Vente d’églises, phénomène caractéristique de l’ère post-moderne

Québec: Une des plus belles églises de Trois-Rivières a été vendue

Trois-Rivières, 29 mai 2009 (Apic) Le Québec, autrefois forteresse catholique, a changé de visage dans le sillage de la « Révolution tranquille » des années 60, modifiant ainsi radicalement la place occupée par l’Eglise catholique dans la société. Depuis un certain nombre d’années, il est fréquent de voir de telles annonces immobilières dans les médias de la Belle Province: A vendre: église catholique. Prix demandé: 500’000 dollars. Pour information, s’adresser au diocèse de X.

Ces dernières décennies, les Québécois ont tourné le dos à la religion et les catholiques pratiquants ne sont plus que quelque 5 % aujourd’hui…contre 80 % dans les années 1960. Encore 25% des Québécois âgés de plus de 15 ans allaient une fois par mois à l’église entre 1999 et 2001, selon Statistiques Canada. L’Eglise catholique est forte d’un patrimoine immobilier considérable, dont elle ne peut plus assumer les charges: dans la région de Montréal, surnommée la ville aux cent clochers, on dénombrait 468 lieux de cultes construits avant 1975, et dans tout le Québec, on en a plus de 2’750 inscrits à l’inventaire national.

L’abandon par les paroissiens, le manque de moyens financiers pour les entretenir et les faire fonctionner et la pression immobilière se conjuguent pour rendre la situation de nombreux lieux de culte plus que précaire. Avec le risque que disparaisse aussi tout le mobilier qui s’y trouve: vitraux, orgues, oeuvres d’art, archives, vêtements liturgiques. Ce patrimoine religieux est menacé. Les paroisses, unités de base du territoire québécois, sont remodelées, élargies, renommées, tandis que les églises sont vendues, reconverties ou démolies.

Depuis une décennie, l’archidiocèse de Montréal s’est départi d’une bonne trentaine d’églises. C’est ainsi près de 10 % du patrimoine qui a été cédé à des organismes religieux, à des groupes communautaires, à d’autres Eglises, voire à des privés qui les transforment en appartements (dits « condos »).

Des églises transformées en garages… voire en bars

Parmi les exemples de reconversions, on peut noter celle de l’église Saint-Marie-Marguerite, à Magog, fermée en 2007, qui va être reconvertie en bibliothèque en 2010. A Sherbrooke, le restaurant l’Olive bleue a été construit dans une ancienne église. L’ancienne église du Christ-Roy, à Sherbrooke, est depuis avril dernier reconvertie en centre d’escalade. A Sherbrooke encore, l’église Notre-Dame-du-Rosaire, qui a fermé ses portes en 1995, a été transformée en salle de spectacles, « Le Vieux clocher de Sherbrooke ».

A Rimouski, une église du 19e siècle est devenue le Musée régional de Rimouski. L’église Saint-Jean-Bosco, à Montebello, va devenir un théâtre. Dans le quartier Saint-Roch, à Québec, l’église Saint-Jean-de-la-Croix a été transformée en « condos ». Si les exemples de reconversions sont multiples, certaines ne sont pas très heureuses: garages… voire bars!

A Trois-Rivières, l’église Sainte-Cécile située dans le quartier du même nom, l’une des plus belles de cette ville qui fête son 375e anniversaire, est sur le point d’être vendue à Spect-Arts, pour devenir une salle de spectacles. La transaction, qui reste à être approuvée par l’évêque, a été unanimement votée par les membres de la Fabrique d’église et également unanimement par l’assemblée des paroissiens, la semaine dernière. Mgr Martin Veillette, évêque de Trois-Rivières, doit encore consulter deux comités spéciaux avant de rendre sa décision finale qui est attendue d’ici un mois.

A Trois-Rivières, l’abbé Louis Trahan assure que des promoteurs se sont aussi montrés intéressés aux églises Saint-Philippe et Saint-François-d’Assise mais que ces dossiers, entre les mains d’un agent immobilier, sont moins avancés. « Disons qu’on fait nos classes. On en a refusé des projets farfelus! Mais en confiant l’église Sainte-Cécile à une corporation de cette nature, on s’assure que la vocation de l’église est protégée pour au moins 10 ans (qui est le délai alloué pour payer l’immeuble). C’est un bon immeuble, bien entretenu. C’est une belle conclusion, je suis très heureux. Tout devrait être terminé avant mon départ à la retraite, le 30 juin ». (apic/rvm/com/be)

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