et le nombre des pertes humaines et matérielles de l’invasion de fin 1989

Panama: Les Etats-Unis tentent encore de masquer la brutalité (140590)

Fribourg, 14mai(APIC) »Le nombre de victimes reconnu par les forces militaires des Etats-Unis est beaucoup moins élevé que le nombre réel de Panaméens tués lors de l’invasion, particulièrement en ce qui concerne la population civile ». C’ est ce qui ressort d’ un rapport préparé par le Secrétariat de l’aide d’urgence et de la reconstruction de la Commission d’entraide et de service aux réfugiés (CESEAR) du Conseil oecuménique des Eglises

(COE).

« Même si certaines troupes de l’armée d’invasion des Etats-Unis ont été

retirées, Panama est toujours un pays envahi, » peut-on lire dans ce rapport

réalisé en collaboration avec les dirigeants d’Eglises panaméennes, qui rejoint les déclarations de l’Eglise catholique du Panama critiquant les

Etats-Unis pour leur lenteur dans l’octroi de l’aide financière promise

après la chute du président Antonio Noriega. Le Secrétariat de l’aide d’urgence du COE, qui lance un appel afin de récolter 400’000 dollars pour aider les Eglises au Panama, constate: « Les Eglises de Panama se retrouvent

pratiquement seules et sans moyens devant cette tâche colossale »: nourrir

et loger les sans-abri. Malgré la promesse du président George Bush d’octroyer une aide de 500 millions de dollars, les Panaméens n’ont encore rien

vu venir. « Le gouvernement des Etats-Unis porte la grande responsabilité de

reconstruire ce qu’il a ordonné de détruire », ajoute le rapport.

Pour deux milliards de dollars de dégâts

Selon le rapport qui cite des sources officielles des Etats-Unis et du

Panama, les dommages causés par l’invasion américaine s’élèveraient à environ deux milliards de dollars. « Alors que le plus gros des dégâts a été

provoqué par l’utilisation (pour la première fois) d’armes très sophistiquées possédant un pouvoir de destruction énorme, les incendies provoqués

par les troupes des Etats-Unis aux habitations et quartiers ont encore aggravé les dommages matériels subis par les citoyens panaméens – en particulier par les pauvres. Le quartier de Chorillos, large comme dix pâtés de

maisons, a été complètement rasé. Pas un seul édifice n’a été épargné. La

majorité des habitants des bidonvilles situés près des zones militaires

n’ont pratiquement plus rien, et les centres de réfugiés pour les déplacés

sont en nombre insuffisant pour répondre aux besoins ».

Sur la question controversée du nombre des morts provoqués par l’invasion, la Commission pour la défense des droits de l’homme en Amérique centrale, dans un document publié le 1er mars de cette année, affirme que les

estimations du nombre des morts de civils étaient au moins dix fois plus

importantes que le chiffre avancé par les Etats-Unis (220). « Une campagne

de propagande poussée et bien organisée a été lancée par les autorités des

Etats-Unis en vue de calmer la population panaméenne et de masquer la brutalité et les importantes pertes humaines et matérielles lors de l’invasion. Et dans le seul quartier de Chorillos, non loin du l’ancien quartier

général de Noriega, 15’OOO habitants sont encore sans abri, » relève le CESEAR.

Mais les retombées de l’intervention de l’armée américaine en décembre

1989 ne s’arrêtent pas là: 14’OOO personnes sont sans emploi à cause de la

guerre, chiffre auquel il faut encore ajouter les 88’000 victimes du chômage déjà inscrites officiellement en novembre 1989, avant l’invasion; de

nombreuses banques sont fermées et environ 85% des dépôts financiers gelés;

nombreux sont les services qui ne fonctionnent toujours pas, ou ne

fonctionnent que partiellement; 60 % des entreprises n’ont pas encore repris leurs activités. Tous ces chiffres illustrent la situation catastrophique de l’économie qu’ a provoquée l’intervention armée des Etats-Unis.

(apic/soepi/ba)

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