Sénégal: Médiation tous azimuts du cardinal Sarr dans la crise entre la presse et le pouvoir
Dakar, 15 août 2008 (Apic) La tension entre la presse et le pouvoir sénégalais est en train de baisser, grâce à la médiation tous azimuts du cardinal Théodore Adrien Sarr, archevêque de Dakar. Cette tension est née de la bastonnade par des policiers de deux journalistes, Boubacar Kambel Dieng, de la Radio Futur média (Rfm), et de Karamokho Thioune, journaliste de la West Africa Democracy Radio (Wadr), à l’issue d’un match de football.
Cette agression policière a créé une mobilisation sans précédent de la presse sénégalaise qui s’est traduite par diverses actions menées par des journalistes de la plupart des organes de presse privée, dont une marche à Dakar, une journée sans presse, le boycott des activités du parti au pouvoir, le Parti démocratique sénégalais (PDS). Une grande partie de la presse, privée notamment, avait décidé il y a deux semaines, de boycotter toutes les manifestations du PDS en s’insurgeant contre les ’’attaques’’ de responsables de cette formation politique.
Une médiation de l’archevêque de Dakar, le cardinal Théodore Adrien Sarr, entre le pouvoir et une partie de la presse privée au Sénégal, a été entamée depuis une semaine. Le primat de l’Eglise catholique au Sénégal multiplie les rencontres avec les deux parties. La semaine dernière, il a été reçu pendant plusieurs heures avec le président Abdoulaye Wade, avant de rencontrer deux membres influents de son gouvernement considérés comme les « faucons » du régime. Jeudi 14 août, il a reçu le Synpics, le syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal.
A la suite de ces diverses rencontres, la tendance est à la décrispation des relations tendues entre la presse et le pouvoir, ont rapporté vendredi des médias locaux. Le cardinal Sarr avait été sollicité, il y a deux semaines pour réconcilier le pouvoir et certains médias (groupes de presse, directeurs de journaux privés) qui sont en conflit. Le différend est né du passage à tabac, par des policiers, de deux journalistes travaillant pour des organes privés. L’incident a eu lieu le 21 juin dernier à la fin d’un match de football entre le Sénégal et l’Algérie.
Dans une déclaration diffusée après sa rencontre avec le Synpics, le cardinal Sarr a indiqué que le Comité de médiation créé pour « aider à l’apaisement » qu’il dirige est autonome et libre. La rencontre avec le syndicat des journalistes, a-t-il ajouté, a permis de comprendre que les journalistes sont « désireux de travailler à l’amélioration des conditions de vie au Sénégal ».
Selon des journaux sénégalais, à la demande du cardinal Sarr, le président Abdoulaye Wade est disposé à recevoir les journalistes, regroupés au sein d’un Comité de défense et de protection des journalistes (CDPJ). Composé de directeurs de journaux, de radios locales et de journalistes, le CDJP réclame justice pour les deux journalistes violentés. Il a porté l’affaire devant la justice. Après une première manifestation en juillet, il a appelé à une nouvelle manifestation, le 21 août prochain. (apic/ibc/be)
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