Paris: Le porte-parole des évêques de France veut plus de présence sur internet
Paris, 19 décembre 2008 (Apic) Les journalistes de l’information religieuse ont récemment rencontré le nouveau secrétaire général adjoint et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF). Journaliste de formation, Mgr Bernard Podvin a évoqué plusieurs chantiers: faire évoluer la présence de l’Eglise sur internet et les nouveaux supports de communication; aller sur le terrain, dans les diocèses. Ou encore incarner davantage le discours des ecclésiastiques pour qu’il sonne moins langue de buis. Et, plus globalement, aider les évêques à se saisir d’opportunités de communication davantage liées à l’air du temps et au vécu de nos contemporains.
Ancien supérieur du séminaire de Lille, jusqu’ici vice-recteur de l’Université catholique de Lille, Mgr Podvin est diplômé de l’École supérieur de journalisme de Lille (ESJ) où il assure encore aujourd’hui des cours de culture religieuse aux étudiants. Il a également été président de la Fédération nationale de la presse locale chrétienne (1998-2007). C’est donc un bon connaisseur de la presse et des médias qui vient d’être nommé par les évêques de France pour être tout à la fois leur porte-parole, le responsable du service d’information et le secrétaire général adjoint.
La quarantaine de journalistes de l’information religieuse venus l’écouter accueillaient un confrère puisqu’il collabore à l’hebdomadaire La Croix du Nord. Mais aussi un homme de grande prudence orale. Pesant chaque mot, il a précisé d’emblée que les évêques avaient souhaité expressément qu’un prêtre soit de nouveau aux commandes de la communication. Le dernier en titre ayant été le père Stanislas Lalanne, de 1999 à 2001. Pourquoi ce choix? Le père Podvin évoque le désir des évêques d’établir un « lien sacramentel » avec leur porte-parole. Et précise que c’est Mgr Urich, archevêque de Lille qui, connaissant son goût profond pour la communication, a poussé sa candidature.
Quelles seront ses priorités? L’homme évoque son désir d’aller sur le terrain, y compris dans les petits diocèses, et, conjointement, son souhait de « ne pas être mangé par la maison de l’avenue de Breteuil » (ndlr: le nouveau siège de l’épiscopat). Il entend bien être présent auprès des médias mais souhaite aussi donner suite aux appels émanant de réseaux divers – corps constitués, associations, instances représentatives des diverses religions comme le Consistoire israélite, etc. – qui veulent le rencontrer mais qui ne souhaitent pas forcément une médiatisation.
Inculture religieuse dans le monde médiatique
Il se dit par ailleurs bien conscient des problèmes de communication inhérents à l’Eglise. D’un côté, une certaine peur des ecclésiastiques, qui redoutent des « débordements médiatiques ». De l’autre, l’inculture religieuse notoire de bien des agents médiatiques. Et d’évoquer les manques cruels, en ce domaine, des élèves de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille où il enseigne lui-même et leur soif d’une formation ad hoc. Le Père Podvin ne nie pas non plus la prégnance d’une certaine langue de buis et la nécessité d’incarner davantage le discours de l’Eglise.
Les évêques continueront-ils à s’exprimer eux-mêmes, à titre individuel? Oui, bien sûr, affirme leur nouveau porte-parole. Mais alors comment gérer la multiplication des prises de parole qui font parfois cacophonie? « Le plein exercice épiscopal se vit à l’intérieur de chaque diocèse, donc il est normal qu’il y ait des déclarations individuelles. Tout l’art est d’aller vers une expression collégiale sans édulcorer les différences. Ce n’est pas facile, je vous l’accorde », répond le prélat. Et de citer en exemple les points de vue convergents exprimés par l’un et l’autre évêque à propos de la crise financière et économique ou des questions de bioéthique. Il compte bien par ailleurs conseiller les membres de la conférence épiscopale sur les bonnes opportunités de communication, en s’appuyant sur son propre intérêt, « par tempérament » pour flairer l’air du temps. L’Eglise n’a-t-elle pas besoin d’une véritable stratégie de communication ? Le Père Podvin rappelle qu’il ne fait qu’entrer dans un ensemble complexe et, partant, préfère être pragmatique. Il considère par ailleurs que les orientations de communication prises en 1980 par les évêques réunis en assemblée plénière, étaient fort bonnes et qu’elles ont besoin d’être mûries. Illustration à travers le lancement d’un département communication à l’université catholique de Lyon qui a formé toute une génération de délégués épiscopaux à l’information. Autre chantier: repenser les textes doctrinaux qui fondent la présence de l’Eglise catholique sur internet et réactualiser celle-ci en fonction de nouveaux paramètres techniques. De même, intensifier les actions de « média-training » auprès des évêques ne lui paraît pas superflu. (apic/jcn/bb)
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