« Un juif réformé n’est pas moins juif qu’un juif orthodoxe »
Jérusalem, 20 mai 2009 (Apic) L’Etat d’Israël a été sommé mardi 19 mai par la Cour suprême de subventionner les conversions entreprises par les rabbins non orthodoxes. Ainsi l’Etat devrait bientôt apporter une aide financière aux rabbins du judaïsme réformé et à ceux du judaïsme conservateur (ou « massorti »). En Israël, les rabbins orthodoxes, qui suivent la halakha (lois et prescriptions religieuses juives), détiennent le monopole notamment sur les conversions au judaïsme.
Les juges de la Cour suprême d’Israël, présidée par la juge Dorit Beinisch, ont décidé que si l’Etat voulait subventionner des services religieux – comme par exemple la préparation à la conversion – il ne peut pas discriminer les courants non orthodoxes du judaïsme. Ne soutenir financièrement que les orthodoxes – comme c’est le cas jusqu’à présent – « viole le principe du pluralisme et sape l’encouragement à un libre marché de l’expression religieuse ».
La Cour suprême a rejeté les arguments de l’Etat selon lesquels il aurait parfaitement le droit de donner, au plan financier, la préférence à la préparation à la conversion faite par les orthodoxes plutôt que par les rabbins réformés ou conservateurs. Pour la juge Beinisch et les autres juges, les courants du judaïsme réformé et conservateur sont des expressions légitimes du judaïsme: « Un juif réformé n’est pas moins juif qu’un juif orthodoxe », ont-ils décrété mardi. Auparavant, la Cour suprême avait déjà reconnu la validité des conversions réalisées en Israël par les courants réformé et conservateur du judaïsme.
Notons qu’il y a en Israël quelque 300’000 immigrants de l’ex-Union Soviétique qui ne sont pas des juifs selon la halakha (ou halacha) mais qui pouvaient immédiatement jouir dès leur arrivée de la citoyenneté israélienne en vertu de la « Loi du retour ». Ces immigrants russes, biélorusses ou ukrainiens ne sont pas reconnus comme juifs par le Grand Rabbinat d’Israël, car pour lui, ne sont juives que les personnes nées d’une mère juive ou converties selon le rite orthodoxe et les prescriptions de la halakha.
L’Etat d’Israël a décidé d’utiliser les conversions pour aider à mieux intégrer culturellement et spirituellement ces « non-juifs ». La Cour suprême a estimé que convertir au judaïsme réformé un non-juif atteint ce but d’intégration de la même manière que de le convertir en juif orthodoxe. Jusqu’à maintenant les rabbins non orthodoxes sont discriminés financièrement par l’Etat.
Selon la même logique, si les communautés orthodoxes reçoivent une subvention de l’Etat pour construire des synagogues et des mikvaot (bains rituels), pourquoi n’en serait-il pas de même pour les juifs réformés et conservateurs, estime la Cour. Notons que la grande majorité des juifs en Israël et dans le monde ne s’identifient pas au judaïsme orthodoxe. Aux Etats-Unis, où il y a le plus grand nombre de juifs après Israël, les juifs réformés et conservateurs dépassent de loin le nombre de juifs orthodoxes.
Le jugement de la Cour suprême d’Israël a attiré l’attention de l’Etat – qui jusqu’à maintenant privilégie les orthodoxes – sur cette réalité qui leur donne un monopole sur les subventionnements étatiques en Israël. Les orthodoxes contrôlent également le Grand rabbinat d’Israël et ont une grande influence politique grâce à l’existence de partis religieux de leur obédience. (apic/haar/jpost/be)
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