L’étiquette de gauche bien jaunie

France: Les protestants français votent à droite

Paris, 23 juin 2008 (Apic) Les protestants français confirment leur ancrage à droite, selon un sondage, cité par l’Agence oecuménique ENI. Ce sondage confirme ce qui apparaissait déjà en 2007, à savoir que l’étiquette de gauche des protestants de l’hexagone était bien jaunie.

Traditionnellement étiquetés à gauche, les protestants français soutiennent davantage l’action du président Nicolas Sarkozy que la moyenne des Français, selon un sondage publié en mai par l’hebdomadaire protestant Réforme. 51 % des protestants affirment avoir une bonne opinion du chef de l’Etat, contre 42 % pour l’ensemble de la population.

« Le protestant identifié comme un homme et une femme de gauche ne correspond plus à la réalité », souligne dans l’hebdomadaire Réforme le sociologue des religions et spécialiste du protestantisme Jean-Paul Willaime.

En vingt ans, la France a eu deux Premiers ministres socialistes issus d’une famille protestante – Lionel Jospin et Michel Rocard.

Le taux d’opinions favorables à l’égard de Nicolas Sarkozy, qui a battu la socialiste Ségolène Royal à l’élection présidentielle de 2007, se situe pour les protestants entre celui des catholiques pratiquants (61 %) et celui des catholiques non pratiquants (44 %). Les musulmans et les juifs ont, en revanche, une attitude nettement plus distante à l’égard du chef de l’Etat, en dessous même de la moyenne nationale, 30 % des premiers et 29 % des seconds affirmant avoir une opinion favorable de Nicolas Sarkozy.

Depuis l’automne 2007, le président de la République qui, pendant sa campagne électorale, avait fait de l’augmentation du pouvoir d’achat l’une de ses priorités, connaît une importante baisse de popularité dans les sondages.

Environ 2 % des 60 millions d’habitants de la France sont protestants, alors que le pays compte 80 % de catholiques, 1 % de juifs et entre 5 et 10 % de musulmans.

En 2007 déjà…

Traditionnellement, le protestantisme se situait à gauche de l’échiquier politique français, selon des spécialistes tels que Jean-Paul Willaime. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, les protestants faisaient partie des promoteurs de la laïcité en France et de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905, qui étaient violemment combattues par l’Eglise catholique. A partir de la seconde guerre mondiale, les protestants incarnaient aussi une version progressiste du christianisme, par leur ouverture en matière éthique.

Le sondage confirme les tendances déjà apparues lors de l’élection présidentielle de 2007. Quelques semaines avant le premier tour de scrutin, 34 % des protestants affirmaient, dans un sondage publié par Réforme, leur intention de voter pour Nicolas Sarkozy, contre 28% dans la population française. Dans ce même sondage, 27 % des protestants se prononçaient en faveur de François Bayrou (centre-droit), contre 23 % des Français.

Pour Jean-Paul Willaime, il s’agit bien là d’une tendance lourde. Il remarque une « oecuménisation » du vote chrétien en France : les protestants se rapprochent en effet du comportement électoral des catholiques, traditionnellement plus à droite. Il note également le poids grandissant de l’aile évangélique, plus stricte en matière d’éthique et plus à droite politiquement, au sein du protestantisme français. (apic/eni/pr)

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