Le premier archevêque métropolitain noir

Paris: Le cardinal béninois Bernardin Gantin est décédé à l’âge de 86 ans

Paris, 14 mai 2008 (Apic) Le cardinal béninois Bernardin Gantin est décédé le 13 mai 2008 à Paris à l’âge de 86 ans. Celui qui fut préfet de la Congrégation pour les évêques avait passé plus de 30 ans de sa vie au sein de la curie romaine avant de rentrer au Bénin en 2002. Il était, avec Joseph Ratzinger, aujourd’hui Benoît XVI, le seul cardinal créé par Paul VI en juin 1977. Après sa mort, le collège cardinalice compte 194 membres, dont 118 cardinaux électeurs en cas de conclave.

Né le 8 mai 1922 au Dahomey, l’actuel Bénin, Bernardin Gantin était originaire d’une très ancienne famille béninoise. En 1956, alors âgé de 34 ans, il est devenu l’un des plus jeunes évêques d’Afrique et du monde. Il fut alors nommé par Pie XII évêque auxiliaire de Cotonou, dont il devint archevêque 4 ans plus tard, sous Jean XXIII. En 1960, il fut le premier archevêque métropolitain noir.

Carrière au Vatican

Il fut ensuite appelé à la curie romaine par Paul VI en 1971 comme secrétaire assistant à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Le futur cardinal Gantin l’avait connu deux ans plus tôt, étant chargé de l’accueillir en Ouganda alors qu’il était à la tête de la Conférence épiscopale régionale d’Afrique de l’Ouest. C’était la première fois qu’un pape visitait l’Afrique, du 31 juillet au 2 août 1969. En décembre 1976, Paul VI le nomma président de la Commission pontificale « Justice et Paix ».

Six mois plus tard, Paul VI le créa cardinal, en même temps que Joseph Ratzinger, lors du dernier consistoire de son pontificat. Lors des deux conclaves de 1978, le cardinal Gantin fut considéré comme un ’papabile’. Le bref pontificat de Jean Paul Ier fut pour le cardinal Gantin marqué par sa nomination à la présidence du Conseil pontifical « Cor Unum » (la seule du pontificat d’Albino Luciani), mais aussi par l’audience que lui accorda le pape durant trois quarts d’heure, le dernier jour de son pontificat. Il a toujours conservé une photo de cette dernière audience et parlait de son « plus précieux souvenir ».

Proximité avec le pape Jean Paul II

Sous le pontificat de Jean Paul II, le cardinal Gantin s’est particulièrement fait remarquer pour sa proximité avec ce pape qu’il avait connu durant le Concile Vatican II. Sa nomination, en avril 1984, à la tête de la Congrégation pour les évêques, fut à la fois un signe de la confiance personnelle de Jean Paul II et un signal fort de soutien aux jeunes Eglises d’Afrique. Il fut nommé en même temps président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine.

C’est à la Congrégation pour les évêques que le cardinal béninois signa avec le cardinal Ratzinger, le 1er juillet 1988, le décret statuant le schisme de Mgr Lefebvre. Ayant connu le prélat alors que ce dernier était archevêque de Dakar, au Sénégal, et délégué apostolique pour dix-huit pays d’Afrique francophone, le cardinal Gantin avait toujours gardé l’espoir de le voir revenir dans l’Eglise catholique.

Rapports avec Mgr Lefebvre

Alors qu’il était secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, il avait tenté en vain de dissuader Mgr Lefebvre de consommer le schisme des intégristes en juillet 1988. Le cardinal Gantin était également au premier plan, le 13 janvier 1995, lorsque fut annoncée la décision de Jean Paul II de destituer Mgr Jacques Gaillot de sa fonction d’évêque d’Evreux, en France.

Le 5 juin 1993, le cardinal Gantin devint doyen du collège cardinalice. Remplacé à la tête de la Congrégation pour les évêques le 25 juin 1998 par le cardinal Moreira Neves, le cardinal Bernardin Gantin était resté encore à Rome où il était membre de six bureaux de la curie romaine. Fin novembre 2002, âgé de 80 ans, le cardinal Gantin avait quitté ses fonctions de doyen des cardinaux, avant de quitter Rome après 31 années passées au Vatican. Doyen du collège cardinalice depuis 1993, il avait alors été remplacé par un cardinal allemand, Joseph Ratzinger.

« Quand je suis arrivé à Rome, j’ai apporté l’Afrique avec moi, et en repartant au Bénin, j’emmène Rome en Afrique. » A l’approche de son départ pour le Bénin, début décembre 2002, le cardinal Bernardin Gantin avait ainsi regardé avec humour les kilos de bagages qu’il emportait dans son pays. Venu à Rome à la mort de Jean Paul II en avril 2005, le cardinal Bernardin Gantin avait assisté aux réunions de cardinaux préparatoires au conclave sans pour autant participer au conclave lui-même, en raison de son âge. Il avait été ensuite reçu par Benoît XVI dès les premiers jours de son pontificat. En février 2007, il avait fêté dignement ses 50 ans d’épiscopat au Bénin.

Juste après son décès, survenu à Paris où il était hospitalisé, le corps du cardinal Gantin a été transporté au couvent des Petites soeurs des pauvres, rue Notre Dame des Champs, à Paris. Une chapelle ardente devrait être élevée dans les prochains jours afin de permettre aux fidèles de venir se recueillir. Les autorités béninoises ont pris les premières dispositions pour le retour rapide à Cotonou de la dépouille du cardinal qualifié de source officielle de l’un « des dignes fils de notre pays et de tout le continent africain », selon l’expression du secrétaire général du gouvernement du Bénin.

(apic/imedia/be)

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