, le religieux reconnaît que les « attitudes étroites de certains catholiques, avant 1960, ont favorisé l’antisémitisme, le racisme, l’indifférence envers les premières nations et la discrimination à l’égard des femmes et des homosexuels ».
Le cardinal Ouellet, qui s’exprimait en son nom personnel, plaide pour une réconciliation entre l’Église catholique et la société québécoise. Mais sa demande est accueillie avec beaucoup de scepticisme, que ce soit par les femmes, les homosexuels ou les autochtones, ou encore les évêques catholiques du Québec. Ainsi, le président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec et évêque de Trois-Rivières, Martin Veillette, s’est quant à lui rapidement dissocié, dans La Presse, des propos tenus par le cardinal Ouellet.
En matière de discrimination hommes/femmes l’Eglise a fort à faire.
La présidente de la Fédération des femmes du Québec, Michelle Asselin, estime pour sa part que l’Église catholique a encore beaucoup de chemin à faire pour garantir l’égalité des droits des femmes en son sein.
Laurent McCutcheon, de l’organisme Gai-Écoute, rappelle que « Mgr. Ouellet s’excuse pour des attitudes d’avant 1960, mais a lui-même tenu des propos offensants envers les homosexuels, dans le débat sur les mariages gais, il y a moins de deux ans ».
Le vice-président de la Fondation autochtone de guérison, Richard Kistabish, qui a lui-même vécu dans un pensionnat autochtone à Amos, où affirme-t-il, des abus sexuels ont été commis par des prêtres, ironise sur la demande de pardon de l’archevêque de Québec envers les autochtones.
Les autorités de l’Église ne soutiennent pas le cardinal Ouellet, mais ne le condamnent pas non plus. C’est une initiative personnelle, affirme en substance Sylvain Salvas, représentant de la Conférence des évêques catholiques du Canada, qui ajoute qu’on ne doit pas s’étonner qu’un évêque s’exprime sur le sujet qu’il veut. (apic/rc/vb)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/quebec-le-mea-culpa-du-cardinal-marc-ouellet-provoque-des-reactions/