Rome: Le pape a canonisé la première sainte indienne sur fond de tensions interreligieuses
Rome, 12 octobre 2008 (Apic) C’est sur fond de tensions entre extrémistes hindous et chrétiens en Inde que Benoît XVI a présidé, dimanche 12 octobre 2008 au Vatican, la messe de canonisation de la première sainte indienne, Anna Muttathupadathu (1910-1946).
Au cours de cette messe à laquelle ont participé quelque 50’000 fidèles sur la place Saint-Pierre, le pape a proclamé 3 autres saints: la première sainte suisse Maria Bernarda Bütler (1848-1924), la laïque équatorienne Narcisa de Jesús Martillo Moran (1832-1869) et le prêtre italien Gaetano Errico (1791-1860).
Solidarité avec les chrétiens indiens
Dans l’Etat indien de l’Orissa, des groupes armés ont récemment attaqué trois villages et brûlé une trentaine de maisons de chrétiens dans le district de Khandamal. C’est dans ce contexte, et après plusieurs semaines de violences dans cette région, que Benoît XVI a canonisé dimanche l’Indienne Alphonsa de l’Immaculée Conception, « dans le siècle » – c’est-à-dire à l’état civil – Anna Muttathupadathu, religieuse professe de la congrégation des Clarisses du tiers ordre de saint François. Originaire de la région du Kerala, elle est la première femme proclamée sainte du sous-continent. Le premier Indien canonisé fut le jésuite Gonsalo Garcia, crucifié à Nagasaki, au Japon, en 1597, et canonisé en 1862.
Hindous: « une espèce de ’tolérance de l’intolérance’ »
Le dialogue entre les religions est une « route longue et difficile », a reconnu le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, à la veille de cette cérémonie. Intervenant sur Radio Vatican, il a vu dans cette canonisation « une bonne occasion pour que l’Eglise universelle vive en union de prière et de solidarité spirituelle en cette période très difficile pour les chrétiens de l’Inde ». Le Père Lombardi a cependant relevé que les fondamentalismes étaient présents et menaçants dans différentes parties du monde.
Mgr Angelo Amato, nouveau préfet de la Congrégation pour les causes des saints, a quant à lui invité à être attentif à l’usage du mot « tolérance » en matière de dialogue avec les hindous. Dans L’Osservatore Romano, il a ainsi expliqué que « la tolérance hindoue » était « une espèce de ’tolérance de l’intolérance’, c’est-à-dire que ceux qui ne sont pas d’accord avec eux sont mis à l’écart ».
Des délégations officielles
Le ministre indien du travail, Oscar Fernandes, était à la tête de la délégation indienne qui a participé à la messe de canonisation d’Anna Muttathupadathu. Quelque 4’000 fidèles indiens et 700 prêtres du sous-continent étaient également présents.
Pour la Suissesse Maria Bernarda Bütler, c’est la Chancelière fédérale de la Confédération helvétique, Corina Casanova, qui a participé à cette messe, accompagnée d’une délégation du Conseil d’Etat du canton d’Argovie. Le futur commandant de la Garde suisse pontificale, Daniel Anrig, était également présent, en compagnie de son prédécesseur, Elmar Theodor Mäder.
La religieuse d’origine suisse Maria Bernarda Bütler (1848-1924) est la fondatrice à Carthagène, en Colombie, des Missionnaires franciscaines de Marie auxiliatrice. Décédée en Colombie en 1924, cette dernière avait été béatifiée par Jean Paul II le 29 octobre 1995. Après Nicolas de Flüe (1417-1487) en 1947, Maria Bernarda Bütler est la deuxième ressortissante suisse à être canonisée, mais la première femme.
Pour la canonisation de l’Equatorienne Narcisa de Jesús Martillo Moran, le vice-président de la République, Lenín Moreno Garcés, est également présent, ainsi que le ministre des Affaires étrangères et des proches du chef de l’Etat. Enfin, plusieurs politiciens italiens ont participé à cette cérémonie au cours de laquelle a été proclamé saint le Napolitain Gaetano Errico.
Benoît XVI a célébré le 12 octobre la 5e messe de canonisation de son pontificat. Au terme de cette célébration, il aura ainsi proclamé au total 18 nouveaux saints. Un chiffre modeste comparé aux 483 canonisations célébrées par Jean Paul II.
Depuis le début de son pontificat, Benoît XVI a en outre fait le choix de ne plus célébrer les cérémonies de béatification. (apic/imedia/ami/be)
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