Maroc: Le Roi Mohamed VI ne veut plus de discriminations à l’égard des femmes

Les Oulémas lui opposent la « loi divine »

Rabat, 21 décembre 2008 (Apic) Le roi Mohamed VI a annoncé la levée des réserves du Maroc sur la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme (CEDEF). Le Conseil supérieur des Oulémas corrige le tir et rappelle que »la loi divine est au-dessus de tout engagement ».

Selon la presse marocaine, les réserves portaient sur l’égalité juridique entre hommes et femmes, y compris dans le partage de l’héritage des parents, la nationalité ou encore dans la possibilité pour une musulmane de contracter un mariage avec un non musulman. Elles sont devenues « caduques » du fait des législations avancées qui ont été adoptées par le royaume, a souligné le souverain chérifien, dans une déclaration datée du 10 décembre, jour du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Des ONG locales de défense des droits de la femme ont interprété cette annonce comme un engagement sans réserve des dirigeants marocains dans l’appliquer totale de la CEDEF. Elles ont immédiatement appelé à une révision de la loi sur l’héritage. Leur satisfaction n’a été que de courte durée. Dans un communiqué rapporté le 18 décembre par l’agence de presse marocaine MAP, le Conseil supérieur des oulémas du Maroc (CSOM) a rappelé que « les constantes religieuses des Marocains sont garanties par Amir Al Mouminine » (commandeur des croyants), dans une logique d’attachement à « la loi divine qui est au-dessus de tout engagement ». Le Commandeur des croyants (Mohamed VI) a, certes, décidé de la levée des réserves, mais il « ne peut recommander l’illicite ou interdire le licite ».

L’ONU veut une égalité garantie par la Constitution

La CEDEF a été adoptée en 1979 par la communauté internationale. Le Maroc l’a ratifié en 1993, mais son entrée en vigueur, avec des réserves, n’a eu lieu qu’en 2001. En janvier 2008, le Comité de l’ONU de lutte contre la discrimination à l’égard de la femme avait félicité le royaume pour « les importantes réformes juridiques entreprises dans le domaine des droits de l’Homme et en particulier à éliminer les discriminations contre les femmes ». Toutefois, il avait appelé les dirigeants du pays à intégrer le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la Constitution ou dans d’autres lois, de promulguer et d’appliquer une loi globale sur l’égalité des sexes qui soit contraignante à la fois pour le secteur public et le secteur privé, et de sensibiliser les femmes à leurs droits en vertu de cette législation, a rappelé l’Agence de presse africaine (APA).

L’annonce, par le roi Mohamed VI de la levée des réserves sur l’application de la CEDEF a suscité ces derniers jours un débat vif au Maroc dans la presse, entre les courants laïcs et les milieux conservateurs, dont font partie les Oulémas. (apic/ibc/bb)

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