Meurtre sordide et manifestations violentes dans le pays

Kenya: Un pasteur sauvagement assassiné par des membres de la secte Mungiki

Nairobi, 6 juin 2008 (Apic) Des membres présumés de la secte des Mungiki ont assassiné jeudi un pasteur dans une ville de l’ouest du Kenya, indique l’Agence France presse. Selon cette dernière, le pasteur a eu la gorge tranchée et la peau du visage arrachée.

Ce meurtre sordide a provoqué des manifestations jeudi soir au sein de la population de la ville d’Eldoret. L’opinion kenyan réclame des actions accrues de la police contre les Mungiki, secte interdite depuis 2002 pour ses dérives criminelles et dont les membres sont essentiellement issus de la tribu kikuyu du président kényan Mwai Kibaki.

Le 16 avril dernier, la police kenyane avait lancé une vaste opération contre cette secte. Le climat de tension avait débouché sur des actes violents, provoquant la mort d’au moins 18 personnes dans le pays.

« Nous sommes déterminés à mettre fin à leurs activités » devait déclarer le chef de la police, Eric Kiraithe. Les émeutes d’avril avaient débuté à la suite de la découverte du corps de l’épouse de Maina Njenga, chef présumé de la secte.

Etrangement, les Eglises chrétiennes du Kenya ont récemment prôné le dialogue avec cette organisation criminelle. Selon elles, la seule solution consiste à parler avec les chefs de cette secte. Les responsables de ces Eglises exhortaient les responsables des institutions à « parcourir la voie du dialogue car la question des Mungikis est profondément enracinée dans le tissu social kényan ».

La violence semble donc être à nouveau d’actualité au Kenya, avec au centre, une nouvelle fois, la secte Mungiki, dont trois de ses membres ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi à Nairobi, dont deux lapidés à mort par des habitants. Le troisième ayant été tué par balles par la police.

Organisation criminelle

La secte Mungiki est accusée d’au moins 43 meurtres – dont une dizaine par décapitation – depuis mars 2007. La naissance de la secte des Mungiki – « multitude » en langue kikuyu, principale ethnie du pays – semble remonter aux années ’80, comme mouvement autochtone anticolonial et de religion traditionnelle. Les Mungiki affirment d’ailleurs avoir des liens historiques avec le mouvement indépendantiste des Mau Mau. Bannie depuis 2002, la secte est essentiellement composée de jeunes chômeurs de la communauté kikuyu et revendique quatre millions d’adeptes. Elle était du reste constituée au départ de jeunes désoeuvrés qui s’étaient chargés d’assurer « la paix et la sécurité » dans les bidonvilles. Ils aidaient également les habitants sans moyens à effectuer des branchements électriques illicites. Mais au fil du temps, le groupe s’est mis à prélever des taxes, à exiger des habitants qu’ils paient pour l’utilisation de certains services de base telles que les toilettes publiques et l’eau, puis à imposer un deuxième loyer. A faire régner la terreur. (apic/ag/arch/pr)

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