Suisse: Pèlerinage diocésain au Ranft et à Einsiedeln
De Pascal Bovet
Fribourg, 10 juin 2009 (Apic) Le pèlerinage au Ranft et à Einsiedeln du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg aura lieu les 18, 19 et 20 août prochain, en car ou en vélo pour les jeunes. Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire à Genève en sera le prédicateur et président. Un nouveau directeur diocésain a été nommé en la personne de l’abbé Roberto Pellizzari, qui succède à l’abbé Michel Suchet.
Cette tradition, d’aller en pèlerinage perdure mais perd de sa vigueur: non pas que les fidèles se déplacent moins, bien au contraire, mais les déplacements se privatisent quand la voiture remplace le train ou le car, estiment les organisateurs, dans un communiqué publié le 10 juin.
«Aller aux Ermites…», c’était l’expression pour désigner ce pèlerinage bien suisse, vers un lieu qui n’est pas un centre économique, ni politique. Retour dans l’histoire.
Ce pèlerinage a pourtant d’une longue tradition qui remonte pour Einsiedeln au 7e siècle, rappellent-ils: « Des moines établis à Einsiedeln meurent par violence. Ils avaient eu le temps de bâtir une chapelle pour abriter une image de la Vierge Marie. Un illustre monastère bénédictin l’abrite encore aujourd’hui et est devenu un lieu de vénération mariale de portée européenne ».
Le temps des Croisades avait mis à la mode le pèlerinage à Jérusalem, au tombeau du christ. La première année jubilaire, célébrée en l’année 1300 invite les fidèles à se recueillir au tombeau de Pierre et Paul à Rome.
Au 15e siècle, les troubles politiques après les défaites de Charles le Téméraire qui s’intéressait d’un peu trop près à la Suisse du moment, met en évidence Nicolas de Flüe. Cet ermite retiré au Ranft était très attaché aux pèlerinages d’Einsiedeln. Reconnu pour sa sagesse il jouera un rôle important dans la paix retrouvée. Une nouvelle raison de se mettre en route, d’aller aux Ermites est offerte.
Un symbole de spiritualité
Au siècle suivant, la Réforme a récusé cette pratique «nuisible» pour Luther, «vaine, folle et impie» pour Calvin. En réponse, le concile de Trente confirme les bienfaits des pèlerinages tout en condamnant les excès qu’ils peuvent entraîner.
Conséquences de la réforme: la confessionnalisation des cantons. Au coeur des cantons restés fidèles à la tradition catholique, les Ermites deviennent un symbole de fidélité et de spiritualité exprimée visiblement. Les pèlerinages vont canaliser ces besoins variés et complémentaires: regrouper les forces et les signifier, répondre aux souhaits centrés sur la personne ou ouverts à la communauté humaine. Combien de fidèles ont ainsi pris d’abord la route, puis le rail pour se rendre aux Ermites comme à un rendez-vous régulier. Les paroisses et même les diocèses favorisent ces manifestations annuelles et les organisent.
L’intérêt pour les Ermites a été amplifié par les deux guerres mondiales. Le message et l’exemple pacificateur de Nicolas de Flue s’est répandu en Europe. Sa béatification après la 1ère guerre mondiale et sa canonisation après la 2e sont significatives.
Retourner aux sources
La particularité des Ermites réside dans la combinaison de deux lignes d’intérêts. Avec tant d’autres lieux possibles les Ermites accueillent les souhaits, voeux ou prières et également l’action de grâce, la reconnaissance, par l’intermédiaire de Marie. La tradition des ex-voto l’illustre bien. La dimension personnelle de la vie chrétienne dans la grandeur comme dans sa misère trouve grâce devant Dieu.
Le Ranft, avec Nicolas de Flüe, met en évidence la dimension communautaire ou «politique»: la paix, comme bienfait pour l’humanité. Il est considéré comme le veilleur. Le fait de vivre ensemble dans la différence confessionnelle, politique, économique, culturelle n’a jamais été facile. Le message de Nicolas nous y rend attentifs.
La tradition des pèlerinages diocésains marque ce désir des fidèles de ce pays de retourner aux sources de tant de grâces, précieuses, personnelles et communautaires. Les commodités actuelles permettent à beaucoup de faire en partie cette démarche individuellement, en voiture, en un jour même. Cela ne manque certes pas de valeur, mais un pèlerinage diocésain est une chance organisée et voulue de se couler dans ce courant de grâces au profit de chacun des fidèles, pour leur bien être spirituel et leur place dans la société en quête de paix. (apic/com/pr)
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